Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 6 septembre 2024

"Love affair"




"Liouba,  En me serrant sur ton coeur tu auras un peu mes mains dans tes cheveux, mes yeux dans les tiens, et mes lèvres sur ta bouche, pour toujours et même après"

"Love affair" C'est ce que tu disais en parlant de notre histoire, tu le disais avec tendresse et tout l'amour que tu as su m'offrir. Love affair. Rien ne nous destinait à une rencontre, le hasard ? Encore lui.

Au début ce fut un jeu, celui des mots et du hasard, nous étions différents, à l'opposé l'un de l'autre mais fascinés chacun par l'érudition, l'intelligence, la pertinence, de l'autre. Alors nous nous sommes engagés sur ce terrain ; excellents joueurs nous avons commencé une longue partie de poker, dont nous sommes sortis tous deux vainqueurs. 

Nous avons su des les premiers instants, qu'il se passerait quelque chose d'unique et de fort entre nous, mais nous n'étions pas pressés, le temps est intelligent. Nous nous étions promis que cela resterait un jeu, qu'il n'y aurait rien de sérieux. Que tout serait léger et vivant. 
Tu avais la sagesse et l'expérience de la vie, moi l'insolence de cette jeunesse qui pouvait tout se permettre, nous avions tous deux cette même soif de vivre, sachant que demain, dans un instant, tout pouvait s'arrêter. En sursis nous sommes tous en sursis de la vie. Alors vivons !

Il y avait cette soif de vivre, puis le désir. Le Désir. Tout se loge dans le Désir, surtout la pulsion de cette vie qui nous est offerte et qui ne demande qu'à être au monde pour mieux défier la mort. 

Nous nous étions promis que cela resterait un jeu.
Et puis.. 
Le désir, la tendresse, et puis l'amour. L'Amour s'il est un cadeau peut rapidement devenir un poison si on ne sait y prendre garde, surtout si on sait que cette "love affair" s'inscrit dans un temps court bref, et qu'il est compté.

Je n'aime pas être comptable de l'amour ni du temps qui m'est donné pour le vivre, mais nous avons décidé de faire vite, ne pas perdre ce temps précieux, le saisir au vol, de vivre ça vite et fort.
Je me souviens de ce long trajet en train, de la gare où tu m'attendais, de ces instants fébriles.. De ce petit train de banlieue de cette ville gigantesque, que nous avons pris tous les deux pour rejoindre avec ta vieille voiture ton refuge enfoui au milieu d'une campagne déserte, Un oasis, loin de tout et du monde qui s'enflammait de partout, Nous avions cet instant de répit rien que pour nous, avant ? De mourir peut-être ensevelis sous ce chaos.


"Love affair." Magique, magnifique, intense, torride, nous avons tout donné, nous nous sommes tout donné. Il fallait défier la mort et rester vivant. Encore, nous l'étions. Jusque quand ? Tu as pleuré tu aurais voulu que cela dure toute la vie, toute notre vie. Je te disais que si tout cela se passait entre nous c'était justement parce qu'il était impossible que ça dure une vie, et quelle vie ? Nous n'avions aucun avenir possible. Tu me parlais dans ta langue, puis en anglais je te répondais en allemand et en Yiddish, nous mélangions les langues, pour rire et s'amuser et quand cela t'énervait nous parlions français. 
On peut s'aimer dans toutes les langues, les mots sont parfois de trop.
 

"Love affair", brève histoire d'amour éternelle.. que nul n'oublie. Chance inouïe cadeau magnifique que la vie te donne, et lui dire merci.

Nous avons figé le temps.

On se lance parfois des bouteilles à la mer.. on n'a rien oublié, ni toi ni moi, je pense souvent à toi. Je revois le temps passé devant la cheminée, le thé fumant puis le champagne ! et les plats que tu me cuisinais, "c'est pas casher Douchka ça ira ?"' on riait, on s'aimait mais tu pleurais.. Car tu savais que tout allait se terminer... Je te disais "vis maintenant, pleinement demain on verra, après demain on sera peut-être mort !" Tu ne comprenais pas toujours comment je pouvais être ainsi. Nous ne nous sommes jamais raconté nos vies, cela n'avait aucune importance. Pourquoi faire ? Il n'y avait pas d'avant, il n'y aurait pas d'après, il n'y avait que l'instant présent, celui qui nous vivions, que nous engloutissions. 


Notre "love affair" est là dans ma mémoire, c'est une de mes plus belles histoires d'amour et je t'en remercie. Oui je t'ai aimé, je t'ai aimé très fort, et tu le sais. Cet amour n'a pu exister que parce qu'il est né et a grandi au milieu des décombres de nos vies, parmi les ruines et la laideur du monde que nous voulions changer. Cet amour a été la petite fleur au milieu de ces champs de mines...
Nous avons  attrapé au vol ce temps ce qui nous a été offert, que nous nous sommes offert, pour vivre, survivre je ne sais pas, pour vaincre la Mort sûrement, pour trop l'avoir vue ?

Je relis souvent cette lettre que tu m'as envoyée je la garde précieusement, si tu me lis, et je sais que tu me lis, sache qu'il me vient des larmes à chaque fois. je ferme les yeux et nous revoie, nous étions beaux, heureux, vivants. 

Je nous voie encore fermer doucement les volets de cette jolie maison qui a abrité la joie et le bonheur des amoureux que nous étions, je crois qu'à cet instant, je, nous, aurions voulu arrêter le temps, encore un peu.. Mais c'était déjà beaucoup ! Tu m'as accompagnée, nous avons fait toute cette route, dans un silence absolu, tu es venu avec moi sur le quai de la gare de cette belle ville si grande et je suis montée dans ce train... Il n'y avait plus rien à dire. On s'était promis de ne pas se retourner et de ne pas pleurer.

Lorsque tu m'as embrassée et serrée dans tes bras une dernière fois tu m'a fait promettre d'écrire notre histoire "Il faut écrire tout ça Liouba, je suis heureux, je ne pensais pas vivre un tel bonheur, je voudrai tellement te garder.. pour moi toujours" 

Immer, toujours.. 
"Quand j'aime c'est pour l'éternité"

A toi, pour toi. je sais que tu gardes sur ton coeur "ton icone". Je sais que tu es en vie, je le suis aussi. Nous nous sommes donné rendez vous au Paradis, le premier arrivé prévient l'autre.. On s'est dit ça ce jour là...
Je t'aime


Birgit (car c'est ainsi que tu disais) Dusch, historienne, psychanalyste, exploratrice urbaine
Crédit photo @brigittedusch

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Nota bene

Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

Vous étes venus

compteur visite blog

map