Ce n'est pas que je veuille paraphraser l'admirable essai d' Eugène Enriquez De la Horde à l'Etat, mais l'actualité nous questionne à ce propos, nous y interpelle violemment.
Ce n'est pas non plus que je veuille donner un avis, porter un jugement, c'est simplement le constat d'un fait, qui se répète, et qui ne peut que convoquer ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes au sein de ce Lien social.
Ainsi Freud nous a montré à partir de son mythe scientifique Totem et Tabou comment l'être humain tente péniblement d'advenir à l'Humanité, essai de devenir un "sujet humain". Et cela ne va pas de soi, car non seulement le crime rode, mais le mal est toujours tapi, endormi au plus profond du coeur de ce même homme et ne demande qu'à se réveiller.
Ainsi l'homme primitif, l'homme de la Horde n'est jamais bien loin et sommeille toujours en chacun de nous.
Alors pourquoi cet article ? Réaction ou plutôt questionnement à partir de ces événements d'auto défense, mais plus encore à propos des soutiens qu'ils ont suscités. "Un commerçant abat celui qui la braqué... "
Auto défense ? Se défendre soi même ? Pourquoi ? Parce que la société, la Loi, l'état ne remplit plus cet office, cet état de droit que l'homme a lui même mis en place, qu'il a lui même substituer au désordre de la Horde cet état de droit dont il est à l'orgine et qu'il n'est plus en mesure de faire respecter ?
"Tu ne tueras pas" ! Un commandement, un interdit (celui que Levinas plaçait à la première place, avant celui de l'inceste) mais qui est aussi et surtout un des principes fondateurs du lien social
De ce lien qui permet aux hommes de vivre en paix, du moins dans une illusion de celle ci, car nous savons tous, que cette paix n'est que toute relative... Et l'actualité nous le prouve, chaque jour hélas !
Ainsi tout dernièrement, un homme a tiré sur un autre, pour se défendre, en état de légitime défense". Pour sauver sa vie, parce qu'il avait peur, pour lui, les siens, ses biens, parce qu'il avait déjà été agressé, parce qu'il ne se sentait plus en sécurité....
Sécurité ! Voilà le mot est enfin lâché. Cette sécurité qui permet, qui promet de vivre en paix. Une assurance que le lien social permet et promet, du moins en principe, du moins en théorie.
Qu'en est-il de la réalité ? Que montre le réel ?
Le réel c'est sur quoi on se cogne à chaque instant. Et ce réel là s'il est singulier n'en n'est pas moins terrible et terrifiant.
Qu'adviendra t-il d'une société ou chacun de ses membres se doit de maintenir, d'assurer sa propre sécurité parce que l'état ne peut le lui permettre. Parce que ce lien là est brisé, rompu ?
Parce que l'autre partie contractante se montre défaillante, ou pire à en lire certains commentaires des réseaux sociaux, "complice" ?
Tout cela est grave, c'est une situation d'urgence, ignorée, mais pendant combien de temps encore.
Dans un pays où la peine de mort est abolie, l'autodéfense, la légitime défense permet cette même peine. Donner la mort.
Quid alors de ce "tu ne tueras point", quand il s'agit de lui ou moi ?
Le citoyen rétablit lui même cette peine de mort en instituant la "loi du Talion" ?
Qu'est ce que cet état là ? de cette Cité là ?
Que sont devenues ses/ces Lois, celles qui mettent de l'ordre et assurent la protection des sujets humains qui sont en son sein ? Quid de tout cela ?
Vaste de débat, qui depuis des siècles reste sans réponse, sinon il n'y aurait plus besoin de tribunal, de prison, de sanctions... De Loi ? Peut-être ?
Quid de cette violence ? De ces violences ? De cet effet domino ? Car les citoyens prennent non seulement la parole, mais aussi les armes... Pour poser les actes, qu'ils estiment non remplis par ceux qui sont chargés de les protéger, de leur assurer la tranquillité....Pour répondre.
Jusqu'où ? Comment lire, interpréter ces pages de soutien à ces commerçants qui pour se défendre, blessent ou tuent leur agresseur, voleur ?
Comment ? Que fait l'Etat ? Entend-il ? A t-il au moins pris conscience de la gravité du message ? De la situation ? De ces SOS qui s'ils ne sont pas pris en compte vont précipiter ce qui reste de cette société malade vers le Chaos ?
Quid ?
Quid alors de ce qui fait le fondement, l'assise de notre société, de ce qui en pose la morale et l'éthique ?
Que penser ? Que dire ? Que faire ?
Juger, condamner, réagir de manière violente, émotionnelle, épidermique ?
Réagir sûrement car nous ne sommes pas de simples témoins, spectateurs impassibles des événements qui se déroulent, ils n'arrivent pas qu'aux autres, car tout à l'heure, demain, après demain, ce bijoutier peut-être n'importe lequel d'entre nous.
Chacun s'identifie alors à cette victime innocente du crime qu'il commet pour ne pas être tué, blessé, assassiné, tout le monde et chacun devient un bijoutier, une victime potentielle.
Bouteille à la mer ! SOS que l'Etat ne reçoit pas, n'entend pas, ne veut pas entendre peut-être ?
Mais la révolte gronde ! Toujours, encore et la colère monte, le ton hausse.
Rester sourd ne sert à rien, pas même à reculer pour mieux sauter, car ces cris, ces appels, ces SOS, cette colère il va bien falloir que ceux qui gouvernent et dirigent, ceux qui ont été placés à la tête de ce Etat de droit qui ne l'est plus en tiennent compte. L'affrontent une bonne fois pour toutes afin d'y répondre, d'y apporter un remède avant que le désordre, la folie et la haine ne fasse de cette société un champ de bataille, un champ de ruines que personne ne pourra plus reconstruire. Nous savons qu'une fois la possibilité de dialogue rompue, tout est mort. Définitivement mort !
Est-ce là le projet social de ce début de XXI° siècle ?
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste. Parce que le psychanalyste se doit aussi et surtout d'être au coeur de la Cité
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
1 commentaire:
J'ai lu. J'ai relu. J'ai médité. je me suis aussi questionnée. Je n'ai pas de réponse tranchée. Tout ce dont je suis certaine, c'est que je ne veux pas d'une société qui fait sa propre loi.
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