Sie sagt
"Tu me demandes.. ici ? Ailleurs ? Où ? Dans combien de temps ? ...
Mais toutes ces questions ne veulent rien dire pour moi
Tu me demandes encore ? demain ? Toujours ?
Mais ces mots n'ont pas de sens pour moi.
Cette temporalité linéaire, ces repères qui sont les tiens me sont étrangement étrangers.
Demain ? c'est loin.. Je ne sais pas, je ne peux pas.
Je ne sais pas ce que je serai, où je serai, si je serai là, vivante ? Je n'en sais rien
Et je m'en fous
Toujours ?
Mais c'est la mort, toujours, cela signifie qu'il n'y a pas même l'espoir d'un demain, d'un après, d'autre chose, d'un ailleurs, d'un possible.
C'est une capitulation
Je ne me rends pas, je suis comme toi, un soldat, mais ce combat là est différent.
Te répondre : Non ne ne peux pas.
Je comprends, je sais que pour toi c'est difficile, impossible, que ça l'a toujours été et que ça toujours été ainsi pour toi..
Mais je ne peux pas te répondre car je n'en sais rien.
C'est ma musique intérieure, celle qui me berce à chaque réveil, chaque matin est un étonnement devant la vie, ce cadeau. précieux.
Ce qui représente une (pseudo) sécurité pour beaucoup est une terrible angoisse pour moi. Une angoisse de mort.
Définitif. Sans issue... No futur.
Pour moi la vie, vivre ce n'est pas ça, vivre c'est le mouvement et l'impermanence, celle d'un demain qui danse au rthyme des notes que j'écrirais.
Demain est une symphonie.
Demain est à construire à inventer le jour même qui adviendra après celui ci, cet aujourd'hui que je vis au présent. Demain n'existe pas encore.
Moi, je veux danser avec l'impermanence et l'inconnu, valser avec le vent et me laisser surprendre.
Et c'est dans cette danse que je t'aime, que je t'étreins mais je ne t'y enferme pas, ce n'est pas une géole, c'est un souffle : celui de la vie.
Je veux créer, inventer ce qui n'existe pas encore, créer ce moi que je ne suis encore pas, je veux devenir, je veux advenir.
Je veux un vertige.
La fin, c'est la mort, se dire que ce sera ma dernière demeure, mon dernier amour mon dernier déménagement... Non c'est impossible
C'est vivre à huis clos.
C'est terrifiant
Ce qui est rassurant pour certain est terrifiant pour moi
C'est restreindre,fermer, clore, cloturer, enfermer, corseter, interdire le champ des possibles
Et cela ne l'est pas pour moi
C'est comme faire la dernière valise
Prendre le dernier train
Pour l'ultime destination
Tu sais ce que cela veut me dire.
Brigitte Judit Dusch, psychanalyste, historienne, exploratrice urbaine
Crédit photo @brigittedusch