Il fait chaud dans mes Ardennes.
C'est l'été, à Savigny. C'est le temps des moissons, Ils sont aux Champs, s'affairent sous le soleil écrasant, il y a tant à faire !
Les vanniers à leurs paniers pour les commandes des maisons de champagne,
C'est l'été, elles sont là, au lavoir, en bas du village frottant et battant le linge, sans rien dire, il fait lourd, trop lourd
D'autres sont à la maison préparant la gamelle qu'elles vont porter à leurs Hommes aux Champs.
D'autres sont à la maison préparant la gamelle qu'elles vont porter à leurs Hommes aux Champs.
Marie Eugénie, tu es devant ta maison au bord de l'Aisne, c'est l'été. Il fait lourd, le temps est lourd, il va faire de l'orage, peut-être, sûrement.
Madeleine est encore bien jeune, mais elle aide ses soeurs, Augustine et Stéphanie
C'est l'été, les enfants, jouent, à l'abri du soleil, c'est les vacances... il fait lourd, très lourd.
Je suis au milieu de vous, je vous vois mais vous ne me voyez pas, je ferme les yeux et toutes les odeurs du soleil de l'herbe fauchée, de l'osier mouillé, de la terre et des bêtes... j'entends le bruit des sabots... j'entends le silence.
C'est l'été et c'est un village, c'est mon village.
Chez moi on parle encore de 70 de Sedan et de Bazeilles, des morts pour rien ; pour le roi de Prusse. Combien de familles ont pleuré leurs morts ? Combien de familles en parlent encore ? La Mémoire chez Nous elle est tenace, chevillée au corps et au ventre, elle est en nous. Nous n'oublions pas.
Ces histoires de Uhlans, sans cesse rabâchées lors des tablés appartenaient à un autre monde : et voilà que !
Le monde s'emballe, le village perd ses hommes, jeunes et moins jeunes, tout ceux qui ont l'âge d'aller mourir une fois encore pour rien.
Le village se saigne, le village saigne
On laisse la moisson, les faux et les faucilles.
Il est temps,
Pour combien de temps ?
Le temps s'arrête et le temps s'emballe, il ne ressemble plus à rien
On ne se promet rien ?
On se promet de revenir ,
On se regarde sans rien dire
Il y a les larmes ravalées pour ne pas faiblir
Il y a...
Il va falloir vivre !
Il va falloir souffrir !
Il va falloir attendre…
Et la peur gagne, car on se souvient, ma Terre d'Ardenne est une terre de douleur, sans cesse occupée, sans cesse malmenée, elle est souvent exsangue, la trace du passé, des ravages est vive et vivace, alors il faut ! On connait l'ennemi il ne fait pas de quartier, et personne n'a oublié les pillages des occupants. La Terre d'Ardenne a tenu. Les Miens y sont nés, y sont restés et reposent en sa terre.
1 août 1914 : débute une "saison en Enfer" Une si longue, interminable saison où plus rien jamais ne sera comme avant.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo, @brigittedusch
Madeleine est encore bien jeune, mais elle aide ses soeurs, Augustine et Stéphanie
et tes fils tressent l'osier.. Gustave, Emile, Lucien, Antoine
C'est l'été, les enfants, jouent, à l'abri du soleil, c'est les vacances... il fait lourd, très lourd.
Je suis au milieu de vous, je vous vois mais vous ne me voyez pas, je ferme les yeux et toutes les odeurs du soleil de l'herbe fauchée, de l'osier mouillé, de la terre et des bêtes... j'entends le bruit des sabots... j'entends le silence.
C'est l'été et c'est un village, c'est mon village.
Tout le monde sait tout de tout le monde, les gens s'aiment et se détestent sans parfois ne plus savoir pourquoi, c'est un village de l'Ardenne. Au creux de l'Argonne, au bord de l'Aisne. C'est mon village.
Soudain un bruit terrible, assourdissant vient rompre le silence, l'harmonie et le labeur.
Les cloches.
Lugubre.
Le monde bascule
Soudain un bruit terrible, assourdissant vient rompre le silence, l'harmonie et le labeur.
Les cloches.
Lugubre.
Le monde bascule
"Ce n'est peut-être que la fin du monde en avançant" Oh combien l'enfant de Roche avait été visionnaire une fois encore !
Chez moi on parle encore de 70 de Sedan et de Bazeilles, des morts pour rien ; pour le roi de Prusse. Combien de familles ont pleuré leurs morts ? Combien de familles en parlent encore ? La Mémoire chez Nous elle est tenace, chevillée au corps et au ventre, elle est en nous. Nous n'oublions pas.
Ces histoires de Uhlans, sans cesse rabâchées lors des tablés appartenaient à un autre monde : et voilà que !
Le monde s'emballe, le village perd ses hommes, jeunes et moins jeunes, tout ceux qui ont l'âge d'aller mourir une fois encore pour rien.
Le village se saigne, le village saigne
On laisse la moisson, les faux et les faucilles.
Il est temps,
Pour combien de temps ?
Le temps s'arrête et le temps s'emballe, il ne ressemble plus à rien
On ne se promet rien ?
On se promet de revenir ,
On se regarde sans rien dire
Il y a les larmes ravalées pour ne pas faiblir
Il y a...
Il va falloir vivre !
Il va falloir souffrir !
Il va falloir attendre…
Et la peur gagne, car on se souvient, ma Terre d'Ardenne est une terre de douleur, sans cesse occupée, sans cesse malmenée, elle est souvent exsangue, la trace du passé, des ravages est vive et vivace, alors il faut ! On connait l'ennemi il ne fait pas de quartier, et personne n'a oublié les pillages des occupants. La Terre d'Ardenne a tenu. Les Miens y sont nés, y sont restés et reposent en sa terre.
1 août 1914 : débute une "saison en Enfer" Une si longue, interminable saison où plus rien jamais ne sera comme avant.
Longue, interminable et meurtrière. Même si on ne le sait pas, l'ombre de la mort, plane et vient chercher son dû. Elle est et sera insatiable.
Requiem
A toi Gustave, pas un seul jour sans que nous pensions à toi, tu es là parmi nous... tu le sais.
Requiem
A toi Gustave, pas un seul jour sans que nous pensions à toi, tu es là parmi nous... tu le sais.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo, @brigittedusch
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