Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 31 août 2011

J.Mc Dougall

Joyce Mac Dougall nous a quitté, je voulais simplement mettre ici en lien l'ouvrage clé qui résume sa pensée.
Une grande dame de la psychanalyse ! Qui continue à accompagner mes réflexions.


http://www.psychanalyse-in-situ.fr/livres/Joyce%20McDougall.html

jeudi 25 août 2011

Qui ne dit mot

Qui  ne dit mot....

C'est une réflexion d’une discussion avec un ami, à propos des allemands. C'est un post que j'écrivis au sujet de cette réflexion là....A propos des camps. A propos de ces moments là... Là bas

S'il est vrai que les allemands et je le souligne encore et encore ne furent pas tous nazis, SS, s'il est vrai aussi qu'ils furent les premiers à être arrétés, à être parmi les premiers dans ces camps de l'horreur
S'il est vrai qu'ils vinrent en France nous dirent, nous mettre en garde (il suffit de relire Hannah Arrendt)

Si tout cela est vrai, il n'en demeure pas moins que....

Lors de mes dernières vacances j'ai relu mes carnets, ceux que j'écris lorsque je voyage, non élaborés, ce sont de simples notes. Pas même des billets.
Voilà celui de .... Lorsque pas très loin de Berlin, nous avons voulu voir...

Mardi 2 juillet 2002

J'ai l'impression de dormir et de ne pas me souvenir de la veille
Nous visitons le camp (Oranienburg). Précisons les difficultés que nous avons pour en trouver le chemin... C'est difficile quand il fait froid. Nous n'avons pas déjeuné, il est assez tôt, 9 H du matin, les enfants dorment encore
Arbeit macht frei..On nous remet un plan, pour comprendre l'organisation du système concentrationnaire
Arbeit macht frei, la devise est toujours là, arrogante, cinglante, cynique
 Sinistre accueil... Sinistre, sombre
Je suis fatiguée, c'est assez différent de ce que j'imaginais, en fait, tout a été dépouillé de tout, difficile de transcrire mes impressions, j'ai du mal à les exprimer, je pensais simplement éprouver beaucoup plus d'émotions
On les a dépouillé de tout, de leur vie, du souvenir de leur vie, de la mémoire de leur vie, pour le présent et le futur
Plus rien, comme s'il fallait effacer toute trace, trace de vie, d'eux, de leur passage
Effacer pour qui, pour que qui ne se souvienne pas, oublie ?
Je ne comprends pas, je suis tétanisée, incapable de penser devant telle horreur, cataclysme, comment cela peut-il être l'oeuvre de l'homme,
J'avance, hébétée, je pense à eux qui étaient là, qui comme moi ont marché là, mais je n'arrive pas, pas à imaginer, j'ai cette impression de rien, de plus rien, de néant, comme si on s'était acharné à gommer, effacer, araser, pour que même plus tard, on en puisse plus voir, entendre.
Un silence et un froid effroyable, je suis mal, très mal, j'avance comme une ombre parmi les ombres, glacée dans cet endroit glacial, sans plus d'âme, dépouillé d'humanité...
je suis mal.
Nous nous dirigeons vers le "musée" ( Gendenstätte und Museum Sachsenhausen) fait par les soviétiques, nouvelle plongée dans l'horreur, ces malheureux ont été "délivrés" par les troupes de Staline ! De nouveaux bourreaux ! Pendant des années encore ! Nous nous rendons au "Barake 38" une exposition est consacrée à l'histoire des déportés juifs. Je me sens mal, très mal.
Comment peut-on imaginer cela, l'horreur et encore l'horreur, tuer la vie, tuer la vie, là où il peut encore y avoir une étincelle, pourquoi ?
Nous sommes mal, nous avons froid...


Relisant ces lignes, je me revois, je revois, tout, comme un film qui se déroule, là, à cet instant sous mes yeux, je pense à ce qu'a écrit mon ami, je pense et me dis qu'il a peut-être raison, qu'il a sûrement raison.. Que quand même !

Alors j'entends notre conversation

Mon mari, qui regarde autour de lui, me regarde et me dit
Quand même toutes ces maisons, tous ces gens, tout... Comment ne pouvaient-ils ne pas savoir ? Comment pouvaient-ils faire pour vivre là. A ce moment là ?
Et vivre ici, à ce moment çi

Ces questions prennent alors toutes leur dimension, toute leur importance.. Tout leur questionnement
Savoir, ne pas savoir, voir, ne pas voir, se taire, ignorer... Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler..
Faire semblant de
Pour...

Et de me rappeler un été, une journée d'été, pas très loin d'Eisenach... Adolescente....Catherine me dit alors.
"Tu sais qu'a quelques Kms il y a Buchenwald ?"
Vivre là, sans le savoir, car personne n'en parle, n'en parlait alors, de ces lieux chargés trop chargés de mémoires, de celles des bourreaux, des victimes et de leurs spectateurs, impassibles et muets, sourds et lâches peut-être. Témoins encore de la honte d'un passé dont personne ne peut-être fier !
D'un passé si simple et tellement présent encore aujourd'hui, d'un passé dont on voudrait faire table rase, pour oublier à quel point l'homme peut-être lâche, peut ignorer ce qui peut-être ne le dérange pas plus que cela, parce que...
Parce qu'il en est ainsi, parce qu'il a peur, pour lui, sa vie et que
Que finalement ce ne sont pas des hommes, des femmes, des enfants qu'on assassine, mais des numéros
Comment peut-on tolérer cela
Comment ne pas voir ces convois, ces trains...
Comment ne pas deviner cette horreur ?
 
Et nous,  qu'aurions nous fait, nous, alors si nous avions été allemands la bas et autrefois ?
Qu'aurions  nous dit ?

Et de me souvenir de ma grand tante, qui refusa alors pendant des années de parler cette langue, qui pourtant...
De me raconter cependant les contes et les histoires dans cette même langue ou sa langue à elle, celui de la victime et du bourreau..
Qu'aurions nous fait alors si nous avions été tout simplement et seulement allemands ?

Mais quand même, qui ne dit mot.... Consent ?

Brigitte Dusch, psychanalyste.

mercredi 17 août 2011

No limit

No limit
Nous parlions de la honte avec une amie, en évoquant l'actualité...
Le sentiment de honte, de culpabilité, pas celui qu'on traine et qui envoie sur le divan, non la honte simplement de ne pas avoir fait, ou d'avoir fait, la culpabilité d'avoir fait, ou ne ne pas avoir fait.
Ce sentiment humain et nécessaire pour vivre, être au sein du lien social, qui fait que la transgression ne s'opére pas.
Parce que.
Parce qu'il y a des règles, un cadre, des limites. A ne pas transgresser, ne pas dépasser, ne pas déborder.
Parce qu'on n'ose pas...
Un cadre de vie, un code de conduite, ce que les psy cognitifs nomment les compétences ou habilités sociales et que le bon sens commun désigne sous le joli nom de savoir vivre !
Savoir vivre tout simplement, apprendre à vivre avec les autres
Je vais t'apprendre à vivre, disaient les anciens aux garnements désobeissants !

Apprend-on à vivre ? A vivre avec l'autre, avec les autres, dans le respect, la confiance, la tolérance.
Sans lui faire ce qu'on aimerait pas qu'il nous fasse.
Respecte t-on toujours sa différence, sa singularité ?
Il ne s'agit pas de morale ou de religion, ni de philosophie, ni de new -age ou autres...Mais seulement de vie, de règle de vie, d'être avec, de lien social !
Apprendre signifie recevoir et accepter une transmission. Encore faut-il que celle ci se fasse,qu'elle ait lieu... Qu'il y ait quelqu'un pour ce faire.
Transmettre l'apprentissage du vivre ensemble, de l'ensemble de ces règles qui "normalisent "le lien social" qui fait du petit enfant "pervers polymorphe" un être social capable d'évoluer au sein du cadre.
le cadre ?

Le cadre est ce qui  permet justement d'élaborer et de maintenir ce lien à l'autre; de vivre avec et parmi, de savoir, ce qui est permis. Ou pas.
Le cadre n'est pas un carcan, une prison, un ensemble de régles auxquelles le sujet doit se soumettre, aveuglement, nous le savoir.
Le devoir est parfois de désobéir, et l'homme, sujet de droit l'a fait quand il lui semblait bon de le faire, l'Histoire nous le montre... Ou pas !
C'est le sujet, l'ensemble des sujet qui instituent ce cadre. Qui en délimite les contours, les règles.
Le cadre est fait pour être dépassé, transgressé parfois, améliorer, certes ! Et heureusement car rien n'est figé, et il se doit de s'adapter à la vie, la société, les moeurs nouvelles
Mais certains interdits restent fondamentaux !

mardi 2 août 2011

Jeanne

Jeanne

Le dernier livre de Jacqueline de Romilly.

Je l'ai lu pendant ce long week end, je l'ai lu, lentement, longuement, en éprouvant tout au long de ce livre, admirablement écrit, un certain mal aise, une certaine étrangeté

De ces mal aises pas vraiment définissables, mais qui sont présents, preignants...
Le portrait de Jeanne, sa mère, nommé Jeanne, toujours au fil des pages !
Une mère racontée par sa fille bien des années plus tard, alors qu'elle n'est plus.

Des souvenirs.
Oui, mais lesquels justement ?

C'est peut-être cette question là qui m'a taraudée tout au long de ma lecture. Et qui suscite cette réflexion, je n'écris pas à propos de chaque livre lu. Je n'envisageais même pas en l'ouvrant que je rédigerai ces lignes...

Alors ?

La question du mal aise est bien entendu essentielle, mais pas seulement, si l'écriture est juste, quoique toujours méliorative on peut se demander ce qui la sous tend.

Il ne m'appartient pas de savoir pourquoi l'auteur a donné ce portrait, celui d'une mère vu à travers les yeux d'une petite fille heureuse, l'histoire d'une relation quasi symbiotique où tout semble parfait, mis en scéne pour que le bonheur de cette petite fille le soit aussi.

Agaçant peut-être parfois ce bonheur là qui a su, a pu, surmonter, traverser les épreuves de la vie mais aussi du temps.

Touchant aussi souvent cette femme vieillissante mère d'une fille qui devenue grande, autonome, connue, n'a plus guère le temps de prendre le temps pour cette mère qui continue à l'aimer, à l'entourer, à être à ses côtés.

Des mots, ses mots, dits simplement, qui nous touchent, nous vont droit au coeur , à nous enfants d'une mère que nous ne voyons plus, ou presque...D'une mère trop loin ? D'un enfant trop loin ?

Attendrissant toujours...

Pas de regrets, de remords, du bonheur et de l'amour, celui d'une mère pour sa fille et d'une fille pour sa mère.

Alors ?

Pourquoi ce mal aise ? D'où vient-il ?

Tant de questions sont soulevées ou pas.... Il appartient au lecteur d'en faire la lecture qu'il veut, qu'il souhaite, de prendre au pied de la lettre ou pas, de s'interroger ou pas...

De lire, de se questionner et de se souvenir, peut-être .

C'est peut-être ça.

J. De Romilly nous livre l'image d'une mère parfaite, ou qui semble parfaite, à nous qui savons que cette perfection n'existe pas, voire qu'elle est impossible.

Une mère présente, attentive, prévenant le besoin, le désir de son enfant, semblant essentiellement vouée à l'existence de cette petite fille pour qu'elle grandisse dans le bonheur, qu'elle traverse les épreuves en étant heureuse !

Une mère qui sait, qui imagine, qui masque, qui fait que le bonheur doit être ! Malgré tout !

Candide ? Le meilleur des mondes ? Nous qui savons, que ce n'est pas possible.

Que nul ne peut égaler Jeanne dans son attention, dans sa vie entièrement consacrée à sa fille , mais pas seulement, plus encore au bonheur de sa fille

Que Jeanne s'avère alors une rivale redoutable.

Une vie toute entière à jouer au bonheur, à cacher la tristesse, à vivre...

Cette impossibilité là peut-être ? Cette difficulté que nous aurions à trouver la faille dans la souffrance pour y inscrire un semblant de bonheur qui à force d'être montré à voir, finit par exister ?

C'est peut-être ça ? Notre capacité de rêves, d'élaboration ?

Jeanne est à chaque ligne admirable, elle travaille, aime, s'occupe de sa fille, coud des coussins et des robes, l'emmène en vacances... E tout cela avec le sourire

J'entends les dents grincer, les dents de ses mères, dont je suis, dont je fus, mes enfants sont grands maintenant, mais quand même ! je ne suis pas parfaite et souvent je n'arrive pas à tout faire ! Encore moins comme et aussi bien que Jeanne !

Le mal aise ? Est-ce parce que Jeanne représenterait le paradigme de la" Mère"
Celle qu'on aurait tous voulu avoir? et que bien entendu nous n'avons pas eu..

L'auteur s'efface toujours, humble devant cette mère qui l'a aimée, couvée, protégée, toujours, sans jamais faillir !

Seule Jeanne, Jeanne au coeur de l'histoire, de la vie, de sa vie. De l'émotion, de la tendresse et de l'amour dans ce récit de vie.

De l'amour, c'est peut-être ça justement, l'amour, inconditionnel ? "Jeanne" - Jacqueline de Romilly - Editions de Fallois - 250 p. - 18 euros
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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