Brel les a chanté, leur a rendu un hommage juste et tragique.
Les vieux, ll y a aussi les presque vieux, ces parents, pas si âgés, mais encombrants, ceux dont on ne sait que faire mais qui sont là, peut-être encore longtemps ! Désespoir !
Ce n'est pas qu'on voudrait les voir disparaitre, pas encoren bien qu'avec l'argent qu'ils laisseront peut-être (si ces vilains vieux n'ont pas dilapidé le tout pour le confort de leur vieux jours) leurs enfants ingrats pourront construire la piscine de rêve, le voyage convoité ou solder leurs dettes !
ce n'est pas qu'ils voudraient les voir morts... mais vivants pas encore tout à fait morts ils sont quand même bien encombrants ces vieux qui ont le culot, l'arrogance de vouloir encore quelques égards, quelques regards !
Oh je ne parle pas de l'argent qu'il faudra tôt ou tard dépenser pour leur permettre de se faire maltraiter dans une maison de vieux hors de prix et d'humanité, ( la conscience elle aussi a un prix,) mais de ce temps qu'ils ont encore l'indécence de leur réclamer, de leur quémander .
Non mais ! les enfants, jeunes ou moins, jeunes adultes, parents eux aussi d'une progéniture qui dévore leur liberté ont une vie à vivre ! et pas le temps de s'occuper de ces vieux qu'ils n'ont plus guère envie de voir, sauf dans certaines occasions, ça peut encore servir.. pour garder les enfants par exemple, prêter un peu d'argent, se porter caution...
Sordide ? oh non. Réel. Hélas !
"Je ne veux pas la déranger, alors je ne téléphone plus , d'ailleurs elle ne décroche jamais, au début j'ai laissé des messages, en vain, alors je ne téléphone plus. Elle doit être bien occupée"
Tellement qu'elle ne s'inquiéte pas de ses parents !
"ll n'y a plus de temps pour nous, c'est que la vie ça file, alors plus de place pour les parents, pourtant nous ne sommes pas loin à peine 100 km"
Une distance infranchissable !
"Je n'ai pas vu ma petite fille depuis presque deux ans ! elle va en avoir trois, je ne pourrai pas encore l'embrasser pour son anniversaire. Je ne sais pas si je suis triste, en colère, si j'ai de la peine. Un peu de tout ça sans doute !'
Oui sans nul doute, et c'est naturel
'"Cette année je n'enverrai ni carte, si texto ni rien ! de toutes façons aucune réponse alors basta !'
En effet que faire d'autre
'Une année sans nouvelle de notre fille et de notre petite fille, nous avons bien cru en mourir ! car nous sommes malades, pas si vieux mais notre santé est fragile, nous avons fait une demande de conciliation, car nous voulions entamer une procédure pour avoir un droit de visite;. nous avons eu quelques photos de la petite, sans doute pour montrer au juge, mais nous ne la voyons pas !'
"Ma fille est avec un homme qui lui interdit de voir ses parents : elle a choisi"
"J'aurai bien aimé avoir du temps avec mes petits enfants, vous savez, je ne les connais pas"
"Ma fille vit plus avec le père de son enfant, il se le partage, un week-end sur deux, enfin plutôt un week end avec elle et l'autre avec les parents du papa, ils le voient souvent et ça leur pèse, nous ne le voyons jamais et ça nous rend bien malheureux mais il n'y a pas de place pour nous, peut-être si nous donnions une pension alimentaire nous aurions quelque droit ?"
Combien de mots pour dire ces maux ?
Ah ces vieux qui se plaignent tout le temps, qui ont trop (ou pas assez ! c'est encore pire, car les enfants se sentent obligés ?) d'argent, trop de temps qu'on ne taxe pas assez, qui sont partout ! ah ces sales vieux il faut encore qu'ils nous pourrissent la vie ! en voulant nous parler, nous voir, nous téléphoner, nous inviter le dimanche ! mais ils se prennent pour qui ? Pour penser que nous, tant occupés à travailler dur toute la semaine pour payer leur retraite on a envie de les voir se pavaner ?Mais il y a encore les vieux qui travaillent et qui ne peuvent être disponibles pour s'occuper des petits enfants ! ceux sur lesquels on ne peut pas compter ! Sales vieux !
lls ne sont jamais là où on les voudraient ! On ne les veut pas ; on n'en veut pas.
Car oui, ils ne veulent pas déranger, n'osent plus appeler, n'osent plus demander et à force finissent par s'effacer avant même d'avoir cessé d'exister. Oui, il n'y a plus de temps pour eux, plus de place ni dans leur vie ni dans leur coeur. Oui, ils ne servent plus à rien, on n'a plus besoin d'eux, surtout s'ils n'ont plus rien à donner en services ou en argent ! Oui ces ingrats n'en n'ont que faire de leur amour, de leur tendresse, de leurs caresses. Oui, ils ont oubliés ces nuits où leurs sales vieux ne trouvaient pas le sommeil, pour les veiller, les soigner, le temps donné pour leur apprendre à être des adultes. Oui, ils en ont marre de voir ces vieux devenir plus vieux, oublier les mots, les choses, à radoter parfois lorsqu'ils se souviennent ! Oui ils ont honte d'eux si par hasard leurs sales vieux retombent amoureux ! quelle indécence, honte à leur âge quand même ! Oui ils ne veulent plus voir ces visages ridés, ces cheveux blancs camouflés sous des teintures, et ces efforts pour rester dans le coup ! Oui ils ne veulent pas donner quelques précieuses minutes de leur temps plus précieux encore pour répondre au téléphone ou simplement leur faire un baiser.
Un jour ces sales vieux seront morts ! Ces ingrats auront le culot de les pleurer et peut-être de les regretter ! La conscience a un prix... Celui du regard de l'autre qui ne vaut pas mieux mais qui se permet de juger. lmbéciles de jeunes !
Vous serez vous aussi bientôt de sales vieux et ça me fait rire, vos enfants seront sans doute plus cruels et plus prompts à vous placer dans ces maisons pour sales vieux vous jugeant trop déments "c'est pour ton bien maman, je serai plus tranquille" que maman soit bien n'est pas la question, peu importe ! il faut que cet idiot de jeune soit rassuré ! Petit ingrat qui n'a pas honoré ses père et mère. Honte à toi !
Pauvres sales vieux ! que nous sommes ou pas encore nous ne servons plus à rien, et nous sommes là penauds avec notre amour, notre tendresse, notre envie de vous voir être. On en fait quoi de tout ça ? Dites nous petits ingrats : on en fait quoi ?
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
A tous ces "sales vieux".
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
Mon livre : "j'aime ma vie"
mercredi 17 mai 2017
lundi 8 mai 2017
Généalogie γενεά λόγος
Genos / Logos
En quoi le discours a t-il à faire dans la génération ? En quoi la connaissance a t-elle à faire dans la filiation. Et de quelle filiation parlons-nous ? De qui est-on le fils, la fille ? Et de qui ce père, cette mère est-elle la fille, le fils ?
Remontons ainsi le fil du temps ; le passé; pour ressusciter les morts et leur faire rendre des comptes aux vivants qui, eux, veulent, exigent de savoir d'où ils viennent afin de comprendre qui ils sont
ll y a alors l'archéologie du souvenir, de la mémoire, de ce qu'on sait, de ce qu'on croit savoir, de ce qu'on nous a dit, raconté, de ce que nous avons entendu, retenu. Ce roman familial, enjolivé, romancé, embelli, déguisé, remodelé, agrémenté, orné, amputé, cassé, rapporté, recollé, au fil du temps, des ans. Ce qu'il faut dire, ce qu'il faut taire, enfouir, fuir, cacher, masquer. Ce qui reste dans l'
imaginaire de la mémoire, dans le désir de ce savoir là, dans la représentation qui a été donnée, reçue, notre mythologie familiale. Mais ça ne suffit pas, ça ne tient pas, on le sait. Bref on nous a menti on nous ment on se ment, tout le monde ment et se ment pour rendre le réel et la vérité de celui ci à peu prés supportable
Généalogie, fouille, mise à jour, archives, documents, état civil. Dépouillement.
Alors pourquoi ce besoin irrésistible de savoir, de compulser ces vieux papiers pour reconstituer son histoire, assembler le puzzle et s'inscrire dans cet historique, en haut de la pyramide;
La curiosité ? sans nul doute, mais pas seulement, la légitimité ? Oui celle de la filiation, venir, être issu de quelqu'un avant soi. Encore faut-il savoir qui est ce quelqu'un.
L'Archive peut livrer ce secret, lever un voile, combler le vide du non dit. Lire un acte de naissance, de mariage, de décès n'est pas sans conséquence, sans violence non plus parfois. Ce secret cherché ou pas, levé au hasard des feuillets au creux d'une liasse poussiéreuse ou maintenant de pages défilant sur l'écran de son ordinateur n'est pas sans risque. Ouvrir la boite de Pandore, refermer ? Mais être surtout tenté d'aller encore un peu plus loin. A ses risques et périls.
Gene et alogie ! absurdité de l'hérédité ?
Chercher permet de trouver ce qu'on ne sait pas encore, mais aussi accepter que l'on peut ne pas trouver. ll y a de la frustration, de l'ingratitude dans cette quête là ! On ne trouve pas toujours ce qu'on l'on aimerait... Parfois on aurait préféré ne pas trouver. Rester dans l'ignorance ou le mensonge. C'est un peu comme avant d'engager une thérapie ; partir à la découverte de soi n'est pas sans péril, aller au devant de son Je est un chemin semé d'embûches et de résistance. Les chaines étant parfois plus confortables que la liberté, l'essentiel étant de pouvoir avancer sans trop d'entrave.
Partir à la rencontre des autres que soi mais qui sont à l'origine de soi est une bien belle aventure, à condition de se délester du poids de leur histoire qui n'est pas la nôtre.
Personne n'arrive à la généalogie par hasard, il y a la question essentielle à l'être qui taraude : Qui suis-je ? Mais aussi d'où je viens ? ll faut trouver une réponse à ce quelque chose qui cloche qu'on ressent, pressent, sent sans trop savoir pourquoi ce quelque chose non dit, tu ou chuchoté mais si fort qu'il cogne et qu'il faut comprendre. Aller voir ce qui ne nous est pas montré. Aller aux racines, à l'origine de soi.
ll en faut du courage pour aller sur ce chemin là pour extirper les fantômes de la crypte, penser que ces minces feuillets, tachés, déchirés, raturés, biffés vont nous délester, nous soulager de ce poids, il en faut du courage pour lire "né de père inconnu" et savoir alors que jamais on ne saura. ll en faut du courage pour aller au devant des registres de matricules, archives militaires et autres vestiges du passé de ces autres.
C'est là peut-être qu'aller à la recherche de sa filiation afin de s'inscrire dans celle ci prend tout son sens.
Nous ne ressortons jamais indemnes de cette quête là de ce film du passé que nous mettons à jour et en scène en ouvrant ces cartons, en lisant ces lettres qui ne nous sont pas destinées. Nous voilà intrusif curieux et voyeurs de ceux qui voudraient peut-être dormir en paix. Ce sommeil peut aussi être bien difficile à trouver, il nous appartient peut-être d'y remédier.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste.
Aux miens, à mon père, à mon grand père. A ma famille.
mercredi 3 mai 2017
"Mes parents ne m'aimaient pas"
Elle dit "mes parents ne m'aimaient pas"
Silence
"Je pense qu'ils ne m'aimaient pas, c'est ce manque d'amour là qui m'a permis de vivre"
Silence
"Ou pas"
Silence
"'Pour vivre, ça je vis... Vous voyez... Vous me voyez... mais est-ce que je vis ? Vraiment ? Y a t-il quelqu'un dans le je que je dis quand je parle de moi ? Mes parents ne m'aimaient pas, alors est-ce que je suis ?"
Silence.
"Je n'arrive pas à pleurer... Longtemps je leur en ai voulu de ne m'avoir pas aimé, maintenant je m'en fous, ils sont morts, et je n'ai pas pleuré, je ne les ai même pas enterrés... lls étaient morts de toutes façons... Depuis longtemps... Je ne sais pas ce que c'est d'être parent, mais je sais ce qu'être enfant, donc je n'ai pas d'enfant, et je ne suis pas parent"
Silence
"Je ne veux pas transmettre ça c'est héréditaire ; peut-être génétique.... Allez savoir, leurs parents ne les aimaient pas. Personne ne s'aimaient dans cette famille"
Rires
"Famille : vous allez rire, comme moi ! mascarade, mystification, mensonge ! que de tout ça. Ah de tout ça, je vous le dis ! ll y en avait de la haine, de l'envie. Cette famille c'est les sept péchés on peut même en trouver de nouveaux, je vous le dis, je suis le péché de cette famille, celui qui enfin va la faire crever, car ce n'est pas normal..."
Soupir
"De ne pas s'aimer quand on est une famille"
Silence
"C'est meurtrier la famille quand ça manque d'amour, ça vous tue, à petit feu, et ça vous fait mourir, c'est un cancer qui vous ronge"
Silence
"C'est pour ça, pas de famille, pas d'enfant ... Je suis un peu morte"
Larmes.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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