Le français est une langue riche disposant d'un registre de noms communs, verbes, adjectifs impressionnant. Mais une langue moins précise peut-être que la langue allemande si redoutable parfois dans sa rigueur.
Le français offre aussi des représentations imagées, des figures de styles mais aussi des clichés.
Des clichés qui si on y regarde bien n'ont pas vraiment de sens en soi, mots assemblés qui ne vont pas forcément bien ensemble, incongruités parfois, paradoxes qui heurtent l'acception.
Il en va ainsi de faire le deuil, ou faire son deuil, le possessif mille, dix mille fois de trop !
Son, le sien... ?
Quel deuil appartient à qui ? Qui peut en réclamer la propriété, un peu comme la maladie, qu'on fait sienne à défaut de s'en défaire. Amour et haine n'arrivant pas à se départager mais continuent à se lier et se délier interminablement, inlassablement !
Faire son deuil
Trois mots qui me heurtent;
Comment faire ça.... ?
Faire, agir, poser un acte.. Action qui suppose et entraine une autre action.
Mais laquelle ?
Fabriquer le deuil ? Faire pour accepter de défaire ce qui a été fait, détricoter ce qui a été longuement avec soin élaboré... Faire en sorte que... Ce qui a été n'est plus, ne sera plus jamais
Accepter alors ce qui peut sembler inacceptable ?
Ce qui signifie quoi au juste ? Qu'on s'habitue à la perte, qu'on l'accepte ?
La perte, le renoncement. Accepter que plus rien ne sera comme avant, mais quid de l'avant, car demain ne peut être identique à hier, ou aujourd'hui." On ne se baigne jamais deux fois dans les eaux du même fleuve" disait Héraclite, car si l'eau n'était plus la même l'homme qui s'y baigne à nouveau a lui aussi changé.
L'homme est impermanent, l'existence l'est tout autant.
Chaque jour nous faisons en quelque sorte le deuil -pour reprendre l'expression- du jour précédent, nous en acceptons sa perte pour tenter parfois bien difficilement de vivre le moment présent.
Alors est-ce bien de cela dont il s'agit ? Accepter ce renoncement, se faire une raison afin de poursuivre le chemin. Seul comme Oedipe sur la route ?
Perdu peut-être car le compagnon ou la compagne n'est plus ? Disparue, morte ou partie ce qui est fort différent mais revient finalement au même car celui qui reste est seul, face à son être seul et faire avec sa perte. Faire avec
Vivre avec l'absence. C'est mieux que rien ?
Car l'absence n'est pas rien !
Elle est souvent de trop, le quelque chose qui fait déborder la peine et la transforme en souffrance insidieuse qui ruine le coeur et l'âme
Pourtant dit-on et dit-on encore et toujours il faut faire son deuil, il est temps ! Il faut apprendre à vivre, à re vivre, encore à avancer sur le chemin de cet enfer pavé de bonnes et mauvaises intentions qu'il faut là aussi affronter seul !
Car le problème est là aussi faire le deuil de ça également... Mais au fond ?
N'est-on pas vraiment seul , Cette solitude, cet abandon originaire qui nous tenaille tant et tant qu'il en devient parfois intenable n'est-il pas la toile de fond de l'existence humaine ?
Le sujet humain qui se leurre et s'égare dans l'imposture d'un lien social, tellement tenu qu'il s'effondre et s'effrite au moindre sourcillement ? Pas besoin de tempête pour s'en rendre compte
La solitude n'est-elle pas le propre de l'homme, sa vieille compagne ? Vieille et sinistre maitresse qui exige à chaque fois le sacrifice ultime. Le renoncement ?
Alors de quoi, de qui fait-on vraiment le deuil ?
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
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jeudi 7 février 2013
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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