Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 25 janvier 2016

L'espace psychanalytique

Neutre et bienveillant c’est ainsi qu’on et qu’il s’entend. Mais est-ce suffisant ? Clair, précis, est-ce une réponse à défaut d’être la réponse.

Cet espace est ce que l’analysant en fait avec celui qu’il fait du fait de sa présence, le psychanalyste. Lieu où se disent ou non, les mots ou le silence, espace temps aussi, durée séquencée où ces mots peuvent se mettre, s’assembler, se tricoter, se faire, se défaire, se déméler, se coudre, se découdre, se bricoler Raconter, racontez, mais pas seulement...

Tisser, se souvenir, ramener à la mémoire, rêver, pleurer, soupirer, espérer ou pas. lieu singulier sans nul doute, qui ne se ressemble jamais, d’une séance à l’autre, d’un sujet à l’autre, car chaque histoire, chaque être, chaque moment est différent.

Je le dis souvent, il en faut du courage pour arriver à cet espace, pour arriver jusque là, pour témoigner de soi. Et pour l’analyste. Qu’est ce que cet espace là, si singulier que propose l’analyste. Ce temps consacré à l’écoute des mots ou du silence de celui ou celle qui s’adresse à lui ?

L’espace analytique est ce lieu même où se noue la rencontre, qui fait l’analyse. Qui fait que le rendez-vous qu’on se donne avec soi ne soit pas raté. C’est pourquoi ce “travail”, cet engagement là est couteux. Et pas seulement en terme d’argent, mais aussi et surtout en terme de temps, celui que l’analysant se promet à lui même pour se permettre. Ce temps que l’analyste met à sa disposition, ce temps qu’il libère pour cette rencontre singulière, ce rendez-vous. Un temps qui appartient à ce moment, qui n’appartient qu’à lui, un temps réservé à... Pour... Un temps dont va disposer l’analysant pour déposer. Un temps que l’analyste lui réserve à ce dessein. Un temps consacré à... pour. Un temps, pour venir ou pas, dire ou pas... Mais un temps dont il prend la responsabilité.

Et l’argent ? Comme le sexe, le désir,c’est souvent une question tabou, pourtant... on paie ce qu’on doit pour justement ne plus rien devoir et se libérer de la dette. L’analyse c’est aussi cela, l’analyste est un professionnel, une personne dont l’écoute (entre autres) est la fonction, cette écoute, si comme son attention est “flottante” n’en n’est pas moins particulière. C’est d’ailleurs pour cette raison, que le sujet s’adresse à lui et cette adresse ne peut avoir lieu dans la gratuité. Freud recommandait déjà d’aborder cette question avec franchise et il avait raison.* Payer sa séance pour l’analysant le libère de cette dette, il ne doit rien, puisqu’en échange il remet à l’analyste la somme convenue. Ce qui le libère aussi, cela fait partie (tout comme le rythme, la durée, l’horaire des séances) du cadre de l’analyse ou de la thérapie analytique.

L’analyste je l’ai souligné, n’est pas un copain, un ami, un confident à qui le sujet “confie” ses soucis, ses questionnement, il est ce tiers, neutre et bienveillant justement, ce professionnel qui recueille non seulement cette parole, mais en fait quelque chose. ll n’y a pas de relation d’obligé et le thérapeute n’est pas cette entité “toute puissance” cela permet une relation saine, celle que les cognitivistes appellent l’alliance thérapeutique et surtout assure l’ancrage de la thérapie dans le réel. L’argent est aussi, tout comme le temps qu’il s’offre pour son analyse (ou sa thérapie), l’objectivation de la valeur que le sujet lui accorde. Ce prix à payer, ce prix qui lui coûte, qui coûte, et que parfois il évite, il masque sous toutes formes de prétextes, d’excuses, de raisons pour ne pas venir. Pour ne pas être confronté à ce qu’il ne veut pas. Et c’est justement là le point d’ancrage, c’est justement ça, cette résistance qu’il lui faudra surmonter.

Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne

 * Freud : “Sur l’engagement du traitement “ 1913

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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