C'est la maladie je crois qui nous confronte à la vulnérabilité, une certaine forme de vulnérabilité, notre vulnérabilité, notre moi vulnérable, du moins c'est une des possibilités.
Elles nous amène à voir notre fragilité, celle de notre condition, celle de l'être humain que nous sommes. Que nous ne sommes !
Humain, justement, car nous ne sommes qu'humain, avec des possibilités, énormes, un potentiel, gigantesque. Certes. Mais humain, avec avec des limites, des impossibilités, énormes elles aussi.
Souvent ces limites nous les repoussons le plus loin possible, nous croyant invincibles, insensibles à la faim, à la soif, à la douleur, à la fatigue...Nous croyant capables de vaincre, d'assumer, de faire face, d'y arriver, encore, encore, encore plus...
Nous repoussons sans cesse nos limites, les dépassant, les surpassants...Au delà, encore...
Nous nous voyons, croyons, invulnérables, et y sommes encouragés, "peut mieux faire !" injonction caractèristique, répondant à "l''encore plus" presque caricatural de notre société ultra libérale.
Qui laisse croire, que tout, même ça, surtout ça est possible "yes I can" !
Mais...
C'est la maladie souvent qui nous met face à face à cette réalité ! Un rendez vous pas pris, un impondérable, une mauvaise rencontre que celle là...souvent brutale est non seulement douloureuse mais intolérable.
Intolérable, et le déni lui même devient insupportable et ne protège plus de rien, pas même de la réalité, surtout pas du réel....Innéficace, inopérant, rien !
la maladie est là, s'infiltre dans cette faille, ce petit vide qui est en nous... Ce moment de vulnérabilté, de fragilité...On cache, on ne veut pas voir, on tire le rideau, on fait comme si... Jusque...
Rien ne peut plus masquer, rien ne peut plus donner l'illusion, permettre de faire semblant. De faire comme si, de faire comme avant.
Car désormais il y a un avant, le temps de notre histoire se clive, l'avant et l'après, en laissant curieusement ce pendant, ce moment présent qui délite et se délite.
Plus rien ne tient vraiment, puis plus rien ne tient du tout, tout s'en va, s'effiloche, se détricote, on ne fait plus face, on ne garde même plus la face, la face de quoi ?
La maladie elle, fait face, regarde dans les yeux, nargue le sujet, s'immisce et s'impose quel que soit le combat, nous le savons il est truqué d'avance.
Est-il question de combat ? De guerre ? D'usure peut-être, car la résitance parfois s'organise, le front recule, gagne du terrain, mais ne fait jamais de quartier, et le combattant de l'ombre, qui n'est parfois plus que l'ombre de lui même s'abat sans avoir eu le temps de se rendre, de déposer les armes, de jeter son glaive aux pieds du vainqueur, Vae victis !
C'est une trahison, la pire de toute, car c'est une trahison intérieure, intime, privée, profonde la trahison de soi. Car, si on ne compte pas forcèment sur l'autre, on compte parfois un peu sur soi même, se sachant fort, solide, se croyant fort, solide.
Prêt à faire face, prêt à se dépasser prêt à attaquer, prêt à se battre, prêt à adopter toutes les positions, les stratégies...
Force ! Fi de la force ! Et de quelle force ?
La force de l'esprit, c'est peut-être celle qui ne nous lache pas, du moins tout de suite
Mais très vite le corps, encore lui, ne suit pas, ne suit plus.
Le corps qui confronte au réel, à la trivialité du réel...
Le corps lache ! le corps trahit ! le corps ne peut pas, le corps ne peut plus ! Le corps n'en peut plus, il ne suit plus, il ne peut plus même faire semblant.
Le corps lachement lache !
Trahison !
Terrible cette trahison là, on ne peut même plus compter sur soi...
Plus question de compter, pourtant le temps semble être compté, se compter, se conter, lentement, même si on ne peut se conter des histoires....C'en est fini, le corps lache, il nous abandonne lâchement. Quelle lacheté !
Sauvagement presque,
Nous laissant là, hébèté, seul, au ban de notre soi, au ban de nous même, dans le dénuement le plus douloureux qu'il soit !
Un face à face sourd et aveugle où l'autre ne manque pas au rendez vous, pire encore ! Il est là, mais quasi inutile, presque encombrant
Nous voilà avec un corps qu'on ne reconnait pas, qu'on ne connait pas, ou plus, qu'on n'imaginait pas, qu'on ne soupçonnait pas,, qu'on ne voulait pas voir, qu'on ne voulait pas montrer à voir, se montrer à voir
Cette représentation là, n'est pas de l'ordre du possible, ni de concevable.
Estompé, vite escamoté, "ça n'arrive qu'aux autres" pas à un moi, immunisé, fort et tout puissant
Le mythe s'effrite, s'effondre, tombre brutalement dans le vide, dans ce puits sans fond, qui n'est pas la mort, mais presque pire....
De tout puissant, le sujet se retrouve à la merci d'un corps qui le trompe, qui n'est plus vraiment lui, qu'il ne comprend pas....
Terrible impression que de regarder, de toucher, de sentir ce corps là, étrange étranger qui est soi, image terrible que le miroir renvoie !
Etrange étrangeté, étranger à soi-même. Etrange corps que celui là..
Que l'autre voit.
Que l'autre regarde, et renvoit !
Regard sans pitié, sans tendresse, sans compassion ou pire...Peut-être ? Car que peut-il y avoir de pire que de lire la pitié dans le regard de l'autre, que d'y lire son angoisse et sa peur ?
De lire le regard de sa propre déchéance ? Qui annonce peut-être la sienne, éventuelle ?
Terrible cette déchéance là, rapide, inéluctable, le corps trahit, le corps se dérobe, mais non content de n'être plus au rendez vous, il devient source de maux,
Il se dévoile au plus fort de ce qu'il est, ou de ce qu'il n'est plus. La chair...Triviale et immonde...
Le corps devient mou, flasque, laid, affaissé.
Le corps se vide, se vide de ses substances, qu'il ne peut tenir, retenir, qui partent à la dérive, le laissant là, encore une fois, seul....
Le corps vidé, vide, un trou béant, inanimé, vidé de sa vie, privé, vide et avide à la fois...Quid alors de ce corps sublimé qui n'est plus, qui ne devient plus rien ? Quid ?
Corps désiré, désirant....Corps montré, corps exposé.... Corps donné à voir, donné à aimer, abandonné aux caresses, à l'amour, à la tendresse....
Corps aimé, aimant
Corps grimé, maquillé, maqué, caché, enveloppé, couvert....tenu à l'abri des regards !
Vulnérable à lui même, à la merci de son ennemi, son pire ennemi, qui n'est nul autre que lui-même. Son propre destructeur, l'instrument de son ustensilisation ultime !
La maladie, la veilliesse, il n'y a rien à faire, rien à faire qu' attendre
Rien d'autre à faire que d'attendre....Une interminable attente parfois, pour mettre un terme à cette souffrance, ultime délivrance !
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
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Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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