Mon dernier article a suscité des commentaires sur certains réseaux
sociaux et c'est tant mieux ! Je ne peux y répondre en 140 signes cela
me semble un exercice un peu difficile, alors je vais tenter en quelques
lignes quand même, d'apporter quelques éléments, non de réponse, mais
peut-être de réflexions prolongeant les interrogations.
En effet
l'annonce d'un diagnostic se révèle toujours une épreuve, parfois un
soulagement : Enfin un mot pour mettre sur tous ces maux. Une
explication qui rassure car "je ne suis pas fou"..
Comprendre, faire des liens, associer. Savoir, car il faut bien quand même savoir !
C'est de soi, de sa peau dont il est question...
C'est
essentiel, mais ça ne suffit pas, car il faut à présent faire avec,
avec ce mot, inconnu, absent de la pensée il y a quelques instants.
Ce mot qui bouleverse, qui transforme et qui tue parfois ! Aussi !
Tumeur... Tu meurs !
Injonction infernale !
Un
seul mot qui suffit non seulement à envahir l'être mais à le bousculer,
le renverser, le déséquilibrer, car après une telle annonce, plus rien
ne pourra désormais être comme avant.
Tous les cliniciens ont
décrits les différentes étapes, de cet accueil singulier et extra
ordinaire qu'est celui de la maladie, des émotions, états d'âme, ce que je
nomme une "crise"
Car c'est bien de crise qu'il s'agit, une crise
qui se constitue dans le quotidien du sujet qui se sachant mal, se sait
à présent malade !
Un pas est donc franchi... Brusquement,
parfois ! Mais ce pas ne donne pas forcément accès au pire, même si
c'est ce pire qui arrive aussi brutalement à l'esprit.
Comme je
l'ai écrit, cancer, malgré toutes les avancées de la médecine signifie
encore dans bien des esprits (grand public mais aussi médecins hélas)
une condamnation à une mort certaine, lente, douloureuse, pénible.. Un
parcours du combattant, au mieux, car le soldat s'il combat, ne se rend
pas forcément sans avoir épuisé ses ressources ni tiré sa dernière
cartouche !
Et c'est là que se situe la différence, je crois.
Nul n'est forcé de se rendre... D'obéir à l'injonction qu'est cette condamnation mal nommée encore, mais pire sous entendue
Etre
positif n'est pas possible m'écrit-on ! J'en conviens c'est difficile,
voire impossible ! Comment être positif en sachant que le couperet peut
tomber ! Va tomber, penser ça à chaque instant... Mais nul besoin
d'être malade pour mourir ! Et qui sait quand ? Comme me disait un
patient "voilà, je sais que la mort est au bout, mais je n'ai rien
appris de nouveau, car ça je le savais déjà.. "
C'est peut-être ça
le plus difficile, être brutalement confronté à sa propre mort, sa
propre finitude, qui est le lot de chacun, mais comme l'écrit Freud,
l'inconscient ne connait ni le temps ni la mort, et l'homme se pense
immortel ! Alors l'annonce fait figure de rappel, nous place face à
l'épreuve du Réel qui est sans appel !
L'homme est mortel ! La mort, sa mort impensée et impensable... Comment faire avec ça ?
Pourquoi penser la mort alors qu'on est en vie ? Pourquoi ne pas se penser en vie, avoir cette envie... ?
Etre
positif semble en effet bien dérisoire face à ce danger, face à cette
menace, brandir cette étincelle d'espoir, cette injonction aussi
peut-être indécente, ridicule et grotesque, pourtant ! Conserver une
lueur d'espérance ne peut qu'aider, soutenir le désir.
Se battre !
Souvent le langage guerrier est de mise, une lutte s'engage entre soi
et l'intrus, celui qui squatte le corps, pour en déposséder le sujet,
faire son lit, son nid dans ce lieu pour mieux y déployer la mort !
Trahison, le corps lâche, accueille cet ennemi, collabore et ne résiste
pas ! Engager un dialogue, faire des compromis ? Mais lesquels ? L'un
veut la peau de l'autre ! L'un l'aura, l'autre pas !
Une sorte
d'histoire dont certains affirment connaître la fin, une histoire qu'il
convient pourtant d'écrire, en laissant chacun d'y inscrire sa fin,
comme il la souhaite, comme il le désire.
Car qui connait la fin ? Qui sait quand l'histoire s'arrête ? Qui peut décider de ça et dire ça ?
Résister
n'est pas seulement se battre les armes à la main, il y a les
combattants de l'ombre eux aussi, tout aussi efficaces.. Ceux qui usent
d'autres armes, d'autres outils, car tout est bon dans ce combat là,
dans cet affrontement là. On fait feu de tout bois car c'est de sa peau
qu'il s'agit, et qui mieux que soi peut savoir comment la sauver.. ?
Laisser à l'autre, celui soit disant supposé tout savoir décider que
ceci ou cela doit se faire, doit être... ? Lui laisser, lui donner se
pouvoir là ? Démissionner alors de sa propre vie et en confier les
rennes à un parfait inconnu qui hormis le nom de votre maladie ne sait
rien ou si peu de vous ?
Que faire : Résister, combattre, se
battre avec, apprivoiser l'intrus, s'en faire un ami, comprendre ce
qu'il fait là, pourquoi soi, se laisser aller, laisser faire, attendre,
avoir mal, culpabiliser, se fâcher, être en colère, démissionner, se
taire... ?
Oui que faire ? Ce faire là est tout aussi singulier
car qui va dire quoi faire ? Qui sait mieux ce qu'il faut faire, ce faut
qui est la faux qui se profile au loin pour rappeler que le jour
approche, ce dernier instant tant redouté mais qui disent certains
malades viendra enfin mettre un terme à tout ça ?
Espoir ! Lequel ?
Qui donne, transmet cet essentiel, fondamental sans lequel toute vie
n'est pas possible, cet espoir là qui permet de vivre avec, d'être soi,
simplement soi...
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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