Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 25 mars 2020

Il y eut l'insouciance



Insouciance, liberté, deux mots qui en cette fin du mois de mars prennent une autre dimension, une autre mesure.
Des mots qui semblaient la plupart du temps, banal, sans grande originalité, faisant pour la plupart d'entre nous partie de notre quotidien, de notre réel.

Mais on ne prend conscience de la valeur de ce qu'on a lorsqu'on ne l'a plus.


Ainsi, insouciance et liberté semblent à présent appartenir à un lointain passé, pourtant pas si loin.
Cette légèreté n'est plus de mise, elle est remisée derrière dans un passé proche, dans un hier dont on se demande si un jour… Un jour, des semaines, des mois..

On se demande, on se questionne, ON. Se "on" c'est nous, nous tous, baignant dans un climat d'incertitude, une vague qui nous prend et nous jette chaque jour, chaque heure devant l'Horreur, la tragédie qui tant de fois a été mise en scène dans les fictions les plus imaginatives et terrifiantes. La fin du monde, le dernier jour, les survivants…

Tout à coup, brutalement ces scenarii deviennent une réalité, et nous explosent en pleine figure. C'est brutal, d'une violence inouïe, c'est un traumatisme terrible, et comment faire face ? Notre instinct de survie, est parfois surprenant mais nous pousse aussi au pire plutôt qu'au meilleur. L'Homme se révèle dans l'adversité, la guerre, et le chaos, nous sommes tous lâches, peureux et morts de trouilles, égoïstes, mais aussi capables de générosité et d'altruisme, si l'on arrive à dépasser sa peur !

La peur toujours elle, toujours présente, ancrée au plus profond de nous et qui ne demande qu'à surgir telle la lave du volcan jamais tout à fait éteint

Alors il va falloir trouver, bricoler, ajuster, pour vivre dans la peur, la peur terrible qui confronte chacun de nous à la pire des angoisses, l'Originelle, celle de la Mort, la nôtre et celle de l'autre. Il va falloir vivre dans la crainte, le déni parfois pour se protéger, faire des actes fous car finalement "à quoi ça sert de rester enfermer puisqu'on ne sait rien ?" Fous, folie...
Il va falloir et c'est le plus compliqué accepter, trouver la possibilité de vivre sans pouvoir donner du sens à ce qui nous arrive, car c'est impossible.
Il va falloir même si on le sait déjà vivre dans le mensonge, le mensonge d'état, pour le bien du Gueux que nous sommes, être spectateur passif devant les clivages et les passe-droit que ces élites s'octroient;

Mais peut-on demander à la populace que nous sommes, à a la piétaille d'être les nouvelles chairs à canon de ces nouveaux Nivelle ? Ont-ils ce droit ?

La rage et la colère ne sont pas bonnes, mais je vais cette fois encore penser à l'ami de mon grand père, à mon père, aux Miens, aux demoiselles H, qui ont bercé mon enfance, ces deux sœurs que Papy étaient allé rechercher il y a bien des années au Lutécia, après la Tragédie.

La rage et la colère sont des jumelles qui permettent de tenir parfois dans les situations extrêmes, car il nous faudra témoigner, car il faudra leur demander des comptes, car il devront rendre des comptes. Tenons bon aussi pour ça.

Prenez soin de vous, chers lecteurs de tous pays qui me lisez, écrivez, témoignez ! Les commentaires sont ouverts et vous pouvez rejoindre le groupe Facebook crée pour se retrouver et parler : https://www.facebook.com/groups/529390241290856/"restez chez vous et parlons ensemble"

Brigitte Dusch, historienne et psychanalyste
Crédit photo @brigittedusch

mercredi 4 mars 2020

Archéologie


Les souvenirs reviennent, sans vraiment savoir pourquoi. Des souvenirs lointains, ceux d'une vie cassée, ceux d'une vie volée, d'un futur confisqué, arraché.
Les souvenirs reviennent, sans trop savoir comment.
Black out. Total. Vide. Parenthèse. Gouffre vertigineux qui n'a laissé aucune trace. Rien. Tabula rasa.
Champ de ruines abandonné, une friche, un urbex. Il ne reste rien ou presque, quelques lambeaux qu'on ne peut assembler, il en manque trop ! on ne peut rien assembler, rien tisser, et ce qui reste est si fragile qu'il peut se casser à nouveau et détruire encore la mince trame qui nous relie à cet avant.
Que faire ?
Laisser tout en état, en état de guerre, une sorte de no man's land où personne n'ose s'aventurer, ni le sujet blessé ni l'autre qui voudrait le réparer.
Et pourtant, il y a eu un ciel, un ciel bleu de la lumière et un soleil, et puis brutalement : plus rien. Tout s'est arrêté, brisé net, cassé. Rupture.
Un trou noir, plus rien, absence. Vide, gouffre, ailleurs, plus rien. Zéro, néant !
Le temps passé ne se mesure pas, il n'existe pas, il n'y a plus le temps du temps ; hier ou tout à l'heure, ça n'a pas d'importance. La mémoire s'en est allée, partie, raptée, disparue.
Elle s'est peut-être enfuie, s'est enfouie au plus profond de cet océan qu'est notre inconscient. Toujours là ? Peut-être ? Il va falloir chercher : Peut-être ou à quoi bon ?
On se demande parfois s'il faut continuer de creuser, s'acharner à trouver, retrouver les brisures et les tessons d'une mémoire fichue, coincés au creux d'une faille ? Mais pourtant s'ils sont loin, plane toujours leur ombre funeste sur notre jour d'hui, notre vie de tous les jours, empêchée, vécue à demi. Nos pas maladroits s'aventurent sur un chemin semé d'embuches, de manques et de trous, qui nous font trébucher.
Marche droit ? Mais ce n'est pas possible, il nous faut alors emprunter des chemins de traverse non pour satisfaire notre curiosité, mais pour nous protéger, contourner le danger. Celui ci est partout, il est où je suis et où je ne suis pas !
Champ de ruines, laissé là, reconstruit un peu ailleurs avec quelques pierres d'avant, de l'histoire d'hier, pour tenter de rafistoler celle d'aujourd'hui, tout en sachant qu'elle s'écroulera demain.
Il y a l'origine, la nôtre que nous avons déplacée, car les ressources ne sont plus suffisantes pour nous y maintenir, ou elle est trop délabrée. Nous avons quand même pu emporter quelques bagages, témoin d'une âge d'or, bribes pas trop encombrantes pour tenter de rebâtir quelques mètres plus loin où l'herbe semble plus verte. Mais les ruines sont là, sont là bas, et ce là bas nous obsède. Il y reste un morceau de soi, abandonné. Mais quoi ?
Les souvenirs partis, ensevelis sous la lave du chagrin et de la souffrance, d'une douleur qui hurle tellement fort que rien n'y fait. Archéologie ? Pour quoi et pour qui ? Resterons-nous alors figés pour l'éternité dans un champ de douleur ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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