Je viens de recevoir une lettre : un avis de décès.
On me dit que tu es mort.
Mais depuis combien de temps ne m'avais tu pas dit que tu étais vivant ?
Depuis combien d'années, ne m'as-tu pas donné signe de ta vie ?
Je sais maintenant que tu es mort.
Je sais maintenant que tu es mort.
Que je ne te reverrai plus, même si je n'y croyais plus guère, mais tant que…
On y croit, on s'accroche toujours à un espoir.
On se rencontre, on s'aime, on ne s'aime plus, puis on s'aime encore, on sait qu'aujourd'hui, n'est pas demain, car demain ne sera peut-être jamais, alors on ne pose pas de question, on ne se pose aucune question. Vivre. C'est tout.
Maintenant tu ne vis plus
Puis on est loin, trop loin, trop loin de tout, trop loin de nous, un nous qui n'est plus rien.
Nous ne nous sommes jamais donné de nouvelles, pourquoi faire ? nous ne nous sommes jamais envoyé de lettre. Un jour on se quitte, on part, on recommence une vie, ailleurs, on devient un autre, on s'éloigne, on prend un train… Gare, train c'est toute une histoire, l'histoire de ma vie. Je n'aime pas les trains, je n'aime pas les gares, je n'aime pas les départs. Je sais que toi non plus. Nous avions ça en commun. Je crois que c'était atavique.
Malgré tout ça sommes nous un jour devenu des étrangers ?
On sait tout ça, on le sait dès la rencontre, c'est un peu la règle du jeu, du Je, du toi et du moi.
Je viens de recevoir une lettre et on me dit que tu es mort,
On ne me dit pas comment, quand et pourquoi.
On y croit, on s'accroche toujours à un espoir.
On se rencontre, on s'aime, on ne s'aime plus, puis on s'aime encore, on sait qu'aujourd'hui, n'est pas demain, car demain ne sera peut-être jamais, alors on ne pose pas de question, on ne se pose aucune question. Vivre. C'est tout.
Maintenant tu ne vis plus
Puis on est loin, trop loin, trop loin de tout, trop loin de nous, un nous qui n'est plus rien.
Nous ne nous sommes jamais donné de nouvelles, pourquoi faire ? nous ne nous sommes jamais envoyé de lettre. Un jour on se quitte, on part, on recommence une vie, ailleurs, on devient un autre, on s'éloigne, on prend un train… Gare, train c'est toute une histoire, l'histoire de ma vie. Je n'aime pas les trains, je n'aime pas les gares, je n'aime pas les départs. Je sais que toi non plus. Nous avions ça en commun. Je crois que c'était atavique.
Malgré tout ça sommes nous un jour devenu des étrangers ?
On sait tout ça, on le sait dès la rencontre, c'est un peu la règle du jeu, du Je, du toi et du moi.
Je viens de recevoir une lettre et on me dit que tu es mort,
On ne me dit pas comment, quand et pourquoi.
On me dit seulement que je ne te reverrai pas.
Je ne t'ai jamais dit aurevoir, nous ne nous sommes jamais dit aurevoir
Ces mots n'avaient pas de sens
Ils n'en n'ont pas pour moi encore aujourd'hui
Car nous ne sommes jamais mort,
La vie c'est comme ça.
Je n'arrive pas à être triste, car nous sommes morts depuis longtemps déjà
Combien de nous reste t-il encore ?
Le temps passe, oublie notre monde et notre langue, nous sommes les derniers d'un monde qu'ils ont détruit, nous sommes les Ultimes, ceux qui ont cru et ont eu la Foi, celle de croire que peut-être.
Tu es mort, mais ce n'est pas seulement toi, c'est un fragment de notre Histoire qui tombe, qui s'effrite et qui fout le camp, après nous il n'y a plus rien. Pourtant nous avons tenu, aussi fort que l'on a pu. Maintenant c'est foutu.
Je vois alors notre monde se diluer dans le déluge interminable d'un saccage annoncé, d'un naufrage sans nom que nous n'avons pu empêcher. Qui aurait pu ?
Adieu l'Ami. Adieu Kamarad, A bientôt la haut ou là bas, ou ailleurs, ou peut-être nulle part nous n'en savons rien.
Nous verrons bien.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste,
Crédit photo : @brigittedusch
Je ne t'ai jamais dit aurevoir, nous ne nous sommes jamais dit aurevoir
Ces mots n'avaient pas de sens
Ils n'en n'ont pas pour moi encore aujourd'hui
Car nous ne sommes jamais mort,
La vie c'est comme ça.
Je n'arrive pas à être triste, car nous sommes morts depuis longtemps déjà
Combien de nous reste t-il encore ?
Le temps passe, oublie notre monde et notre langue, nous sommes les derniers d'un monde qu'ils ont détruit, nous sommes les Ultimes, ceux qui ont cru et ont eu la Foi, celle de croire que peut-être.
Tu es mort, mais ce n'est pas seulement toi, c'est un fragment de notre Histoire qui tombe, qui s'effrite et qui fout le camp, après nous il n'y a plus rien. Pourtant nous avons tenu, aussi fort que l'on a pu. Maintenant c'est foutu.
Je vois alors notre monde se diluer dans le déluge interminable d'un saccage annoncé, d'un naufrage sans nom que nous n'avons pu empêcher. Qui aurait pu ?
Adieu l'Ami. Adieu Kamarad, A bientôt la haut ou là bas, ou ailleurs, ou peut-être nulle part nous n'en savons rien.
Nous verrons bien.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste,
Crédit photo : @brigittedusch
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