Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

jeudi 6 février 2025

Orthographe : déni de sens.

 

Orthographe : déni de sens.

Cet article a été écrit le 6 février 2016, je n'ai pas changé un seul mot, déplacé une seule virgule.

Qu'en dirais-je aujourd'hui ?



Bien écrire les mots, mettre les lettres à la bonne place, respecter les accords et la ponctuation dans une phrase pour lui donner un sens.

Mettre tout un ordre. “Assembler façon puzzle”. Dire avec les mots, transmettre un message à l’autre. On écrit pour soi, parfois, mais aussi et surtout pour les autres, pour leur dire, les informer, leur demander. L’écriture est aussi une attente, celle de l’autre, de ses mots et de ses dires, de ses réponses ou de ses questions. Elle tisse, tricote ce lien indispensable à chacun. ll est donc question d’altérité, encore et toujours, d’où l’essentiel de se faire entendre et de se faire comprendre. Ainsi l’orthographe est une sorte de code, de contrat entre soi, la langue et l’autre. Une forme de civilité, de savoir être et de savoir vivre. Avec, l’autre, et soi. Nous faisons tous plus ou moins des fautes, la langue est truffée de pièges, d’astuces et de contradictions ; qui n’a jamais buté sur un accord ? un pluriel de nom composé. C’est l’occasion alors de vérifier, d’ouvrir un dictionnaire... A défaut un correcteur orthographique.

Simplifier l’orthographe : c’est à dire la manière d’écrire les mots pour les rendre... Comment au fait ? Les rendre plus légers ? Plus beaux ? Plus simples ? Plus faciles à écrire ? A prononcer ? Mais tous ces plus, entrainant des moins, fait l’affaire de qui ? Qui le demande ? Toucher à la langue, à la manière dont on la transcrit, dont on l’écrit n’est pas anodin.

C’est en réalité attaquer la base, les fondations d’une construction élaborée depuis des siècles, les mots sont des vieux messieurs et des vielles dames, issus de mots plus anciens encore. On ne maltraite pas les Anciens, on leur doit le respect, c’est aussi une valeur fondamentale.
Les mots sont comme nous, ils ont des racines, et c’est ce qui coince et fait grincer les dents. Et pour cause. Pour illustrer je reprendrai l’exemple de mon ami Alain à propos de l’orthographe du mot “imbécillité” avec deux L me précise t-il , n’en déplaise aux imbéciles; avec un l ; ce mot en prenait deux jusqu’en 1790.

L’Académie Française décide deux siècles plus tard de retirer ce l pour soit disant rendre plus cohérent les deux mots. Quelle aventure ! Cela peut sembler anecdotique, frivole, sauf que ! lmbécillité prend origine dans le terme latin “imbecillitus” qui signifie manque de force physique et de réflexion. Ce l, cette simple lettre ôtée d’un seul coup, coupe le mot de son étymologie, le prive de son sens, de sa racine et de sa sève. Le rend orphelin. En fait un “sans famille”.

Cet exemple illustre bien la métaphore du sens. La rupture du contrat, en prenant la langue, le mot et son écriture en otage. La privation de ce qui fait et donne ce sens : le socle d’une société, ses valeurs, ses lois et ses codes, quelque chose de confortable car c’est un cadre, des limites posées et rassurantes, qui permettent de nous comprendre. Vouloir trop simplifier n’est certes pas la solution de l’excellence ! Encore moins celle d’encourager l’effort. Ne plus donner de place et jeter dans le désordre ces voyelles et consonnes pour que plus rien ne raisonne ni ne résonne, sonne faux. Une fausse note encore qui en fera une addition salée. Une mise à mort sans jugement, une condamnation sans appel, infecte et indigeste sonnant le glas de la civilisation et entrainant l’Homme vers le Chaos. ll s’agit donc bien d’un acte politique qui ne dit pas son nom et se cache derrière une bienveillance perverse, mais ce ON n’est plus à ça près... !

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne, exploratrice urbaine, crédit photo, @brigittedusch
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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