Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

samedi 15 mai 2021

L'alliance de Marguerite




J'étais une enfant et je ne comprenais pas

Je ne l'avais jamais vu pleurer
………………………….

Les larmes de Marguerite
J'étais une petite fille 
et je la voyais désespérée

………………………….

Ses doigts étaient gonflés
Il fallait la lui enlever
L'alliance de Marguerite

Depuis le mois de Juin 1914
Elle ne l'avait jamais quitté
Jamais enlevée.


50 ans ou presque que cet anneau
Avait été glissé à son doigt
Elle qui n'a été marié que deux mois


50 ans qu'il ne lui restait plus que ça
Cette alliance d'or
Ce cercle

Elle avait tout essayé,
Mais il fallait l'enlever
L'amputer de ce lien
Pour qu'elle ne perde pas sa main
son doigt ne voulait pas la rendre
cette alliance d'or 
cet anneau de mariage
cette promesse d'une vie
où l'on ne se quittera jamais
mais on lui avait enlevé
il y a 50 ans déjà 
l'homme qu'elle a aimé, 
et qui lui avait passé 
la bague au doigt
Je me souviens de ce supplice
de cette torture
Cet anneau scié

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo, @brigittedusch

samedi 8 mai 2021

Mourir de vivre




Et nous voilà lentement entrer dans l'obscurité, celle des ténèbres, pourtant nous sommes bien vivants, encore bien vivants : Mais pour combien de temps ? 
Le ciel est tellement sombre que nous nous demandons si nous sommes encore en vie ? Si nous n'avons pas franchi le seuil du grand départ, si nous n'avons pas atteint les rives du Grand Fleuve sans Retour ?

La vie s'étiole, lentement, indiciblement, nous sommes spectateurs et acteurs de cette agonie. La vie s'écoule petit à petit avec un lent débit, quelque chose la ralentit. Nous regardons interloqués, stupéfaits et presque sans voix notre vie, notre propre existence s'échapper, partir au loin sans pouvoir la rattraper.

Le souffle, l'espoir, l'attente, le désir et l'envie nous sont volés. Que reste t-il ?

Il fait sombre en pleine journée, des nuages gris, puis noirs emplissent le ciel cache un soleil pâle qui renonce à se faire une place. Et nous regardons tristement ce spectacle, sans rien faire, car on ne peut pas, nous n'avons plus la force.

Lentement le désir s'en est allé, nous nous laissons submerger, pourquoi résister ? A quoi bon persévérer ? Qui voudrait de cette vie là ? D'une vie au ralenti ? D'une vie qui ne se ressemble pas ? 
Qui avait un jour imaginé ça, même dans nos cauchemars les plus fous nous n'aurions pas pensé que nous devrions vivre tout ça ? 

Mourir de vivre. 

La vie est devenue une mort lente
Infâme torture sans espoir de fin, la seule issue étant de mourir vraiment ?
Qui peut vivre une vie sans soleil, dans une géole à ciel ouvert où tout est interdit

Mourir de vivre

C'est la nouvelle prescription de ceux qui décident pour nous, ceux qui décident qui vivra ou pas, cela a des relents nauséabonds, les mêmes qui nous appellent au devoir de mémoire pour "Plus jamais ça " et qui en redemandent encore et encore. Nous enferment dans des nouveaux ghettos qui ne portent pas leur nom mais dont la finalité est la même
"Mourir de vivre" l'injonction finale pour en finir avec les indésirables que nous sommes et laisser à la population le soin de se déchirer avant de s'exteminer.
Voilà le programme !

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo @brigittedusch

 

mardi 4 mai 2021

Un autre temps



Je suis d'un autre temps, d'un autre monde aussi, et ce monde a disparu tout comme le temps d'avant.
Ce monde et ce temps  ci ne me conviennent pas, je m'y sens étrangement perdue, tous ces bouleversements, ces interdits. Il n'y a plus guère de joie, de rires et de chants, plus personne ne danse dans la rue, ne se salue ne se demande "comment ça va ?".
C'est le temps de la violence, crue, sourde mais bruyante et terrifiante.


La peur s'est installée un peu partout, on se méfie de tout et de tous, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver, le pire sûrement, il n'y a plus de meilleur. On a étouffé le meilleur en nous..

Ce monde devient fou, Il a interdit la vie. 
Il faut y vivre presque secrétement,  sans faire de bruit, passer rapidement en s'excusant d'être là encore en vie, baisser les yeux et  la tête, rester en marge du chemin. Ne pas être vu, trop, on ne sait pas vraiment si on a encore le droit d'être là. La vie n'est plus un droit.

Je suis d'un autre temps, et c'est bien ainsi
J'ai connu les jours heureux de l'insouciance de la vie, des lendemains qui chantaient plus ou moins bien mais chantonnaient au moins, les jours un peu fous nous étions contents de nous retrouver dans des soirées improvisées et parfois un peu trop gaies.
Le temps des jours heureux, des soleils et des lunes ou on refaisait le monde sans vraiment penser à ce demain qui ne viendrait peut-être jamais, mais qu'importe ? 


Je suis d'un autre temps que celui d'aujourd'hui. Je me demande comment nous sommes arrivés là ? A ce terminus, cette voie qui me laisse sans voix car il n'y a pas d'issue. 
Je ne comprends pas ce monde mal, heureux, tiraillé entre "je dois et je ne peux pas" qui conteste tout mais obéit aux injonctions paradoxale,  qui voit le mal partout, alors qu'il est lui même le mal, à l'origine du Mal. 

On ne peut plus sourire, s'embrasser ou se câliner, sans qu'il nous soit prêté la pire des intentions. On ne peut plus s'aimer, ni se désirer. C'est devenu un crime et tout est réprimé, encadré. La loi entre dans l'intimité des foyers et des chambres à coucher. Il n'y a plus de Il, plus de Elle, il faut tout mélanger sous prétexte d'égalité, il faut imposer la mêmeté.
Ce monde se détruit de ne pas comprendre que nous ne pouvons vivre que grâce à nos différences. Etre semblable ne même à rien sauf à la stérilité de la pensée et de la vie.

Ce monde s'acharne à vouloir, demander, exiger, il ne faut plus être  femmes ni hommes, ni l'une ni l'autre mais un peu de tout ça, sans être vraiment ça. On n'est plus vraiment soi puisqu'il faut être tout. 

Il faut, toujours, jamais, on doit C'est le refrain qui vient chaque matin nous rappeler que nous n'avons plus le droit d'être simplement des Humains.

Il faut la haine et le rejet. La méfiance et la défiance, faire croire qu'on est fort et qu'on peut se passer de l'autre : L'autre ce danger. Il faut nous diviser

Non, je ne suis ni de ce monde ni de ce temps et j'en suis fort heureuse, j'aime la vie et les rencontres, j'aime regarder un ciel et le trouver beau, j'aime me perdre dans le bleu de la mer. Non je ne veux pas être de ce monde et de ce temps car je suis au monde et au temps, immortel et intemporel

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map