Vica est une femme moderne, une "superwoman" dit-elle pour se définir. Pourtant elle n'est pas heureuse :
-"Voyez-vous je ne fais pas ce que j'aurai aimé faire, mon métier ne me plait pas."
Vica est une scientifique, elle déteste la science, les sciences, la Recherche, les recherches. Elle déteste tout ça pourtant c'est son métier, celui qu'elle a choisi.
Qu'elle a choisi ?
- "Choisi ? Je l'ai cru longtemps, mais au fur et à mesure de l'analyse, non, je ne l'ai pas choisi, j'ai seulement choisi de faire plaisir à mes parents, car j'aime mes parents, ils sont morts, mais vous voyez, je n'arrive pas à en parler au passé... "
Je vois et surtout j'entends.
Ses parents, elle en parle, souvent, toujours, elle en pleure "les meilleurs êtres au monde", "les plus belles personnes" "Papa, maman, je préférai papa je crois, maman était différente, elle a tout abandonné pour la carrière de papa, elle était douée pourtant, elle faisait de la peinture, du dessin, de la musique"
Et Vica de pleurer sur ce passé qui n'est pas le sien car souligne t-elle "je n'étais pas née"
Faire plaisir à ce couple dont elle n'a été que le seul enfant. La Fille a qui ils ont tout donné, puis qui elle, la fille, puis elle la femme à tout donné. En retour ?
Pourtant Vica a rencontré un homme, un seul, "'c'est comme ça, je n'aurai pu en connaitre plusieurs qu'auraient dit mes parents ?"
Parents, encore !
Un homme qu'elle a aimé : "'mais qui lui ne l'a pas aimée comme son père l'a fait" d'ailleurs il ne lui arrivait pas à la cheville, qui aurait pu rivaliser, égaler cet homme, parfait, la perfection incarnée, bon, savant, qui se donnait corps et âme à son métier. Papa était un être merveilleux, le meilleur du monde" ajoute t-elle en pleurant... Encore !
Mais se donnait-il à sa famille ?
Vica n'en dit rien
Elle dit simplement et seulement que pour ce père adoré, elle a remballé ses rêves, ses envies de bohème pour la science et les sciences
Remiser ce féminin pour ce masculin : " Maman ne faisait rien elle attendait papa en lisant, dessinant, jouant du piano.."
Pénélope tissant, femme patiente, femme en attente. Femme ?
Papa, Maman, des mots de petite fille dans la bouche d'une femme ; Devenue elle aussi une maman
Vica n'aime pas ce qu'elle fait, elle n'est pas heureuse, elle n'aime plus sa vie, ni privée ni professionnelle, alors elle rêve de théâtre, de tapis rouge, de cinéma, elle s'identifie, tantôt à Bérénice, parfois à Phèdre ou à un personnage kleistien. Il faut qu'il y ait du ratage, du manque et de la souffrance. Elle aimerait jouer, jouer à celui qui joue, qui tient le rôle. Elle aimerait pleurer, souffrir, mourir sur scène, se déchirer.
"Vous connaissez la chanson : j'aurai aimé être un artiste ? Et bien c'est tout moi ça, c'est tout moi"
Alors Vica se fait son cinéma. Elle s'invente une autre vie. Une vie de bohème, de littérature, de livres, de films, de théâtre, de chansons, de poésie, de douceur, d'écriture. Elle descend l'escalier, foule le tapis rouge. Que d'émotions, que de sensations. Elle se voit sous les ors, drapée dans une robe de princesse somptueuse, applaudie et photographiée. Faire la Une des magazines ?
Puis elle se réveille et elle pleure, elle pleure sur ce rêve qui n'est pas, sur ce masque qui tombe et la plonge dans une réalité qu'elle n'aime pas.
Une vie ! Sa vie, son quotidien, banal, dans la grisaille d'une ville de banlieue, où chaque matin en récitant des vers elle brave les embouteillage pour faire un travail qu'elle n'aime pas.
"Arbeit, c'est comme ça que vous dites en allemand, c'est dur, arbeit, mais ça colle bien avec ce que je fais, mais il me fait mal, me rend mal, me ronge, me bouffe, me tue...."
Silence.........
"En réalité je suis une esclave, celle de ce travail"
Silence...........
"C'est comme mon mari, ce travail, je ne peux pas le quitter"
Silence....
Larmes....
"Je ne suis pas libre................"
.....................................................
Silence.
Libre, mais quelle liberté ? De quelle liberté s'agit-il ?
La liberté de la fidélité, la limite de celle ci ? La liberté de s'envoler, de devenir et d'advenir ?
Brigitte Dusch. Psychanalyste, historienne
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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