Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 22 février 2023

L'élégance du silence

 











L'élégance c'est aussi ne pas se plaindre, sourire et de taire la souffrance. Elle ne regarde que soi, et on n'étale pas ses soucis, ses chagrins, sa peine et sa vie au regard de l'autre. Cela l'indisposerait et ferait de nous de grossiers personnages, des gens sans éducation et surtout sans réserve. Enfermer nos maux n'est pourtant pas toujours facile, les contenir non plus. Que vivre est difficile !


Enfant on m'a appris que "le silence était d'or" on ne parle pas de soi, on ne se plaint pas, on ne se raconte pas. La souffrance, la peine, le chagrin avait en eux cette indécence qui pouvait troubler la paix de l'esprit de notre entourage. Il était tout à fait inconvenant de les déranger par nos "menus soucis" quels qu'ils soient, maladie, mort, angoisse. Se blesser, être blessé était une sorte de "malédiction" que celui qui en était atteint devait porter sans mot dire, sans maudire peut-être aussi, mais surtout ne pas "ennuyer qui que ce soit avec ça". D'ailleurs ce qui que ce soit "n'en saurait que faire" au mieux 's'en réjouirait " au pire. Le malheur des autres, ne fait pas d'envieux, et les chasse, c'est contagieux, ça peut s'attraper, c'est un "coup du sort" et fait de celui qui a été atteint par le 'malheur" une sorte de pestiférer dont il convient de s'éloigner. Et puis les gens ne savent pas quoi dire, pas quoi faire, ne trouvent pas les mots, pas les gestes, pas le "mode d'emploi". Ils sont gauches et maladroits, nous évitent de peur de dire des sottises, de blesser davantage, d'être ridicules, ne savent-ils pas que là vraiment parfois dans ces circonstances "le silence est d'or". Se taire dit-on dans certains endroits chargés de mystères ancestraux évite au mal de se propager, de prendre forme, d'être représenté. Pour d'autres c'est le contraire, peut-être essentiel pour livrer le combat avec le diable, duel perdu d'avance, mais qui rend vivant, puissant pour quelques instants On se tait, on ne dit rien, on va bien, tout va bien. L'élégance de se taire et ne pas déranger avec ses fantômes est une règle élémentaire de politesse. Se raconter expose, il faut dévoiler, se dévoiler, retirer un par un les oripeaux qui nous emprisonnent, nous corsettent dans la douleur, il faut faire fi de sa pudeur, ce n'est pas simple pour certains, pour d'autres ce n'est rien, il faut au contraire crier, verser des torrents de larmes qui seront à la hauteur de la perte, de la peur, de l'angoisse Ainsi recueuilleront-ils les mots, le regard, la compassion de ceux qui impuissants assisteront à de telles démonstrations, mouilleront leurs mouchoirs et iront de leurs conseils et de petites phrases à ne jamais prendre au pied de la lettre "je suis là" "tu peux compter sur moi" "si tu as besoin". Des mots, des paroles qui s'envolent à peine prononcées pour avoir le coeur plus léger, et s'enfuir à toutes jambes pour ne pas répondre à la "parole donnée. En ce monde il n'y a plus de valeurs, ni d'honneur. Théâtraliser sa douleur et se mettre sur le divan de la scène, se "donner en spectacle" et se livrer sans retenue. De tels dévoiements aident-ils à supporter la souffrance ? Je ne saurai savoir, il y va de chacun. La seule chose dont nous pouvons être sûrs est que la souffrance ne regarde que soi, quelle qu'elle soit, et notre "être seul" doit y faire face sans rien attendre, c'est entre lui est lui que tout se passe. Et entre soi et soi où se loge l'élégance ? C'est là toute la question ?

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne Crédit photo, @brigittedusch


dimanche 12 février 2023

Surveiller pour punir

 




Surveiller puis punir

Plus seulement une rumeur, un questionnement, mais une injonction !
Surtout, sur tout....
Une menace, un certain art de vivre
Surveiller.. Non veiller sur, comme on pourrait le croire, veiller à. Sur C'est ce sur là, qui ne va plus de soi
Et puis punir
Punir surtout !
Crainte, peur, angoisse, les trois mots d'ordre..
Ordre !
De l'ordre pour que ça marche droit
En ligne, on ne voit qu'une seule tête, rien ne doit dépasser, montrer le bout de son nez, encore moins le bout de sa langue
Langue qu'il faut tourner plus de sept fois dans sa bouche, avant de dire, de parler, de mettre des mots sur sa pensée
Pensée étouffée !
Pensée sur veillée. Aussi
Réprimer, taxer, apeurer, menacer...
Se taire, au risque de cautionner
Dire au risque de ?
Pensée unique, uni... Forme...
J'ai rêvé d'un autre monde, j'ai cru en un autre monde....Celui ci se délite, au risque de se perdre, de se fondre dans des nébuleuses sombres, obscures, d'où pas grand chose ne pourra sortir, ne pourra grandir !
Un profond sommeil, une lourde brûme, un épais brouillard semble obscurcir le ciel.
Mais comment en sommes nous arrivés là ? Responsables inconscients que nous sommes.
Que nous sommes tous ?
Peur, crainte, punir, surveiller, nous réclamons tous une certaine sécurité, un certain ordre, une certaine liberté...
Au risque de...
Limites, cadres, il faut, il en faut
Mais juste, juste ce qu'il faut, justement juste... Pas de trop peu, ou de trop trop..
Juste, justice, justement...Des mots, des concepts, des idées, des symboles qui s'effritent, s'émiettent et s'éparpillent dans ces ténébres qui couvrent, recouvrent le ciel, qui décidément est de moins en moins bleu
A quand la fin de l'orage ? A quand l'arc en ciel ? A quand le soleil ? A quand le printemps ? A quant l'été ?  V
ielleicht oder nie ? Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne Crédit photo @brigittedusch








jeudi 9 février 2023

Le temps du chagrin

 


Les blessures invisibles

Tout semble normal, tout semble aller bien, elles ne se voient pas, elles sont tapies bien au fond de la crypte, c'est un bourdonnement incessant qui nous taraude à chaque instant, la cicatrice est mince, tenu, peut craquer au moindre sursaut de l'âme faisant resurgir la plaie béante qu'on ne veut peut-être pas vraiment guérir ? Il y a la souffrance celle qui aide à vivre et saccage ce vivre, mais elle est là, elle fait mal, souffre, déchire, écartèle, le coeur est à vif, béant et saigne, presque sans répit. Cette souffrance nous rend vivant, encore de ce côté, même si un seul petit pas pourrait nous emmener ou nous emporter dans l'autre... Il faut le temps, du temps, un temps singulier, qui n'est pas linéaire, qui est ou pas, qui dure ou pas, le temps qu'il faut, qu'il nous est nécessaire... Puis peu à peu, presque subrepticement vient le temps du chagrin. A pas de loup....


Le temps du chagrin...
Une silhouette qui s'estompe..
Une voix qui se fond dans le silence Des sons qui résonnent dans l'ombre... Des images, un sourire, un regard On s'accroche, on tente de retenir. On espère Mais quoi ? Il y a la vie, mais pas l'oubli, il y a dans nos coeurs ces instants qui ont été et ne sont plus, une vie de nous, de notre vie d'un autre temps. Il n'y a pas d'oubli, même si l'image devient floue et la voix lointaine, un pâle écho, mais il est là, frèle et tenu. Il fait partie de nous, incorporé à jamais. Et il faut vivre, reprendre la route, choisir un chemin, avancer, vivre avec la promesse de ne pas oublier tout en acceptant de semer sur sa route des bribes d'avant, petits cailloux coincés dans notre mémoire qui font venir les larmes, la tristesse, l'ennui ; ce je ne sais quoi qui fait que nous nous sentons fragiles, vulnérables, usés, épuisés, à bout de force et dans la non vie. Non envie. Parfois l'orage éclate, terrible et soudain, c'est une volée de larmes et de cris terrifiants au beau milieu d'une nuit d'insomnie, une journée sans soleil qui crève les nuages. La plaie s'ouvre à nouveau, béante elle laisse s'échapper le sang de la douleur, et les larmes. Traces ineffaçables surgissant du passé qu'on croyait révolu. Puis un jour on se tient debout, on tient de debout, on vacille un peu, mais on se redresse, on se sent fort, on retrouve le sang de l'énergie. Alors on se lève et on fait face à ses fantômes, sans bruit, sans heurts et sans pleurs, on les accueille en la demeure. Un jour on fait face à soi même à cette partie de soi malheureuse, ce moi abandonné, laissé pour compte au seuil de notre âme tant il nous faisait peur. A présent, il n'y a plus de peur, on accepte que c'est ainsi, de souffrir, avoir de la peine, du chagrin est légitime, que nous avons ce droit, et on s'autorise. On accepte de s'aimer comme ça. Car nous sommes aussi ça. Mais pas seulement ça.

Alors on retourne, on fait le voyage à l'envers
On retourne dans sa mémoire
Et là on regarde
On voit tout en face encore,
Comme une rafale
Mais cette fois c'est moi qui décide
De revivre, de revoir, de ne pas fuir.
Ce jour là arrive, il faut du temps, de la patience, des larmes, de la peur et des pleurs
Il faut attendre longtemps et parfois même cesser d'y croire
Se dire que c'est fichu, que c'est perdu
Se demander aussi pourquoi on est là ?
Mais on y est.
C'est le plus important.
On est arrivé là, alors il faut avancer, encore
Juste encore un peu.
Pour vivre encore, espérer encore...
Avec ça, peut-être, mais avec et ce n’est pas rien.


Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste Crédit photo @brigittedusch
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Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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