L'autre est un ogre, un ogre qui dévore tout sur son passage, il prend tout, détruit tout, dévaste tout, ne laisse rien, écrase tout.
Il prend tout. C'est un ravage.
Pour lui il n'y a pas d'autre.
S'oublier au point de ne plus être là, s'abandonner au point d'effacer son être.
S'oublier au point de ne plus être là, s'abandonner au point d'effacer son être.
N'être plus, naitre plus jamais
Dans cette histoire, il n'y a pas de reddition ; c'est une invasion, une guerre qui n'a jamais été menée, une guerre d'usure, une guerre froide et insidieuse qui s'est infiltrée dans les parois des sentiments, dans les failles des émotions, c'est aimer au point de se laisser, de se laisser aller à l'autre, cet autre qui prend tout et plus encore, c'est aimer mal c'est mal aimer, c'est ne pas s'aimer
Sans le savoir.
Sans le savoir.
C'est se laisser aller à tout ça, sans vraiment s'en apercevoir, sans vraiment se rendre compte qu'on n'existe plus, que nous ne sommes plus qu'un pâle fantôme de notre être qui n'a jamais vraiment été incarné.
C'est se mettre en marge d'un vouloir, d'un désir qui n'a jamais été vraiment désiré, c'est être ailleurs.
C'est donner à l'ogre tous les pouvoirs, pour tenter de croire, juste un court instant que notre piètre existence peut avoir juste un peu de sens
C'est se croire aimer, dans les yeux d'un autre, qui n'a pas de regard, pas d'égard. C'est une imposture, c'est une torture, c'est une mort à petit feu qu'on s'impose chaque jour mais qui nous rend vivant
S'abandonner à l'autre qui dévore sans jamais pouvoir aimer
S'abandonner à ça pour ne pas être mort
Pas encore.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
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