Elle a passé sa vie sans vraiment être là, un peu là. Un peu ailleurs, réfugiée dans des souvenirs, les siens.
Elle a passé sa vie parce qu'il fallait bien le faire, bon an, mal an, comme ça, comme si elle attendait quelque chose, sans vraiment savoir quoi.
Elle est restée là, un peu d'elle même figé, fixé dans ce passé là, dans cet ailleurs là qui était bien, mieux, qui aurait du être : si...
Dans un ailleurs vrai, bien réel, loin en distance mais proche en son coeur. Un autre lieu, celui où elle est née, mais qu'elle a quitté, un jour, pour ?
Elle ne sait plus très bien
Elle aurait du pourtant le quitter cet ailleurs là, pour un autre, bien plus lointain
Mais elle ne l'a pas fait
Pourquoi ?
Pour qui ? Plus justement, exactement, pour ceux qui ne voulaient pas qu'elle parte, pour eux, pour ces mêmes là qui voulaient la garder, là, près d'eux, parce que...
Ils pourraient peut-être avoir besoin d'elle, un jour, qui sait ?
Mais eux, semble t-il savaient
Alors elle n'est pas partie dans cet ailleurs là, n'a pas franchi cet océan immense qui l'aurait emmenée loin, de l'autre côté.. Elle est restée, elle s'est résignée .
Résignée, c'est sûrement le mot, qui résume toute son existence, résignée, et pire encore pour expier ce je ne sais trop quel désir, quel rêve qu'elle avait au fond d'elle même, elle s'est punie, toute sa vie.
Punie, sacrifiée, sans se plaindre pourtant, sans un mot, jamais.
Une colère sourde pourtant, une colère profonde, intérieure, une douleur, une écorchure, une plaie béante, impossible à refermer... Au fond de son être, de son âme blessée, écorchée vive.. Au fond de son coeur...
Son regard triste, lointain restait lui aussi figé dans des souvenirs, ceux d'une jeunesse lointaine, d'une insousciance où tout semble possible, il suffit de vouloir, vouloir vraiment
Cette jeunesse là qui sourit, qui regarde et vous dit "Vous allez voir"
Nous n'avons pas vu, nous n'avons rien vu, et n'avons été que les tristes spectateurs d'un spectacle qui s'est achevé dans la douleur.
Une tragédie que cette vie là,
Une vie passée sans vraiment voir, regarder, sentir, aimer...
Une vie passée pourtant
A expier les fautes passées, celles de les avoir rêvés, d'avoir révé sa vie, une autre vie ailleurs, loin, très loin
Alors, puisque cet ailleurs là n'a pas été possible, advienne que pourra, peu importe
C'est comme ça que la vie s'écoule, coule dans des veines qui n'ont guère besoin de ce sang là, qui n'ont guère besoin..
La vie est triste après tout, alors ! Faisons comme si.
Courbons l'échine, rangeons au fond du placard, bien tapis au fond des armoires, ces souvenirs là, ces promesses de bonheur là pour soi, car on ne les partagera pas, qui comprendrait ? Qui en voudrait ?
Personne.
D'ailleurs elle n'a aucune envie de partager, de dire, d'échanger, de donner, de parler, elle n'a aucune en vie
Seule au monde peut-être pas ?
Mais à quoi bon, à qui donc se raccrocher
Toute la vie est un chemin semé d'embûches, de cailloux, qui ne permettent pas de retourner sur ses pas, sur les pas du rêve, de la liberté, de la vie, de ce qu'elle avait esperé.
Elle a continué, malant, bonant... tout doucement
Son seul refuge fut sa solitude, la haine de l'autre ? Peut-être pas ?
Puis petit à petit... un nouvel espoir
Celui du bout du chemin, cette route qui bientôt s'achève, bon an, mal an
Alors tout doucement, l'oubli est venu, pas celui d'hier, ni d'avant hier, mais l'oubli d'aujourd'hui, de ce maintenant, de ce présent là qui s'est passé. D'un présent, qui n'était pas le futur rêvé.
Oubli de ce présent là, pour enfin pouvoir vivre vraiment l'hier.
Enfin !
Doucement elle s'est donné le droit de l'oublier ce présent là, ne reconnaissant plus "ses proches" puisqu'ils n'existent pas, et n'auraient pas été, si ce passé rêvé avait existé
Doucement elle s'est glissé dans cet oubli là
Ultime refuge, enfin !
Un peu de paix dans ce destin troublé, dans cette tragédie de la vie..
Un droit à l'oubli, où elle ne s'épargne pas..
Mon seul regret à moi est de ne jamais avoir pu lui dire que j'avais compris !
A J.
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
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Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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