A l'occasion de sa réédition, c'est avec plaisir que je partage à nouveau cet article, ce coup de coeur, un livre qui m'a particulièrement touchée.
Encore un livre, lu d'une seule traite ou presque celui là...Encore !
Je n'avais pas envie de le lacher ce livre, il me fallait aller jusqu'au bout...
Peau
d'Anna, une sorte de "Peau d'Ane moderne", revisitée, une relecture,
quelque chose comme ça, mais qui nous emmène sur ce chemin là.
D'ailleurs
le conte apparait, en filigrane, puis explicitement tout au long du
roman, c'est avec l'histoire de cette "princesse" (qui est aussi le
surnom d'Anna enfant) que se construit et ne se construit pas l'histoire
de l'héroïne
Encore une quête d'identité, une recherche de soi...
Comme
quoi ? Le hasard ? Un livre pris au hasard sur le présentoir de la
Bibliothèque... Un roman qui pourtant a à faire avec la psychanalyse.
Une
jeune femme retrouve son père, malgré elle, des années après l'avoir
quitté, laissé, un père "mort" pour elle, qui pourtant vivait là, à
quelques rues, dans la même ville depuis des années, depuis toujours...
Une jeune femme qui renoue à travers des lettres, grâce à l'écriture
d'un père qui adresse un message, un dernier message, un ultime
message...
Un père qu'elle ne voulait plus voir, mais qu'elle
revoit malgré elle, malgré son choix, malgré sa décision, malgré son
désir.. Mais où se situe vraiment le désir ? Ici ?
Quel est le désir ?
Anna se retrouve plongée au coeur de son histoire, de l'histoire, celle d'une famille, de sa famille.
Une histoire, la sienne, celle qu'on lui a raconté, celle qui doit être sienne, puisque on le lui a dit..
Des souvenirs, d'une histoire qu'elle voudrait enfouir, ne pas se souvenir.
Qu'elle a essayé d'oublier, de ne plus se rappeler, une vie de trous, avec des manques, des souvenirs....
Mais quels souvenirs ?
Les siens, ceux de sa grand-mère, si bonne, si bienveillante, si prévenante pourtant ?
Des impressions, des paroles, Peau d'Ane...Une famille...
Anna
se souvient...Anna part à la rencontre d'elle même, alors qu'elle
croyait l'avoir fait, déjà, des années plus tôt, pendant des années, sur
le divan, dans le cabinet de psy de toutes sortes, qui lui avaient dit,
qui avaient interprétés, qui lui avaient fait croire, laissé croire,
qui avaient avec elle, malgré elle fabriqué des souvenirs, recollé les
pièces d'un puzzle....
Son histoire a elle, qui la rend si
malheureuse, si mal dans le monde, si mal en elle, si mal dans sa peau,
dans la peau d'Anna !
Un père qui lui écrit, parce que sa mémoire
s'en va, ça et là, de temps en temps, puis souvent, encore plus souvent,
peut-être pour toujours ? Dans combien de temps. Il semble compter ce
temps ce temps dont il dispose pour lui conter, conter son histoire,
leur histoire...;
Atteint de ce mal qui prend tout ce
qui nous reste, quand on vieillit, qui prend sans jamais rendre, qui
laisse quand même des moments où la mémoire vient, revient, une mémoire
douloureuse. Alors il veut dire, il veut raconter, il veut témoigner,
ultime témoin de cette histoire, de cette rencontre là qui ne s'est pas
vraiment terminée, mais qui semble s'être arrêtée interminablement sur
"pause". Il voudrait mettre des mots, des mots pour dire avant que la
maladie ne gagne..
Avant qu'il ne sache plus.
Avant que plus personne ne sache, quoi que ce soit
Une vérité ? Mais qu'est ce que la vérité ici ?
Encore une fois la vérité.
C'est peut-être la question justement de ce roman : Quelle vérité ? Pour qui ? Pour quoi ?
Combien
la vérité est singulière, comment elle s'arrange, se déguise, se
travestit, à l'insu parfois du conscient, et peut-être de l'inconscient
Comment elle devient acceptable pour vivre sûrement pas, mais pour survivre peut-être
Chacun en a sa lecture, comme chacun aura sa lecture de ce roman....
Quête de vérité et de soi....Presque identique, la vérité est-elle essentielle pour se trouver se rencontrer ?
Est-elle
indispensable pour se libérer ? Se sortir du carcan du mensonge qui
nous emprisonne, qui nous empêche finalement de vivre, de respirer,
d'être la cause de nos maux?
La vérité qui permet de mettre des mots ?
C'est un peu de tout ça "la Peau d'Anna "
Une
enquête qui mène l'héroïne à la rencontre de soi, à la rencontre des
mensonges qu'elle croyait vrais, et sur lesquels elle a construit sa
vie, une vie si misérable ! une vie de solitude...
Mensonges ? Mais
qu'est ce que le mensonge, si ce n'est une autre vérité, un
arrangement, un autre agencement des événements, qui peut être
entendable, tolérable, mentir c'est ne pas perdre, ne pas mettre en
danger, se rassurer, peut-être, laisser ou faire croire d'abord à soi
même puis aux autres, leur dire ce qu'ils croient être, pour ne pas les
perdre peut-être, ni les décevoir, c'est donner une image de soi...Un
faux soi. Mais un soi à donner à voir, à regarder, à plaindre
Cesser
de mentir pour aller au delà d'une vérité peut s'avérer parfois
périlleux, ne servir peut-être à rien, ne pas être nécessaire, mais où
se situe la contingence ? Si toutefois contingence il y a ? Cesser de
mentir pour aller à la recherche de soi même, peut-être un acte
courageux, ou insensé !
C'est aussi aller jusqu'au bout de soi
même, et de son histoire, ce rendez vous là, ici et pas forcément
maintenant... Demain peut-être, ou après demain ou jamais..
Est-ce utile ? Essentiel ?
Dans le cas d'Anna, c'est sa peau qui était en jeu, au delà de la métaphore, il s'agissait ici de sauver sa peau...
La
peau d'Ane du conte, l'heure pour Anne de faire les comptes, l'heure du
conte, qui n'a pas d'heure, mais qui doit se faire... Car c'est une
question d'heure. Solder un passé avec lequel on est en compte,
peut-être parce qu'on nous en a trop conté, justement, rendre compte
pour approcher le conte, et aimer, peut-être sans compter et sans s'en
laisser conter encore.....
Etre libre de tout compte, pour ne plus
se ressasser le conte, le conte de fée qui est en fait celui d' une
sorcière, méchante sorcière et gentille fée, ni tout blanc ni tout noir,
ni tout gentil ni tout méchant.
Libre de conter, sans plus
compter, de ne plus conter pour enfin aimer, laisser les histoires à
l'histoire cesser d'être le personnage, le figurant d'un conte écrit par
un narrateur tout puissant qui instrumentalise au gré de sa fantaisie
pour donner sens à sa propre existence. Ustensilisant les protagonistes
qui viennent servir sa propre histoire, rassurer son égo en souffance.
Solder
enfin, une fois pour toute, affronter le passé pour affronter son
destin, pour être acteur enfin de sa propre histoire. Construire demain,
enfin !
Nathalie Gendreau La Peau d'Anna
Editions Dacres mai 2018.
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
Mon livre : "j'aime ma vie"
dimanche 27 mai 2018
Inscription à :
Articles (Atom)
Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.