Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 19 janvier 2020

Broken down



Au début il y a une fissure, une sorte d'exfiltration des mots et des souvenirs, une impression d'oubli, de vide et de trou, il y a la fissure
Et puis il y a l'effort, pour essayer de se rappeler, de se souvenir ou simplement de se demander, pourquoi on est là, à cet endroit, ici mais pas là ?
Il y a ensuite la fêlure, où plus grand chose ne s'articule, mais se disloque plutôt, un peu, lentement, sans vraiment qu'on en prenne conscience. C'est une sorte de déni, mais pas vraiment, une continuité où cela ne remplace pas ceci, mais où le glissement s'opère, inexorablement.
Il n'y a rien à faire, car rien n'est vraiment probant.
Et puis il y a l'effort encore, pour venir à bout, venir au bout des tâches, des travaux à faire, des lettres à écrire, des corvées les plus simples mais qui nous prennent à présent un temps fou.
Puis se greffent la non envie, le non désir, on traine et on laisse trainer, on se prend en affection soudain et on est gentil avec soi. Ne pas faire aujourd'hui ce qui pourra être fait demain. Cette petite phrase devient vite un refrain, car demain on recommence, encore et encore, plus rien n'est fait et plus rien de se fait.
Il y a alors le vide, la contemplation de la désolation, du spectacle devant nous, résultat de notre impossibilité à faire, à être, et à avoir. Il y a une sorte de désespoir, d'impuissance. Viennent les larmes, puis la colère.
Ca fait mal ! Ca claque ! Ca brule ! Ca chauffe.
Rien.
Et puis il y a un rayon de soleil, une lumière dans le ciel, une petite lueur dans le coeur, on s'est dit : ouf, c'est fini.
Alors ça revient, on s'y remet, un peu, on chauffe et on s'échauffe, il faut que tout brille du sol au plafond, des pieds à la tête, on surchauffe le cerveau
Etat de grâce éphémère, illusion cruelle que tout était comme avant ça, avant l'accident, la maladie, la mort effleurée.
On a cru, pauvre misérable et miséreux qu'on avait vaincu :Trompe la mort de quelques heures ou quelques minutes, on a survécu. On a cru pouvoir accéder à cette immortalité, cette toute puissance, cette force incroyable qui pendant toutes ces années ne nous avait jamais fait défaut
Défaut, défaillance, insuffisance, impuissance. Voilà nos nouveaux compagnons de route.
Malgré tout, un soupçon de lucidité nous a fait prendre conscience de l'étendue  de la catastrophe, la nôtre.
Ce n'est plus une brisure, une faille, une fêlure, c'est une rupture, une cassure, une fracture irréparable, irrémédiable, on réalise alors que plus rien ne sera comme avant, qu'il faudra se contenter du peu, du médiocre et de l'insuffisant, que ces fulgurances et cette brillance qui nous donnaient la force et la confiance se sont envolées, que nous avons pris un billet simple vers l'enfer, que notre cerveau occupé, confus, débordé ne peut plus voir la clarté, la simplicité, mais complexifie de manière exponentielle tout problème, rendant sa résolution impossible. No plain, car il nous faudrait essuyer les commentaires lamentables de ces proches qui se veulent rassurants "ce n'est pas grave, j'ai connu ça"... Avoir un soupçon de courage pour leur dire qu'on s'en fout, et qu'ils se taisent, car même malades, vieux ou diminués il nous reste quand même un brin de fierté.
Il faut faire le deuil ou non c'est à nous de choisir, à nous et à nous seul ! Alors on va s'accrocher, encore, encore un peu, on va relever le défi, combattre encore un round, remonter sur le ring, car on n'est pas si foutu que ça, on peut, on veut, on y arrivera. On ne veut pas de pitié, de mots faux et malveillants, on ne veut rien, on ne demande rien
On remonte au Front, avec nos blessures de guerre, on n'est pas des mauviettes, on refera encore ce parcours du combattant, on se relève et on y va. On mourra debout !
Car,  ce jour arrivera, ce jour viendra, il faudra poser les armes, mais nul armistice, nul reddition. C'est avec ces armes à la main qu'on tirera sa révérence.
Broken Down !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo, @brigittedusch.

samedi 4 janvier 2020

Une nouvelle année


C'est une nouvelle année qui commence.

Qu'y a t-il de différent entre le 31 décembre et le premier janvier ; rupture ou continuité ? Les deux sûrement. Nous savons tous implicitement que rien ne va s'effacer en une nuit, que le lendemain ne chantera pas davantage qu'hier, que le 1° janvier n'aura pas transformé nos soucis en bonheurs, ni l'inverse, que la vie continue et qu'il nous faudra encore et encore faire des efforts, sur soi, supporter les autres, les critiques, les abandons, les trahisons, lutter, travailler, mais aussi aimer, découvrir. Vivre.

Pendant quelques heures tout est mis de côté pour laisser croire en autre chose. Espérer. C'est un moment où l'espoir est permis, autorisé et vivement encouragé, même si de plus en plus d'hommes et de femmes s'éloignent de ces moments conventionnels où la fête et les réjouissances sont de mises. Il y a ceux qui sont malades, souffrants, seuls, abandonnés, orphelins de leurs parents ou/et de leurs enfants. Seuls au monde, lestés sur l'ile déserte du désamour.
Il y a....

Il est cependant coutume de se souhaiter de bonnes et belles choses, un rituel, un moment particulier, une parenthèse dans le temps, une pause.
Un temps singulier au sein d'un temps long, où chacun pense à l'autre, à ses proches, aux autres. Un moment de partage, d'altérité.

"Je vous présente mes vœux, mes meilleurs souhaits, de bonheur, de santé, de joie, de chance, d'argent. Que cette année vous soit belle, généreuse, vous comble… vous apporte ce que vous souhaitez…."


Dans un temps un peu plus anciens on adressait ces vœux sur une carte, un billet à ses proches, éloignés, à ses amis, à ses relations. On maintenait ainsi le lien. Quelques petits mots, d'amour et d'amitiés. Je pense à vous en ce moment de l'année. Je vous souhaite.

Que la paix soit dans le monde !

Un temps apaisé. Un temps plus doux.

Un temps pour prendre soin de soi, des autres, de ceux qui nous aiment, de ceux que nous aimons, et des autres.
Le temps d'une parenthèse, l'instant d'une trêve.

Que dire alors au seuil de cette nouvelle année, ce palier que nous franchissons pour nous engouffrer dans ce long tunnel avant d'en voir la fin et de recommencer encore ?

Alors que se souhaiter pour ce nouvel an ? Quels bons vœux ? Dire simplement 

Soyez authentique, accueillez la joie, les rires, les mots, les bonheurs, la lumière du jour et du soleil, soyez spontanés, apaisés, bienveillants avec les autres mais aussi et surtout avec vous même, prenez soin de vous, vous le méritez, vous le valez, vous vous le devez. 

 Aimez-vous. SOYEZ A VOUS. Soyez-vous.

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste.
Crédit photo @brigittedusch

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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