Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 14 mars 2010

Je est Il

Ou bien je et il... ?
Etrange cette manière de parler de soi à la troisième personne.
Ne pas dire "je".
Ne pas se nommer.
Pour parler de soi au quotidien, se présenter...
Si le "nous" doctoral semble curieux à certains, ce "nous", pour ne pas se nommer, semblant impliquer d'autres que "je", où on se demande toujours avec malice "mais qui sont donc ces autres là ?" ce "il" pose quelques questions.
En dehors de toute dépersonnalisation due à un état pathologique ou psychique, on peut s'interroger : Pourquoi ce "il"
Qui est -il ? Je ou non ?

Est-ce une manière de prendre un certain recul, de mettre une distance entre le "moi "profond, intime, ce "je" et le "je" l'autre, celui donné à voir, à entendre, livré à l'autre.
Ce je extérieur à soi, ce "je" presque théâtral, personnalité publique, un peu du dedans qu'on projete et expose au dehors... Mais pas tout à fait ?

Une projection ? Une mise à distance ?
"Je" ne s'implique pas, mais implique alors un autre "je", ce fameux "il".
Cette troisième personne du singulier, une singularité particulière du sujet. Ce sujet qui s'expose, qui ex pose..."Je" est un autre. Cet autre :"Il"
Et cet autre "il" n'est pas "je", "je" n'est pas "il"
Je et il et il et je....Qu'est ce que cela donne ?

L'un et l'autre, mais pas l'un n'est pas l'autre
A n'y rien comprendre ou pas grand chose, une confusion souhaitée, et entretenue ?

Mais ce recul nécessaire ? Pourquoi ?
Pour se protéger du regard de l'autre, de l'avis de l'autre, de l'autre tout simplement..
Ne pas dévoiler, dévoiler ce je, et mettre en avant ce il, qui laisse un peu de liberté au je qui se cache, qui s'aventure à petit pas, sans bruit dérrière le masque ?

Se protéger de il et des ils...?
Je ne se montre pas, ou à demi. Protégé par ce il qu'il met en première ligne, qu'il envoit au front en assurant ses arrières. Sans gaspiller toutes se munitions ?

En thérapie cognitive, il est primordial que le sujet se nomme, dise "je" en parlant de lui. "Je"
Qu'il parle de lui à la première personne du singulier, je fais ceci ou cela, je pense que...je crois,je fais, je suis, j'ai...S'impliquant, lui, je, sa personne, affirmant son identité, sa personne, sa confiance qu'il a en lui;
S'impliquant lui, pas les autres, signant son attitude, son comportement... je et pas il,
Lui, ce je sujet singulier ce je parmi les ils, parmi les autres, ce je qui justement le distingue des ils.
Ainsi suis-je. Moi, sujet singulier..Je suis bien le sujet qui vous parle, qui vous demande, et c'est bien à moi, ce même je à qui vous vous adressez.
C'est vrai que ce "je" est parfois bien difficile à poser, à nommer, à dire, à exprimer, à identifier
je suis un sujet pensant, je n'est pas il, je suis responsable de ce que je dis, désire, exprime, aime,
Je ne clive pas je en un autre, qui fait, qui agit, qui pense
Qui alors est responsable de ce il ?
C'est une histoire de fous, et on ne sait pas si bien dire....
"Mais madame, le sujet ne peut pas dire "il " en parlant de lui, ça ne veut rien dire" me dit un jour un élève plein de bon sens...Et pourtant !
Car ...
Il s'agit bien du "je" qui s'allonge sur le divan, rencontre le thérapeute, l'analyste pour....
Ou bien s'agit-il d'un "il" qu'il traine dans le cabinet de l'analyste, du thérapeute... ,
Il s'agit aussi du "je" qui rédige un CV pour postuler à un emploi, ou ce je vante t-il les mérites d'un "il" qui possède toutes les qualités requises....
Je suis... Et je n'est pas un autre,mais bien le sujet qui.... Parle, pense, écrit, aime, pleure,souffre, éprouve des émotions, est heureux....
Je se décline à l'infini
Je est Je et n'est pas un "il" qui le distancie de ce qu'il est vraiment, de ce qu'il est intiment
Je... pour ne faire qu'un.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.

samedi 13 mars 2010

Accompagner... La mort.

Cette idée d'accompagner la mort apparait quelque peu choquante, voire incongrue, déplacée.
C'est peut-être le mot "accompagner" ? Peut-être ?
Accompagner ? On imagine une sympathique promenade, un aller et retour, un cheminement paisible...
Mais là ?
Je lis dans un article du monde (en lien) "la mort pourrait être mieux accompagnée en France"
Et ailleurs ? Mais ce n'est pas ici l'objet, la question.
C'est sûrement la formulation, car il y a bien quelque chose qui cloche !
Mais au delà de la forme, de la syntaxe, c'est peut-être un autre ordre, ou désordre
La mort, c'est sûrement ça, tout simplement, l'idée de la mort, à l'hôpital ou ailleurs. La mort. Car si elle est la seule chose, le seul devenir dont nous pouvons être absolument certains, elle est aussi le seul avenir qui effraie à ce point.
L'inconnu, la fin... L'ultime voyage.
La mort, aucun retour possible.
Mourir avec un seul "r" corrigeait ma mère, "car on ne meurt qu'une fois !"
"On est mort pour de vrai", comme disent les enfants. Et pour répondre à la question d'un petit garçon "dis le mort il va revenir ?" seul le non, un non définitif, sans appel convient !
J'ai souvent écrit sur la mort, la mienne un jour, celle de mes proches, celle que j'ai rencontrée, souvent, trop souvent, dans ma vie, personnelle, et professionnelle. La mort, celle qui hante, la mort de voir mourir trop, trop souvent…
J'y ai été confrontée très jeune, très tôt, trop peut-être. Cette froideur, cette solitude....La perte de la vie, la perte de l’autre, la perte. Pour toujours, pour jamais.
Alors peut-on l'accompagner ?. Question mal posée. Peut-on accompagner le mort, enfin le futur mort, puisque pour ac compagner, faire ce bout de chemin là plus ou moins long, il faut qu'il soit encore vivant. Pas encore mort...
La partie est faussée d'avance, je le sais, je l'ai trop vu. Du côté le vivant, le bon vivant et de l'autre le mort-vivant qui va bientôt être un mort mort, un défunt...Qui va bientôt partir définitivement, quitter la partie pour de bon pour ne plus jamais y revenir.
End game !
Etre là tout près, pour que l’autre, qui va mourir, se sente moins seul, moins seul avant de passer, moins seul pour passer, tout seul finalement, de l’autre côté, dans cet ailleurs inconnu, d’où personne n’est jamais revenu.
Etre présent à ce moment là. Où celui qui reste est quitté, à tout jamais.
Etre présent, près de cet autre qui passe pour ne pas se sentir seul
Seul, le mot est làché ! C’est là, seul, car on est toujours seul, avec les autres, avec soi même. Le propre de l’homme est d’être seul, face à lui-même, encore, face à son être seul, et ce n’est pas simple, c’est douloureux parfois, et ce jour là, peut-être davantage
Alors accompagner : Illusion ?l
Car c'est bien là que ça coince "l'accompagnement".
Deux compagnons ou plusieurs accompagne (nt) un autre compagnon, quelle drôle d’accompagnement que celui là !
Si on se joint à l'autre pour aller là où il va..en même temps que lui.
Un des deux n'y va pas....Un des deux y va, l'autre pas.
Il y en a qui y va, l’autre pas. Et celui qui n’y va pas, le sait dés le début. Trucage ?
Celui qui accompagne n’ira pas de l’autre côté, du moins cette fois, il lui faudra attendre encore un peu, un autre l’accompagnera peut-être ? Qui sait ?

C'est bien en ce sens que la partie est truquée. Qu'il y a mal donne, qu'il y a méprise
C'est là ce quelque chose qui cloche. Cet abus de langage.
C’est plutôt la mort qui nous accompagne à chaque instant. Compagne invisible, elle ne nous quitte pas, nous mène inéxorablement vers l’ultime moment, elle est là, toujours, jusqu’au bout. La plus fidèle des compagnes ! Celle qui nous trahit le moins ?

Voir mourir n'est pas simple, surtout quand on est l'unique et le dernier témoin. Voir mourir laisse des traces, qu'on le veuille ou non, qu'on se le dise ou pas !
Voir et laisser mourir, c'est peut-être ça ?
Mais il parait que l'homme tient à la vie, à sa vie ? Mais celle de l'autre ? La vie de l'autre ?
Y tient, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ?
Vivre et laisser mourir l'autre, dans la dignité ? Meurt-on dignement ?
C'est quoi être digne devant la mort, peut-on être lâche enfin pour tout lacher une bonne fois pour toutes ?
Voir une vie s'achever dans la douleur, la souffrance, l'acharnement des machines qui maintient cet autre là dans un semblant de vie, pour que cet autre, accompagne, reste là. Encore un peu, encore... Un bref instant, le dernier, s'il a la chance d'être là. L'autre reste..
Et restera une fois que... L'autre sera parti, enfin ! Pour lui. Qui sait ?
Car là est bien la question : Qui sait ?
Et qui sait quoi ? Qu'y a t-il à savoir...
Qui sait s'il veut mourir et comment ? Et quand ?
Laisser mourir alors ? Ce n'est pas dans la culture, dans cette culture où tout doit être mis en place pour faire "tout ce qu'on peut' au risque de laisser vivre parfois
Accompagner, l'autre,
Pour qu'il ne meurt pas tout seul, qu'il parte avec quelqu'un à ses côtés, plus rassurant ?
La belle affaire !
Comme on accompagnera au cimetière, sa dépouille, son cercueil, jusqu'à sa dernière demeure comme "ils disent"
Famille et amis seront là...Pour qu'il ne soit pas seul, encore une fois, ça ne se fait pas.
Pourtant combien de morts dans la solitude ? Dans la solitude des hôpitaux, des services de soins spécialisés, palliatifs, cliniques, de morts seuls à domicile, aux portes des centres hospitaliers, dans la rue, "comme un chien" me dit un jour un de mes patients à propos d'un de ses compagnons d'infortune
La mort accompagnée ?
Alors on accompagne, on essaie de rendre la mort plus douce (comme s'il y avait de la douceur dans la souffrance, dans les états semi comateux et morphinesques) on triche, on tente de rendre la mort plus humaine, plus acceptable, plus présentable.
Mais pour qui ?
Car là est bien la question, la question essentielle, cruciale, fondamentale...
Pour celui qui part ?
Pour celui qui reste ?

B.D. psychanalyste, psychothérapeute, historienne

* Pendant de longues années j'ai exercé mes fonctions auprès de mourants, de leurs familles. J'ai été là, présente, offrant un espace de paroles, de mises en mots ou en silence, de mises en pleurs.
J’ai rencontré trop souvent celle-ci, au hasard des couloirs de la vie, la mienne et celle des autres, elle m’a pris, et m’apprit tant !.
La mort n'est ni douce ni belle. Pourtant elle est.
Mon unique souci pendant toutes ces années et encore aujourd'hui est de comprendre cette relation singulière que nous avons à la mort, à cette fin, ou à cet autre commencement pour certains
Je ne suis pas croyante, personnellement je pense qu'après il n'y a rien... Mais je n'en sais rien, alors ? Qui sait ?

mardi 16 février 2010

Al z ailleurs

Ailleurs...
Ce n'est pas seulement une impression, mais presque une réalité.
Une sorte d'autre ailleurs
Une curieuse, étrange rencontre

Lorsque je travaillais à l'hôpital, je rencontrais souvent des personnes âgées, malades de l'âge le plus souvent "de vieilleries" me disaient-ils en souriant tristement
Et je rencontrais aussi ces patients atteints de ce mal de l'oubli, de ce mal qui ne guérit pas, qui plonge dans les ténèbres de l'oubli.
Eux et leurs familles... Je ne sais ce qui était le plus difficile, pour qui c'était le plus difficile, eux, ou leurs proches, eux si lointains de leurs proches. Leurs proches si désemparés, si loin !
Proches ?
Qui ne comprenaient pas.... Cet éloignement là.
L'oubli, des choses, présentes, l'oubli du présent. Des choses élèmentaires...
Ne plus savoir ce qu'il faut faire, comment manger, se laver, s'habiller...
Terrible que cela !
Mais terrible pour qui?
Un ailleurs alors, un monde étrange, étranger, pour nous, pour eux.
Quel monde ?
L'oubli de soi, des autres, de là, de la vie, ne plus être... En vie !
Yeux hagards, décharnés, teints blafards...Ils étaient là, allongés, sanglés sur un lit ou sur un fauteuil pour ne pas errer dans les couloirs, s'échapper, "se mettre en danger"
Vingt ans plus tôt ces mêmes patients étaient internés dans les services psychiatriques destinés aux "patients chroniques" car leur entourage ne pouvaient les garder à domicile. Ils auraient pu mettre le feu, faire "n'importe quoi....' qui les aurait mis en danger... eux et les autres
Je n'oublierai jamais ce vieux monsieur, que sa femme me confia, jeune stagiaire il m'appartenait alors de "faire l'admission"
"Démence précoce"... Détérioration temporo spatiale...
Comme cet entretien fut difficile pour moi, je devais ravaler mes larmes... Je n'oublierai jamais !
Le "vieux monsieur" parlait d'une manière incompréhensible, usait d'un langage inconnu, ne reconnaissait plus son épouse, était devenu agressif .
"lui, si gentil"...."si vite" me dit-elle... Démunie, tremblante, épuisée, elle ne savait plus. Le médecin de famille avait signé les papiers...
Et j'ai vu ce vieux, gentil monsieur se dégrader comme on disait alors, vite, vite, physiquement, psychiquement
J'ai écouté cet oubli, ce désarroi. Ecouté, car je ne pouvais rien, ni dire, ni faire
Impuissants que nous sommes devant cette misère là !
Vingt ans plus tard, le scénario est le même, on ne parle plus de démence précoce. La médecine dispose maintenant d'un terme plus savant, scientifique, un peu moins angoissant !
Pourtant....
Je reconnais les visages épuisés, tristes, vidés de ces proches harrassés par le conjoint qui "perd la tête'... Ils ont tout fait, pour "le garder à la maison" Mais ...
Il ne reste plus alors que l'hôpital, général, (car la psychiatrie, j'ai envie de dire malheureusement, en ce qui concerne le temps, la formation des personnels, plus à même de ces prises en charge là) s'il est souffrant...
Puis "une maison" disent-ils pudiquement, en s'excusant de ne pouvoir tenir, de ne pouvoir faire cet effort là, au détriment de leur santé, de leur vie, de leur existence à eux;..
Ils cherchent alors à se justifier, à s'excuser..


Comme si..
Pourtant ?
Qui pourrait se donner le droit de juger, de condamner...
S'engage alors souvent une lutte sans merci entre les services médicaux, sociaux, le psy, la famille...
Rendement, prix de journée, lit à vider, manque de place, pas de service à domicile disponible...
On fait quoi ?
Leurre que tout cela... Car on n'oublie presque le patient, lui, celui qui a oublié
Oublié l'oubli...
On oubli qu'il est toujours là, même si lui ne sait plus vraiment, ne sait plus non plus ce qui serait bien pour lui. Ce libre arbitre qui lui a été confisqué !
Peine capitale !
Il faut alors décider... Le "mettre quelque part" le placer, comme on place un objet dont on ne veut plus, qui ne sert plus.. A rien...
Placement ! Ce mot me faisait tellement horreur, que je le reprenais à chaque fois lors des réunions, entretiens....
Mais comment dire ?
Orientation ? Hébergement ?
Manier habilement l'euphémisme, se rassurer avec les mots, ne pas vraiment dire encore, une réalité affligeante, consternante, mais qui ne se peut être autre, autrement
Souvent, les soignants, je l'ai écris déjà, exigent des familles, des proches des attitudes invraisemblables, car il faut "faire une sortie" "vider les lits"... Les invitant alors à reprendre le patient au domicile
Ce qui ne s'avère pas possible, du moins durablement. Peu de choses, sinon rien n'est prévu pour ça, l'hospitalisation à domicile étant un mirage, si ce n'est une illusion
Ainsi, l'ailleurs, un autre lieu devient nécessaire, indispensable pour chacun. Pour le repos de chacun, la sécurité de chacun
Ailleurs... C'est aussi priver de ce qui reste, un peu, qui ne s'efface pas totalement, ce qui revient de temps en temps... Un bref instant.
Illusion encore, espoir pour cet autre, qui croit, qui se voit reconnu, un peu
Souvenir..
Et puis l'espoir s'évanouit comme la mémoire, les yeux embués de larmes on voit disparaitre dans cet endroit étrange et étranger celui ou celle qui fut le compagnon ou la compagne de ces années là.
Il ne reste plus rien, des souvenirs, et le regard. Le regard lointain, étrange, étranger à lui même et aux autres, vide, mais pas tout à fait, de celui qui a tout oublié ou presque...

Je est non seulement un autre, mais il est ailleurs...
All Zheimer !

A eux, qui sont, ont été, et seront encore....A leur famille, proches, amis..

Cougar ?

Cougar, chasse, chasser....


A faire bondir les féministes
Les femmes en général !
Peut-être ?
Peut-être pas...

Cougar... Félin splendide, splendide prédateur...
Alors ?

Cougar..... ?
Pour désigner ces femmes (encore elles !) qui osent braver ce qui n'est pas explicitement un interdit, mais quelque chose qui dérange !
Ces femmes (toujours elles) qui osent aimer, avoir une liaison avec un homme (ouf disent certains et certaines) plus jeune qu'elle (quand même ! ajoutent ces mêmes)
Ainsi va la vie....
Manque évident d'élégance !

C'est un article lu hier à propos d'une vedette qui me fait réagir !
Une femme amoureuse... et qui s'affiche avec un homme de "beaucoup d'années son cadet'"
Elle ose !
Mais le plus consternant sont les commentaires générés par ce billet
Des mots émanant pour la plupart de femmes, d'autres femmes, qui jugent, ironisent, se moquent, critiquent véhément, condamnent complétement
C'est honteux écrivent-elle, "cette vieille qui s'amourache d'un jeune homme" "d'un garçon qui pourrait être son fils ! "
Nous y voilà, vraiment... C'est donc là que ça coince.. Une femme qui pourrait être la mère de l'homme de sa vie !
Aie aie aie..
Cette situation est rendue incestuelle donc insoutenable, irreprésentable
Une femme avec un homme qui a l'âge (soit disant?) d'être son fils.
Nombreux sont ces commentaires à ce sujet là. Combien de fois j'entends ça !
Il n'est pas pensable, pas représentable, correctement envisageable qu'une telle différence d'âge puisse exister... Cela heurte à ce point les esprits. Ce n'est pas dans l'ordre du possible
Pourtant ces situations existent ailleurs que dans les rubriques people des journaux. Dans la vie, courante, celle de tous les jours....
Les regards sont là aussi... Les commentaires tout aussi désobligeants. Une femme qui ne pourra pas être mère. Etre la mère d'un enfant avec cet homme là qui pourrait en revanche être son fils. Qui ne pourra plus être mère, car elle est trop vieille.
Mais trop vieille pour quoi ? Pour être mère ! Mais pour aimer, y a t-il un âge socialement correct pour aimer un homme, une femme ?
Combien de remarques souvent ironiques, voire cyniques ais-je entendu à propos des relations amoureuses des personnes agées. De ces "vieux" qui tombent amoureux, qui vivent à leur age une histoire d'amour.
Quelle chance ils ont ! Et comme ils sont heureux ! Comme ils rayonnent d'avoir trouvé un compagnon, une compagne pour continuer la route, encore un peu !
Idées reçues, clichés, envie...
Qu'est ce qui se cache derrière cette attitude de dénigrement, de mépris, de méchanceté..
Quelles pulsions réfrénées ? Quels désirs inavoués ?
Là...

mercredi 10 février 2010

Troubles


Refuge ?

Elle a passé sa vie sans vraiment être là, un peu là. Un peu ailleurs, réfugiée dans des souvenirs, les siens.
Elle a passé sa vie parce qu'il fallait bien le faire, bon an, mal an, comme ça, comme si elle attendait quelque chose, sans vraiment savoir quoi.
Elle est restée là, un peu d'elle même figé, fixé dans ce passé là, dans cet ailleurs là qui était bien, mieux, qui aurait du être : si...
Dans un ailleurs vrai, bien réel, loin en distance mais proche en son coeur. Un autre lieu, celui où elle est née, mais qu'elle a quitté, un jour, pour ?
Elle ne sait plus très bien
Elle aurait du pourtant le quitter cet ailleurs là, pour un autre, bien plus lointain
Mais elle ne l'a pas fait

Pourquoi ?
Pour qui ? Plus justement, exactement, pour ceux qui ne voulaient pas qu'elle parte, pour eux, pour ces mêmes là qui voulaient la garder, là, près d'eux, parce que...
Ils pourraient peut-être avoir besoin d'elle, un jour, qui sait ?
Mais eux, semble t-il savaient
Alors elle n'est pas partie dans cet ailleurs là, n'a pas franchi cet océan immense qui l'aurait emmenée loin, de l'autre côté.. Elle est restée, elle s'est résignée .
Résignée, c'est sûrement le mot, qui résume toute son existence, résignée, et pire encore pour expier ce je ne sais trop quel désir, quel rêve qu'elle avait au fond d'elle même, elle s'est punie, toute sa vie.
Punie, sacrifiée, sans se plaindre pourtant, sans un mot, jamais.
Une colère sourde pourtant, une colère profonde, intérieure, une douleur, une écorchure, une plaie béante, impossible à refermer... Au fond de son être, de son âme blessée, écorchée vive.. Au fond de son coeur...
Son regard triste, lointain restait lui aussi figé dans des souvenirs, ceux d'une jeunesse lointaine, d'une insousciance où tout semble possible, il suffit de vouloir, vouloir vraiment

Cette jeunesse là qui sourit, qui regarde et vous dit "Vous allez voir"
Nous n'avons pas vu, nous n'avons rien vu, et n'avons été que les tristes spectateurs d'un spectacle qui s'est achevé dans la douleur.

Une tragédie que cette vie là,
Une vie passée sans vraiment voir, regarder, sentir, aimer...
Une vie passée pourtant
A expier les fautes passées, celles de les avoir rêvés, d'avoir révé sa vie, une autre vie ailleurs, loin, très loin
Alors, puisque cet ailleurs là n'a pas été possible, advienne que pourra, peu importe
C'est comme ça que la vie s'écoule, coule dans des veines qui n'ont guère besoin de ce sang là, qui n'ont guère besoin..
La vie est triste après tout, alors ! Faisons comme si.

Courbons l'échine, rangeons au fond du placard, bien tapis au fond des armoires, ces souvenirs là, ces promesses de bonheur là pour soi, car on ne les partagera pas, qui comprendrait ? Qui en voudrait ?
Personne.
D'ailleurs elle n'a aucune envie de partager, de dire, d'échanger, de donner, de parler, elle n'a aucune en vie


Seule au monde peut-être pas ?
Mais à quoi bon, à qui donc se raccrocher
Toute la vie est un chemin semé d'embûches, de cailloux, qui ne permettent pas de retourner sur ses pas, sur les pas du rêve, de la liberté, de la vie, de ce qu'elle avait esperé.
Elle a continué, malant, bonant... tout doucement
Son seul refuge fut sa solitude, la haine de l'autre ? Peut-être pas ?
Puis petit à petit... un nouvel espoir

Celui du bout du chemin, cette route qui bientôt s'achève, bon an, mal an
Alors tout doucement, l'oubli est venu, pas celui d'hier, ni d'avant hier, mais l'oubli d'aujourd'hui, de ce maintenant, de ce présent là qui s'est passé. D'un présent, qui n'était pas le futur rêvé.
Oubli de ce présent là, pour enfin pouvoir vivre vraiment l'hier.
Enfin !

Doucement elle s'est donné le droit de l'oublier ce présent là, ne reconnaissant plus "ses proches" puisqu'ils n'existent pas, et n'auraient pas été, si ce passé rêvé avait existé
Doucement elle s'est glissé dans cet oubli là
Ultime refuge, enfin !
Un peu de paix dans ce destin troublé, dans cette tragédie de la vie..
Un droit à l'oubli, où elle ne s'épargne pas..
Mon seul regret à moi est de ne jamais avoir pu lui dire que j'avais compris !

A J.
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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