Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 21 mai 2008

Intrusion

La Birmanie, le droit d'ingérence, l'intervention, l'aide internationale, les condamnations, le refus de cette aide..... Et tant d'autres choses encore !
Doit-on ? Ne doit-on pas ?
De quel droit ? De celui du plus fort ? De celui qui sait ?
Mais qui sait quoi ? Ce qui est bien ou pas ?
Cette question est en effet fondamentale, elle fait actuellement couler beaucoup d'encre. Une partie de la population mondiale assiste impuissante à la mort lente de quelques milliers d'individus. Ce n'est pas nouveau, cela fait des siècles et des siècles !
On voit la mort, pas vraiment en vrai, sur le petit écran, mais où est la différence entre la vraie mort et la fiction.. Celle où les figurants se relèvent ?


Curieusement, on s'indige de l'attitude des gouvernants, des responsables, des politiques, des militaires qui dirigent ce pays. Qui se sont proclamés responsables, qui s'en sont autorisés d'eux mêmes. Qui ne sont pas dignes, pas forcément convenables, conformes...A une certaine idée de la démocratie ?


Curieusement, je n'entends et ne lis que peu de compassion, d'empathie pour ces hommes, ces femmes et ces enfants qui meurent à petit feu.

Mourir encore ! Quelle fatigue de voir et de voir encore la mort, défiler sous nos yeux.. N'aurait-on rien d'autre à nous montrer ?
Mais c'est loin, il y a la distance, la distance en Km, mais la distance psychologique aussi, comme dit le bon sens commun, loin du coeur....


Le problème essentiel se résume au droit d'ingérence. Doit on imposer l'aide à ce pays dont les gouvernants n'en veulent pas.
Curieux paradoxe que celui là.... Aider, contre, donner, alors que l'autre ne veut pas. Imposer une aide.
Comment le peut-on ?
Au nom de qui ? De quoi ? Du droit de qui ? Du droit de quoi ?
Je ne rentrerai pas au fond du problème, savoir s'il existe ou non, mais je crois que c'est le cas, une clause spéciale autorisant l'ONU à intervenir quand une population est en souffrance.
On pourrait reposer les mêmes questions quant au fondement de cette clause, de cette loi, de l'ONU.
Il s'agit ici de l'autre. Ce qui signifie d'abord reconnaitre, et admettre cette notion d'altérité. De différence, d'autre autre.


Oui, une population est en souffrance, elle est en danger, elle est maltraitée... Nous sommes devant le schéma de la victime et de son agresseur. Seulement dans ce cas précis, il n'y a pas une victime, mais des victimes et des agresseurs
Des responsables qui eux estiment que c'est bien de ne pas intervenir, qu'ils n'ont pas besoin de l'aide d'autres pays. D'une aide qui se veut humanitaire !



Qu'ils se suffisent à eux mêmes, s'auto suffisent, comme ils se sont auto proclamés, qu'ils savent ce qui est bien, du moins qui ont décidé de ce qui était bien. Si toutefois cette notion a un sens, existe...Signifiant ? Signifié ?



La Russie de Poutine a réagi de même lors du drame du Koursk, laissant mourir des hommes au fond de l'océan, afin que l'occident ne contemple et ne ne mesure l'ampleur de leur manque, de leur retard... ne se mèle pas de leurs affaires, militaires en l'occurence; L'intime de l'Etat.
Pénétrer dans ces domaines n'était pas imaginable, représentable,
Ces domaines là sont réputés inviolables et doivent le rester... Rien ne doit transparaitre, déborder, laisser deviner, laisser suggérer....

En est-il de même ici ?
Que cache t-on ? Que ne veut-on pas qui soit vu ? Que ne veut-on pas montrer à voir ? Et pourquoi ?
Pourquoi, cacher, taire...
Pourquoi ne doit on pas voir ? Sinon quel danger courons nous, ou plutôt quel danger court éventuellement l'autre
Qui en laissant voir, ou entrevoir, deviner, ouvre alors une faille où l'ennemi, l'autre pourrait s'engouffrer
Est ce là, la crainte de la faille est cepour elle qu'il ne faut pas faillir, ne pas faillir et sacrifier des vies, qui vont payer ce prix.
Cette faille, ce petit vide qui laisse entrer. Laisse entrer ce qu'on ne veut pas forcément ! Ce qu'on n'attend pas, ce qu'on ne maitrise pas non plus !


Le prix du non laisser à voir
Plutot mourir que de laisser voir, laisser deviner, laisser pénétrer ce territoire secret, intime qui ne doit pas être dévoilé au risque d'un danger terrible, une certaine peure de perdre une virginité grotesque qui ne convainc pas même celui qui faint d'y croire.
Curieux comportement, comportement pathologique à différéents niveaux. Car au nom de ce désir de ne pas montrer, on sacrifie la vie d'innocents. Mais quel prix ont ces vies ?
La vie a t-elle un prix ?
Que vaut l'individu ? Le sujet ? Est-il un sujet ?
Y a t-il une place pour le sujet ? et de quelle subjectivité est-il question?
L'homme n'est il pas une fraction de l'état, d'un état qui n'est ni providence, ni providentiel ?
Ingérence ? Intrusion ?
L'autre ici serait un intrus, un étranger dont on n'a nulle envie de voir pénétrer ni le sol ni les secrets que pourrait renfermer ce sol, ou se renfermer sur ce sol, qui se referme et se refermerait encore et encore, peut-être à tout jamais
Intrus et étranger, exil de soi même, exil en soi même
Mais que pense l'occident de l'étranger ? De l'étrange étranger ? Qu'il craint parfois, souvent de voir pénétrer son sol...Et s'y planter
Pourtant cet occident là, voudrait pénétrer au nom de quoi ? Au nom du droit qu'il s'est donné sur le sol étranger, d'un étranger étrange mais qu'il voudrait aider...Humainement aider...
Prétendre apporter de l'aide, prétendre apporter un savoir, à ceux suppose t-il qui ne savent pas, mais qui devraient savoir quoi ? Au juste ? De juste ?
Qu'est ce qui est juste ? Qu'est ce que le juste ?
L'intrusion de l'intrus dans l'étrange étrangeté étrangére à soi même ?
Au risque d'être paranoïaque on pourrait dire que l'intrusion est partout, que tout est intrusé, pour être ustensilisé... Manipulation ?
Intru. Instru... Mentalisation. On pourrait dire ça, en effet
Mais l'essentiel reste dans la certitude de certains, d'être certains d'avoir raison, de savoir ce qui est bon pour l'autre. Sans savoir qui est cet autre, et encore moins sans s'interroger sur ses réels besoins. Encore moins sur ces désirs ?
Mais quels désirs ? Le désir de l'un puisque l'autre n'apparait que contraint et soumis par le désir de l'autre. Désir de bien faire ? Cela n'est pas le propos, mais désir de faire et cela suffit, suffit à faire et surtout défaire, et déffère une autorité, une toute puissance qui n'a de raisons que la raison du plus fort !
Intrusion dans le désir de l'autre, signifie non seulement nier le désir, mais fondamentalement nier l'autre. Le nier, le dénier, et ne lui reconnaitre qu'existence en fonction de soi, et seulement de soi...
Ingérence et intrusion. Manipulation et instrumentalisation. Violation des droits, mais violation de ses devoirs, par une intrusion massive qui annule et annhile l'autre qui n'existe pas, qui n'existe plus ou qui s'il veut exister, doit obligatoirement passer par le désir et le bon vouloir de celui que se dit, savoir et être fort !
Jusqu'où faut-il aller ? Instruire et intruser ?
Sauver ? Aider ? Proposer ? Guérir ? Instrumentaliser ? Apaiser ? Reconnaitre ? Respecter ?

2 commentaires:

Charles a dit…

Ce message se termine par ces mots : Sauver ? Aider ? Proposer ? Guérir ? Instrumentaliser ? Apaiser ? Reconnaitre ? Respecter ?
Aider et entraider n'est-ce pas simplement pratiquer la compassion ?
Que voudrions-nous que l'autre fasse pour nous en pareil cas ?
N'attendrions-nous pas avec impatience, cette ingérance, cette intrusion ?
Sauf qu'aider la victime = aider le bourreau qui se dit sachant pour tous.
Cruel dillemme qui se pose ici à tous : tendre la main à l'autre, le bourreau, ou rester dans le silence et l'isolement auquel il nous convie par sa résistance, son ignorance de l'autre, justement.
Merci Castor.
A bientôt.

Brigitte Dusch a dit…

Là est toute la question : victime ET agresseur, l'un n'existe pas sans l'autre. Il ne faut donc nier ni l'un ni l'autre, ni ignorer l'un ni ignorer l'autre.
Mais comment faire quand l'un demande et l'autre ne demande rien, ou lorsque sa demande ne se situe pas sur le même registre. Qui instrumentalise qui ? Nous sommes dans une relation perverse narcissique, où chacun ustensilise et y trouve fondamentalement quelque chose, ou quelque bénéfice secondaire, ne serait-ce que la "bonne conscience"
Merci, d'être passé, d'avoir lu et d'avoir laissé un commentaire
Bien cordialement
Castor

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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