"Tu ne te plaindras pas"... "Jamais tu ne te plaindras"
Injonction ou commandement ? !
La plainte, se plaindre n'est pas vraiment bien toléré dans nos sociétés, la douleur qui en émane, physique ou/et psychologique n'est au mieux pas entendue au pire pas prise en charge.
En effet il n'est pas vraiment de bon ton de se plaindre, de dire la douleur, de mettre des mots sur ces maux du corps, de l'âme ou de l'esprit, de dire ces bleus, ces blessures, ces hématomes là.
Tout juste quelques antalgiques anti quelque chose, pour mettre fin aux maux mais surtout à ces mots qui sont parfois pour l'autre intolérables.
Entendre la plainte n'est pas simple, pas facile, surtout quand on ne peut ni l'apaiser ni la soulager. Car même l'écoute attentive et bienveillante n'est pas un remède suffisant, parfois l'antalgique le plus puissant n'est pas la solution
Alors que faire ?
Que faire avec la plainte, que faire de la plainte ?
"Il ou Elle se plaint tout le temps, c'est fatiguant à la fin, elle ou il a toujours quelque chose, mal quelque part.."
Douleur, mal, plainte, bouteille à la mer, pour dire à l'autre j'ai mal, pas forcément aide moi, du moins pas directement
Mais que signifie t-elle ? Que veut le sujet de la plainte ? Pourquoi interpelle t-il l'autre, son alter non ego ? Que lui veut-il au juste ? Ou pas.
Qu'est ce que la plainte ? Porter plainte, qui dans son acception juridique signifie porter à la connaissance de l'autorité une infraction à la loi. Ainsi le sujet lui demande de reconnaitre qu'il a été victime de quelque chose qui lui fait offense.
Il y a là, dénonciation et énonciation d'un fait, l'expression d'un mécontentement, la plainte est portée devant l'autre chargé de faire respecter la loi que les hommes ont mises en place. Ainsi le sujet se plaint du traitement dont il a été l'objet, de l'instrumentalisation qui a été faite de sa position de sujet qui a été bafouée, maltraitée. Il dit, déclare, parle...
Il existe donc un discours de la plainte, une sorte d'espace lexical où l'on retrouve pèle mêle des cris, des mots, des gémissements, des larmes, des lamentations, ce plagere latin qui se veut bruyant et démonstratif, qui montre à voir ce chagrin et cette douleur dans des manifestations intempestives, hurlements, vêtements déchirés, coups portés sur et contre soi... Ces cortèges antiques, pleureuses où le corps tout entier est alors convoqué pour dire à l'autre et porter la plainte au dehors, aux yeux de tous, leur dire la mort, la peine et la douleur bruyante qui en résulte. Une douleur qui se montre à voir et à entendre.
Exporter, exalter la plainte, la faire sortir hors du corps pour que l'autre en soit témoin.
Tant de mots et de gestes qui relèvent presque de l'impudeur dans nos sociétés occidentales où souffrances et manifestations de celles ci se doivent d'être silencieuses, on doit avoir mal en silence et surtout ne pas se plaindre. Serrer les dents et ne pas déranger l'autre. La plainte se doit d'être muette et sourde. Elle ne doit avancer que masquer, le sujet se doit de la taire, de la faire taire de la garder silencieuse et l'autre alter non ego ne pas la voir ni l'entendre. Même pas la deviner !
La plainte intolérée devient intolérable. Il faut l'étouffer dans l'oeuf, la réduire au silence. Toute une panoplie de stratagème est déployée, médicaments en tous genres, analgésique, antalgique, anxiolitiques, formules de politesse et gestes de circonstances sont autant de circonvolutions qui porte la plainte loin du regard qui ne peut la soutenir !
Car elle peut être contagieuse, elle peut toucher et blesser, renvoyant à l'alter non ego, autre, témoin assistant mais non assisté son propre "je" ou "moi"insupportable.
Signaler, déposer, mettre en cause, voilà ce qu'est la plainte, voila ce qu'elle dit, ce qu'elle nous dit, son acception juridique en souligne bien l'aspect de monstration et c'est bien là le drama, l'action de la plainte.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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