Avec le temps tout ne s'en va pas...
Non Tout ne s'oublie pas,
Ce serait trop facile, trop simple, trop.. Peut-être tout simplement ?
Avec le temps
On n'oublie rien...
Ce serait trop facile, trop simple, trop.. Peut-être tout simplement ?
Avec le temps
On n'oublie rien...
Le temps
N'efface pas, ne gomme pas, ne zappe pas,
Ne fait pas table rase d'un passé qu'on aimerait non oublier, mais qu'on souhaiterait moins présent, moins accablant.. Moins là peut-être ?
Un passé douloureux souvent, qui nous collent à la peau, à l'esprit, à l'âme, qui nous collent, nous envelope.. Qui...
Un passé présent, une sorte de fantôme, qui rôde, caché derrière une porte qu'on s'efforce de maintenir fermée, mais qu'on aimerait ouvrir, un peu, pour souffrir, encore, ne pas oublier la douleur, celle de l'absence, celle de la mort, celle du desespoir, celle de l'autre, qui n'est plus là, qui n'est plus.
Une porte derrière laquelle rôde un peu la mort, moribonde mais pas encore tout à fait, une mort qui dit, qui dicte les larmes, les angoisses, les peurs.
On se dit que pourtant cela fait longtemps maintenant, et que peut-être. Le temps ?
Mais le temps n'a rien fait, atténué peut-être, seulement la pensée, atténué un peu, car celle ci n'est plus si présente, plus tant au premier plan...
On se dit que le temps aurait du effacer, peut-être pas tout à fait, mais au moins un peu, même s'il laisse des traces... Un peu comme celles de la pluie sur la vitre qui nous empêche pleinement de voir, la lumière, le soleil...
Qui nous empêche de voir, complétement, vraiment,tout à fait...
Avec le temps, normalement
Mais normalement ? Quoi ?
Pourquoi le temps réglerait lui tout seul, tout cela, cette peine et cette souffrance, celles de l'absence, comme si d'un seul coup d'un seul, du revers d'une main, il balayait tout ça, envoyait au loin se promener un pan de toute une vie
Alors on demande, on se dit que celui qui oublie a bien de la chance, heureux celui qui se perd alors dans les brumes de l'oubli, qui erre sans jamais retrouver le chemin, ou qui par un heureux hasard aborde une autre rive, d'un bien heureux rivage
Heureux alors celui qui aurait fait ce beau voyage
Mais qui ne serait pas rentré chez lui !
Souffrance pour l'autre, marqué par le temps, qui ne veut rien entendre, qui ne veut pas l'alléger de son fardeau de peine.. Qui ne veut pas. Ingrat que celui là
Avec le temps tout ne s'en va pas !
Avec le temps tout revient, en pleine figure, à l'image du fouet, qui ravive la douleur, la plaie béante, qui cicatrise et se rouvre pour faire mal plus encore
Avec le temps, on n'oublie rien
Et c'est ce rien qui est terrible, ce rien qui blesse qui tue parfois !
Ce rien qui fait que victime de l'impossible oubli on traine ce temps, qu'on s'évertue en vain à tuer...
Impossible oubli ! Quel mal que celui là..
Avec le temps !
On n'oublie rien....
La douleur, la souffrance, l'absence s'estompent, on le croit, on veut le croire un bref moment, peut-être un peu, mais non, elles sont bien là, incrustées, enchassées......
Elles sont bien là, fantômes obscurs, impalpables, tapis au fond d'une mémoire qui pourtant pensait bien qu'avec le temps, tout foutrait le camp !
Avec le temps... Elles sont bien là !
Ne s'estompent pas, pâles, en demi teintes, s'anesthésient peut-être un peu, mais se reveillent souvent, pour un rien, une pensée, un mot, une odeur...Alors...
Le fantôme s'anime et la douleur, remonte, prend vie, s'invite et s'incruste...
L'absent présent nous manque toujours, plus encore, nous qui sommes là sur le chemin, seuls sur la route du présent, ce chemin de pierres et de ronces où il nous a laissé inconsolable, pleurant des larmes de verres tranchantes comme le diamant.
Des larmes versées sur l'absence, l'absence du manque de nous même
Ingrats que nous sommes !
Alors en nous cette impression muette de n'être plus qu'un survivant, un pâle spectre aussi, qui erre dans le seul but de ...
Une âme meurtrie qui continue à faire semblant,
Jouer un jeu où il n'y a plus rien, plus rien vraiment qui vaille le coup, plus rien vraiment avec tout ce temps..
Prendre le temps de voir le temps, d'espèrer qu'il changera tout, qu'il pansera pour qu'on ne pense plus, ou qu'on y pense moins douloureusement.
Le temps n'arrange rien, il continue, il forge encore, et la peine est là, se nourrissant au fond des coeurs, au fond de l'âme, plaie vive qui se plait à ne pas se refermer, jamais.
Il est de ces plaies qui restent ouvertes, avec le temps elles ne sont plus béantes, du moins c'est ce qu'on croit. Et puis.... Il ne serait pas décent de montrer à voir ce chagrin là aussi longtemps !
Ceux qui souffrent du manque de l'autre, savent, se taisent, mais savent. Leur coeur, comme leurs yeux est emprunt de cette mélancolie sourde, de cette tristesse infinie, de cette fêlure, de cette faille, de ce manque là, qui ne reviendra pas. De ce présent là, qui n'est plus qu'un pâle fantôme encore d'un passé qui ne veut pas vraiment d'avenir.
D'un à venir, différent de l'avant...
Car rien, plus rien ne pourra être comme avant, cet avant d'avant la perte de l'autre...Cet avant d'avant l'absence !
Le temps n'est rien ! croire qu'il fait oublier, qu'il efface la peine infligée par la souffrance est un mensonge, pire une supercherie ! Une mystification, une imposture
Une posture qui ne tient pas, qui ne peut tenir !
On se dit qu'on pourrait peut-être ?
Avec le temps on n'oublie rien, on se ronge, on se meurtrit, on s'use et tire étirant la peine, tricotant les fils du souvenir pour se raccrocher à une toile.. Insignifiante et frêle, tenue et fragile.
Et on se surprend de sourire, de rire parfois et on se dit qu'on ne peut pas, qu'on n'en n'a pas le droit parce que l'autre n'est pas là, qu'il n'est plus là, et qu'on lui vole ce moment là, qu'on lui prend, qu'on l'oublie, peut-être
Revient alors cet impossible oubli, qu'on fait, qu'on rend, qu'on veut, qu'on désire impossible.
Le temps, nous a donné , il nous a pris
Et nous ?
A P. Avec toute mon affection
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