J'ai toujours aimé les mots, les jeux de mots, jouer avec les mots, apprendre des mots, leur sens... J'ai appris à les aimer très tôt, très jeune. L'amour des mots m'a menée vers la littérature, l'histoire, mais aussi vers la psychanalyse : la mise en mots...Les mots qui viennent...Les mots qui disent...
C'est ma grand mère, je crois qui m'a transmis cet amour là, celui de la justesse de la langue : toujours tenter de trouver le mot qui convient pour se faire comprendre le plus justement possible, pouvoir ainsi traduire au plus juste sa pensée, ses émotions, ce qu'on veut dire...à soi d'abord puis à l'autre, justement
Le souci de l'autre ?
Je me souviens du Larousse en deux volumes, qui ne retrouvait jamais sa place dans la bibliothèque, car on l'utilisait plusieurs fois par jour...Et on ne le rangeait pas...Car on en aurait encore besoin. Un besoin qui était aussi et surtout un plaisir, celui de la découverte.
Une merveilleuse aventure..
Besoin pour vérifier l'orthographe d'un mot, le sens exact, son éthymologie, son emploi...Son histoire et son aventure à travers le temps, à travers les temps, prendre le temps de découvrir tout cela ! L'incroyable aventure des mots, de mots en mots, au fil du temps, au fil des hommes dans le temps.
Il y avait bien d'autres dictionnaires, plus neufs et plus récents, des encyclopédies, mais ces fameux dictionnnaires, j'y revenais toujours, ils me faisaient rêver, et c'est avec eux, que j'ai appris à lire et à aimer la langue. La langue de France, la langue des écrivains.
La langue, les mots, et la grammaire...
Plus tard à l'école, j'ai découvert le bonheur de jouer avec ces mots, de les assembler, d'en faire des phrases, de les mettre en ordre et dans le désordre, les conjuguer, les accorder...Mon plus grand plaisir était de faire des analyses logiques, décortiquer les phrases, trouver le verbe, les compléments différents, trouver les combinaisons, le code "secret" du discours de l'auteur .
Puis ma mère, qui aimait tout autant les mots, mais aussi et surtout la littérature m'a fait découvrir ce que les mots veulent dire si on prend la peine d'aller à la découverte de leur mystère. C'est avec elle que j'ai appris à lire et écrire des textes, des résumés, des synthèses... A exprimer ce que je ressentais... A sentir, ressentir très tôt ce besoin d'écrire.
Et de lire. Tout, les journaux, les livres, les magazines, les poésies, les fables, les essais....
Aller au devant de celui qui écrit, qui prend la peine de mettre des mots sur des émotions, des idées, pour nous les transmettre, nous les faire partager, nous les offrir, nous faire réagir. Aller à la rencontre de cet autre là, de cet autre différent, qui pense, qui ressent et qui dit !
On ne reste pas insensible aux mots, ils déclenchent toujours quelque chose chez qui prend la peine de s'y arréter. Des larmes, de la peine, du rire, du bonheur, de l'indignation, de la colère, de la joie...Et l'envie de répondre ! Les mots qui appellent d'autres mots, qui s'enchainent, qui se suivent, qui se mêlent, qui se démêlent, qui se déchainent...
Lien social, discours, dialogues....Conversation, liens des hommes, liens entre les hommes ! Liaisons qui deviennent dangereuses parfois, les mots sont une arme, ou peuvent le devenir, pour qui veut sans servir de la sorte ! La guerre des mots, la guerre en mots !
Echanges !
Mots d'amour aussi, billets tendres, liaisons.... Et change.
Mots instruments, outils pour dire, se faire entendre qui servent à construire et élaborer des plans pour argumenter, disserter, exposer ses idées . Comprendre.
Etre compris... Au mot le plus juste... Pour être compris
Par l'autre encore...
Pour l'autre !
Car nous vivons dans un monde où tout est langage, où le mot est le mot de passe du lien social, pas seulement une sorte de sésame, mais aussi et surtout, un passeur.....
Le mot de la passe, le mot de l'espace !
Passe le mot et passe le temps, le mot reste et le temps passe.
Et à mon tour, je passe, je passe et repasse les mots, l'histoire des mots, le goût des mots, l'amour des mots...Etc...
Nous sommes des passeurs, de passage, certes, mais pour passer...Dépasser aussi. La passe des mots : Etrange et bien curieuse mission que celle là !
Les mots sont peut-être pour moi une affaire de femmes, une transmission de femmes, une sorte de langue maternelle !
La langue mère de la mère, amère parfois, et la langue et la mère, et la langue de la mère, la transmission aussi ?
Une affaire de mots, de langues et de femmes, de femmes dont on dit qu'elles ont toujours la langue bien pendue !
La langue qu'on donne, qu'on offre en cadeau, à l'enfant qui vient de naître, même avant de naître cet enfant là sait que les mots existent, puisque sa mère, une femme encore lui parle...Lui dit les mots d'amour ou de tendresse, de haine ou de détresse... Mais lui dit ! dit les mots.. Les maux, les mots des maux...
Ils sont aussi l'affaire du père, du père qui parle qui dit les mots, les mots d'amour ou de haine...
Mais tout est langage, et l'enfant baigne dans ce langage ! Langue et mots qu'il sait, connait et reconnait quand il ouvre les yeux tout grands à la lumière, à la lumière de l'autre, cet autre qui lui apprendra à nommer....A être parmi les autres, et l'Autre !
En apprenant les langues anciennes, (ou simplement en s'y interressant) on ne peut qu'aimer encore davantage les mots, la langue...Et la comprendre !
On peut s'amuser à décomposer, à recomposer. N'est-ce pas à partir du latin et du grec que nous formons les mots nouveaux, ceux qui justement nous manquent parfois pour désigner quelque choses de nouveau ?
Nous parlons d'ailleurs latin, sans le savoir, comme ce brave Monsieur Jourdain...Ainsi nous regardons une vidéo (je vois) une cassette audio (j'entends) !
Comprendre le monde, son histoire, comprendre l'homme avant qu'il ne devienne un sujet
Comment l'homme a t-il forgé sa langue, tel l'artisan, qui a modelé, façonné, les mots, a retiré des lettres, en a rajouté...A ajusté les mots au contexte, a crée selon le besoin le mot qui manque pour nommer la nouveauté.
Créatif et imaginatif, mais toujours selon une certaine logique. La racine des mots, la racine du mot, son origine, le "là" d'où il vient.
Il vient de quelque part...Ainsi cette origine nous permet parfois de décomposer le mot le plus mystèrieux et inconnu qui se présente à nous pour en comprendre le sens !
Le mot est vivant, il nait, vit, et vieillit et parfois meurt !
Le vocabulaire change, parfois perd son sens, ou en prend un autre..Qu'on ne comprend pas toujours, ou qu'on ne comprend plus
Comme si les siècles les avaient patinés, mots galets, roulés par les vagues, les eaux tumultueuses des ans qui rodent et érodent sens et sang...Le sang des mots, l'âme des mots,
Les mots sont animés et prennent toute la puissance que la parole leur donne... La parole, celle qui lache le mot, l'abandonne à l'autre, à l'Autre !
Ils vivent et nous les faisons vivre. Nous naissons avec cet héritage, lointain ! Ils étaient là avant nous, et seront là encore longtemps après nous.
Les mots, la parole et la langue.
Tryptique essentiel et fondamental, trilogie de l'homme sujet qui nait, vit et meurt au milieu d'un monde parlé et parlant, qui baigne dans le langage, qui hérite et tansmet la langue, maternelle ou pas, qui apprend d'autres langues, parlée ou non, pour communiquer avec ses semblables mais aussi avec lui même
Dire et écrire, pouvoir s'exprimer, exprimer sa pensée, ses idées et ses émotions, dire à l'autre, mots qui viennent par la bouche et par la langue, organe de la parole.
Mots qui s'écrivent sur le papier, qui se tissent sur la toile...
Mots encore et encore pour dire à l'autre, qui entend ou non, mais qui peut répondre
Une adresse !
Mots qui sont des codes, langue des signes, faire signe, signal que l'homme veut dire et communiquer, attester de sa présence, de son passage, et qui passe le relais au futur, qui laisse le passé dans les mots, simplement en les disant, les écrivant mais aussi et surtout en les faisant vivre
Mots vieux, usés mais qui servent toujours, qui n'ont parfois plus tout à fait ou plus du tout le même sens que dans le passé, mais qui survivent encore
Mots vieux et dépassés, "désuets" -que ce mot est joli, léger et plein de charme- qui évoquent une époque révolue, parfois pas si lointaine !
Mots écartélés ou amputués, qui désignent une chose
Mots nouveaux, construits à partir des racines grecques ou latines pour désigner ce que la science à découvert récemment...
Mots à faire encore, car le progrés est là, et il faut nommer, mettre un mot sur la maladie, la spécialité, l'instrument...
Le mot est notre compagnon de tous les jours, des bons, des moins bons et des mauvais, il est là, et on peut se servir dans cette manne inépuisable.
Oui, mais voilà, s'en servir, mais pas n'importe comment, car si le mot est là et bien là, confortablement sur le bout de notre langue ce n'est pas une raison de le mal mener, de le mal traiter, de le blesser, de l'écorner, de l'amputer... Mais laissons là ces considérations qui feront l'objet d'une autre réfléxion...
Le mot, comme tout ce qui vit, évolue, change, son sens s'amplifie, s'atténue au fil des siècles, ne désigne pas toujours la même chose, la même émotion. Les registres de langues aussi sont différents...
Un homme du XVII° siècle comprendrait-il encore l'homme d'aujourd'hui ?
Rien n'est moins sûr !
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
1 commentaire:
cher Castor,
hier j'avais écrit un commentaire trop long peut être qui ne s'est pas affiché alors je résume:
Merci infiniment pour tous ces mots que vous faites résonner et raisonner entre eux …
Le rôle de la mère , de la langue maternelle est si important : j’ai encore le laroussse en cuir vert que ma mère avait toujours sur son bureau :elle avait tant souffert de ne pas avoir appris le fançais avant sept ans (pour cause d’annexion de l’alsace-lorraine).
Evidemment après une incursion dans le monde des mots qui jugent (j’ai fait un peu de droit) j’ai retrouvé les mots qui explorent le monde à la fac de lettres :)
Quand j’étais jeune j’adorais les « mots d’esprit » qui me venaient facilement, qui amusent mais je me suis rendu compte de leur charge d’ironie et de méchanceté et j’ai essayé de me débarrasser de ce tic. J’ai oublié le jeu de mots. Et vous m’avez fait découvrir une façon de jouer avec les mots pour leur donner sens qui me …ravit (l’Ecriture est truffée de mots qui ne demandent qu’a livrer leur sens caché dans une pirouette spirituelle) pour faire jaillir une lumière et non pour moquer ou blesser ! quel bonheur !
Alors encore un grand très grand merci pour cette porte que vous m’avez permis de rouvrir !
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