Pour ne pas le nommer ! L'annonce de son diagnostic est une lettre de cachet, un arrêt de mort !
Vous avez un cancer ! Quand le mot est prononcé ! Car souvent la périphrase est de mise, on parle de tumeur, maligne ou pas, de masse suspecte ou pas..
On avance doucement ou parfois brutalement, l'annonce est un couperet qui décapite tout espoir de guérison, de rémission !
"Vous êtes foutu "
Je l'ai entendu aussi, souvent... Très souvent... Trop souvent ! Hélas
Condamnation, damnation et mal édiction !
Mal aise toujours, mais comment pourrait-il en être autrement, le messager de la mort est rarement glorieux, n'aime pas vraiment faire ce genre d'annonce, s'en débarrasse comme il peut, lâchant ou non les mots, le mot qui tue !
Dire ou ne pas dire, savoir ou ne pas savoir, pour quoi faire ? Pour qu'en faire ?
Aujourd'hui encore malgré tout le mot fait peur, on n'ose le prononcer, de peur qu'il porte malheur
Cette foutue maladie ne s'attrape pas, mais c'est pire, elle rappelle à chacun de nous que la mort est là, tout près, qu'elle frappe, sournoisement !
Elle terrifie cet autre, qui ne l'a pas, pas encore, mais qui pourrait l'avoir lui aussi, car qui finalement est protégé, vacciné.. Qui ?
Ca n'arrive pas qu'aux autres !
Alors il faut annoncer le pire, pas la mort immédiate, mais la mort future, et ces médecins tout puissants affirmer qu'il vous reste 2 ou 6 mois encore à vivre ! J'ignorai la Science aussi précise !
Car c'est justement là que tout blesse, que tout cloche, car la Science toute puissance, celle qui promet tout ne résout rien, ne peut rien !
Depuis toutes ces années, malgré ses soit disant efforts, ses appels aux dons, ses recherches qu'à fait la Science ? Quel remède propose t-elle hormis sa panoplie mortifère qui retarde de quelques mois, années au mieux l'issue qu'elle nous a promis fatale...
Car l'homme est mortel et mourra un jour, de cela elle peut être sûre ! Le seul diagnostic qu'on ne peut lui réfuter.
Seulement voilà : Que sait-elle du sujet humain ? Si elle sait quelque chose du corps ou seulement un tout petit peu du fonctionnement de ce morceau de chair humaine qu'elle nomme par organe afin de se protéger, elle ne sait rien de l'esprit, de la psyché, de la capacité de résilience de chaque sujet humain, qui peut !
Ce n'est pas affirmer que l'esprit guérit, Qu'il guérit tout et que les traitements médicaux et chirurgicaux ne sont pas nécessaires, certains le disent et je ne suis pas d'accord. La Science a permis de soigner, de guérir, de comprendre ! Et il serait absurde de le nier, et de rejeter ses acquis et ses découvertes. Mais le sujet n'est pas seulement un corps, il est aussi un esprit, il pense ! Le sujet pense et il est ! Alors ignorer cette donnée essentielle est aussi absurde, c'est se priver d'un allié de choix, essentiel car l'un sans l'autre ne peuvent.. ni faire.. Ni être !
L'esprit contribue à attaquer le crabe, il aide à potentialiser l'effet et apaiser les effets secondaires des traitements les plus invasifs, les plus destructeurs aussi. Il y contribue pour s'accrocher à la vie et non à la mort !
Un de mes anciens Patrons, professeur éminent de médecine avait coutume de me dire "voilà moi j'essaie de réparer le corps, à vous de soutenir l'esprit, quand au reste, Lui là haut va nous donner un coup de main"... Quand un patient lui demandait "combien de temps" il répondait humblement qu'il ne savait pas, qu'il y avait bien des statistiques, mais que c'étaient des chiffres, et que les patients n'étaient pas des chiffres, mais des individus qui réagissaient différemment !
Certains de ses détracteurs disaient qu'il se "défilait" ! Je sais bien que non, il disait la vérité. Chaque être est singulier ! Chacun fait comme il peut ..Et je le remercie de son humanité si rare en ces lieux de violence et de mort !
C'est donc bien en cela qu'il faut soutenir ce combat inégal mais qui doit être mené... L'espoir, le désir.. La Science ne peut pas tout, c'est mentir que de le laisser croire ! Elle ne peut et ne doit rien promettre. Nul n'a le droit de condamner à mort, nul n'a le droit de tuer l'espoir qui maintient l'en vie !
Cet espoir qui fait que nous ne sortons malade ou pas de l'Humanité, du monde des vivants.
A tous ceux qui luttent !
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
Mon livre : "j'aime ma vie"
dimanche 24 mars 2013
lundi 4 mars 2013
Muttersprache
Encore une histoire de langue ? Ou de langues ?
Nous sommes des êtres de langage, mais de langue aussi, car nous prenons langue dans le langage pour advenir aux autres, construire ce lien social qui fait de nous des autres parmi les autres !
Vaterland, vaters land, mutterland, mutters land ?
La langue des mères ou des pères, la langue de la terre, du pays, des siens, des ancêtres, des origines, parfois tout s'emmêle et se mélange, sans trop savoir pourquoi ?
Parfois les mots restent bloqués, inutiles, impossibles, ne viennent pas, n'adviennent plus. Sont retenus.
Langue qui es-tu ? Où vas-tu ? D'où viens-tu ?
Cela parait simple, langue maternelle dit-on ? Mais n'est-elle pas parfois celle du père, tout comme la terre...
Alors quid de cette langue maternelle qui n'est parfois pas celle du père ? Que dire et que faire de cette langue qui parfois nous lâche car elle devient intenable, impossible, improbable et indécente ?
Il m'est difficile de répondre tiraillée que je suis entre cette langue de mon enfance, les bribes de toutes ces langues de l'Est mélangées, et qui se mélangent, ces intonations, ces mots qui encore aujourd'hui me renvoient à un imaginaire mêlé lui aussi de réels et de souvenirs.
Il m'est bien difficile de dire moi qui pense, rêve, jure aussi parfois dans cette langue de mon enfance qui me vient spontanément, car les mots sont plus précis peut-être, plus adaptés à cette idée, cette pensée. Et cette crainte aussi parfois que cette langue ne s'évanouisse car je ne la parle pas, ou tellement peu, trop peu ! L'entendre alors ma Muttersprache me fait du bien... Je l'entends, l'écoute, elle coule et tout revient d'un seul coup !
Langues et cultures... Peut-être cette chance de baigner ainsi dans ce vaste océan de langues qui fait que.. les sons et les couleurs me sont familiers. Je me sens profondément, intiment de là...
Issue de la matrice. Cette même là que je nomme Muttersprache.
Une langue qui met aussi en dissonance, qui renvoie pour certains à la représentation du mal, car trop chargée d'horreur et d'histoire. Une histoire d'hommes et de femmes...
Une histoire de femmes encore.
Langue qui comme le reste m'a été donnée en héritage par les femmes, langues de l'Est, où se mêle ce mélange de dialectes propre à une communauté !
Langue lourde et chargée qu'il faut prendre ou laisser. Douce et rude.. !
Muttersprache !
Langue qui fait rire mon fils qui n'a pas vraiment pris la peine de l'apprendre puisque je traduis, parle, explique... Et qui sourit quand de l'autre côté du Mur qui n'est plus, personne ne me demande si je suis d'ailleurs.. Tendresse quand dans ce port de la Baltique demandant mon chemin un vieil homme me dit en souriant "Ossie ?" Oui, de là je suis aussi, j'en connais l'âme et l'accent !
Muttersprache !
Langue que j'ai transmise à mes filles ! Aussi...
Qui l'aiment je crois du moins assez puisque l'une d'entre elles a choisi de l'enseigner, de la transmettre, de la donner et de l'offrir...!
Pourtant cet été elle m'a semblé de trop, pas à sa place à cet endroit. J'ai refusé de parler ! Tout comme cette tante qui avait décidé un jour de se taire ! Ce jour de trop, ce jour où cette Muttersprache n'était plus chantée, n'était plus la Sprache de Goethe, de ce jour où elle était aboyée, hurlée, vomie...Elle avait alors décidée de s'en défaire, de vivre ce désamour là...
De ne plus parler la langue de ceux qui étaient devenus ses bourreaux... Pourtant cette Muttersprache c'est elle qui me l'a apprise, à travers son histoire, l'histoire, les contes de fées et d'ogres, car elle était elle, faisait partie d'elle, lui collait à la peau...
Pourtant moi aussi j'ai décidé de me taire ce jour là, bien des années plus tard...
A Buchenwald elle était de trop... Là elle ne pouvait pas être, plus être, car là il n'y a plus de place pour l'être !
Muttersprache
Langue de qui ? Je me suis demandée ? Alors j'ai pleuré, longuement pleuré, tout comme le sujet autistique qui n'en peut plus, submergé par ces bruits qui arrivent de toutes parts j'ai bouché mes oreilles pour ne plus entendre, plus écouter, plus être agressée
Muttersprache dans toute sa violence, son indécence tu étais de trop, tu n'étais pas à ta place en ce lieu, en ces lieux où tu es la langue de la mort.
Comment entendre tout ça dans cette langue là, langue des bourreaux, langue qui raconte ce qu'ils ont fait..? Ecartelée entre amour et haine, Eros et Thanatos ? Entre sa chair et son âme ?
Dissonance ! La question se pose pour nous mais comment s'est-elle posée pour nos parents ?
Nos grands parents ? Impossible dilemme, perte insoutenable, vide, gouffre et terrible abîme pour eux qui n'avaient que cette Muttersprache ? Vatersprache ? Qui était leur, qui leur collait à la peau ?
Nous sommes des êtres de langage, mais de langue aussi, car nous prenons langue dans le langage pour advenir aux autres, construire ce lien social qui fait de nous des autres parmi les autres !
Vaterland, vaters land, mutterland, mutters land ?
La langue des mères ou des pères, la langue de la terre, du pays, des siens, des ancêtres, des origines, parfois tout s'emmêle et se mélange, sans trop savoir pourquoi ?
Parfois les mots restent bloqués, inutiles, impossibles, ne viennent pas, n'adviennent plus. Sont retenus.
Langue qui es-tu ? Où vas-tu ? D'où viens-tu ?
Cela parait simple, langue maternelle dit-on ? Mais n'est-elle pas parfois celle du père, tout comme la terre...
Alors quid de cette langue maternelle qui n'est parfois pas celle du père ? Que dire et que faire de cette langue qui parfois nous lâche car elle devient intenable, impossible, improbable et indécente ?
Il m'est difficile de répondre tiraillée que je suis entre cette langue de mon enfance, les bribes de toutes ces langues de l'Est mélangées, et qui se mélangent, ces intonations, ces mots qui encore aujourd'hui me renvoient à un imaginaire mêlé lui aussi de réels et de souvenirs.
Il m'est bien difficile de dire moi qui pense, rêve, jure aussi parfois dans cette langue de mon enfance qui me vient spontanément, car les mots sont plus précis peut-être, plus adaptés à cette idée, cette pensée. Et cette crainte aussi parfois que cette langue ne s'évanouisse car je ne la parle pas, ou tellement peu, trop peu ! L'entendre alors ma Muttersprache me fait du bien... Je l'entends, l'écoute, elle coule et tout revient d'un seul coup !
Langues et cultures... Peut-être cette chance de baigner ainsi dans ce vaste océan de langues qui fait que.. les sons et les couleurs me sont familiers. Je me sens profondément, intiment de là...
Issue de la matrice. Cette même là que je nomme Muttersprache.
Une langue qui met aussi en dissonance, qui renvoie pour certains à la représentation du mal, car trop chargée d'horreur et d'histoire. Une histoire d'hommes et de femmes...
Une histoire de femmes encore.
Langue qui comme le reste m'a été donnée en héritage par les femmes, langues de l'Est, où se mêle ce mélange de dialectes propre à une communauté !
Langue lourde et chargée qu'il faut prendre ou laisser. Douce et rude.. !
Muttersprache !
Langue qui fait rire mon fils qui n'a pas vraiment pris la peine de l'apprendre puisque je traduis, parle, explique... Et qui sourit quand de l'autre côté du Mur qui n'est plus, personne ne me demande si je suis d'ailleurs.. Tendresse quand dans ce port de la Baltique demandant mon chemin un vieil homme me dit en souriant "Ossie ?" Oui, de là je suis aussi, j'en connais l'âme et l'accent !
Muttersprache !
Langue que j'ai transmise à mes filles ! Aussi...
Qui l'aiment je crois du moins assez puisque l'une d'entre elles a choisi de l'enseigner, de la transmettre, de la donner et de l'offrir...!
Pourtant cet été elle m'a semblé de trop, pas à sa place à cet endroit. J'ai refusé de parler ! Tout comme cette tante qui avait décidé un jour de se taire ! Ce jour de trop, ce jour où cette Muttersprache n'était plus chantée, n'était plus la Sprache de Goethe, de ce jour où elle était aboyée, hurlée, vomie...Elle avait alors décidée de s'en défaire, de vivre ce désamour là...
De ne plus parler la langue de ceux qui étaient devenus ses bourreaux... Pourtant cette Muttersprache c'est elle qui me l'a apprise, à travers son histoire, l'histoire, les contes de fées et d'ogres, car elle était elle, faisait partie d'elle, lui collait à la peau...
Pourtant moi aussi j'ai décidé de me taire ce jour là, bien des années plus tard...
A Buchenwald elle était de trop... Là elle ne pouvait pas être, plus être, car là il n'y a plus de place pour l'être !
Muttersprache
Langue de qui ? Je me suis demandée ? Alors j'ai pleuré, longuement pleuré, tout comme le sujet autistique qui n'en peut plus, submergé par ces bruits qui arrivent de toutes parts j'ai bouché mes oreilles pour ne plus entendre, plus écouter, plus être agressée
Muttersprache dans toute sa violence, son indécence tu étais de trop, tu n'étais pas à ta place en ce lieu, en ces lieux où tu es la langue de la mort.
Comment entendre tout ça dans cette langue là, langue des bourreaux, langue qui raconte ce qu'ils ont fait..? Ecartelée entre amour et haine, Eros et Thanatos ? Entre sa chair et son âme ?
Dissonance ! La question se pose pour nous mais comment s'est-elle posée pour nos parents ?
Nos grands parents ? Impossible dilemme, perte insoutenable, vide, gouffre et terrible abîme pour eux qui n'avaient que cette Muttersprache ? Vatersprache ? Qui était leur, qui leur collait à la peau ?
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.