Il y a l'oubli, la perte, le mot qui ne vient pas, le souvenir empêché, qui se loge pourtant là ; quelque part entre avant et maintenant. C'est ce radeau au milieu de l'eau, poussé par les flots, les vagues, le vent, qui tente d'atteindre le rivage, mais qui n'y parvient pas.
L'oubli :
Ce n'est pas vraiment un oubli, c'est un manque, immense et tragique.
C'est une sorte de trou noir, un vide, une béance : Un Rien.
L'absence, l'absence de soi, la perte du sens, la perte des sens, suivi d' un immense vertige, puis d'une descente vertigineuse.
Un enfer. Un puit sans fond. Un gouffre.
Un enfer. Un puit sans fond. Un gouffre.
Il n'y a rien à mettre dans ce gouffre, on sait que quelque chose à eu lieu, forcément, mais quoi ? On ne sait pas, on ne sait plus. On n'a peut-être jamais su vraiment ?
Il y a ce temps, ce temps confisqué, pris, volé, arraché, ce temps hors du temps, qui ne nous appartient plus. L'oubli ?
Mais est-ce vraiment l'oubli ?
Puisque ce temps suspendu, ce temps existant, pour nous n'a pas existé, n'a pas été présent à nous, a été d'une singularité terrifiante ?
Est-il ? Et où ?
Il est ailleurs, il s'est logé on ne sait ou ; dans un de ces plis, de ces replis de la mémoire. Une sorte de temps parallèle, une vie autre, la nôtre ? Celle d'un autre ? D'un autre nous ? Dans une autre dimension ? Dans un autre monde ? Une autre réalité ? Je ou Jeu de rôles ?
Et de quel rôle s'agit-il ? Dans quel théâtre ? Et qui a écrit le scénario ?
C'est un échappement, une fuite, mais laquelle ? Et pourquoi ?
Une simple erreur de circuit, une mauvaise connexion ? une déconnexion temporelle ?
Des questions sans fin, mais surtout sans réponse ?
On se réveille, on se lève et on ne sait plus : on ne sait plus rienEt de quel rôle s'agit-il ? Dans quel théâtre ? Et qui a écrit le scénario ?
C'est un échappement, une fuite, mais laquelle ? Et pourquoi ?
Une simple erreur de circuit, une mauvaise connexion ? une déconnexion temporelle ?
Des questions sans fin, mais surtout sans réponse ?
Il y a un morceau de soi enlevé, ôté, kidnappé, envolé
Un morceau de l'histoire qui a explosé, qui a volé en éclats, éparpillés et dilués dans une nébuleuse obscure et lointaine.
Oubli, souvenir volé, mémoire confisquée, trou, gouffre, vide, abîme.
Passager errant, passager clandestin d'un monde qui nous a fait une farce, qui pour un moment indéterminé nous a mis sur la touche, nous a bloqué sur pause sans nous avertir. Spectateur statufié, muet, sourd d'un monde qui évolue devant mais sans nous !
Il manque un épisode, il manque des éléments, on ne peut pas raccrocher, nous voilà resté, planté là mais arrimé à un avant ou une histoire autre, devant des autres, ayant vécu une autre histoire que la nôtre
Nous voilà, là, restés au seuil d'une aventure d'où nous avons été écarté, personnage en marge, sans dialogue, sans intrigue sur le ban de touche.
Abandonné.
Abandon à l'étrange, au singulier, au terrifiant, à l'inquiétant. Cherchant sans relâche un sens, des explications qui n'existent sûrement pas.
Replongé dans un réel qui n'est qu'un chaos, il faut affronter, faire sens d'une vie où il manque des éléments pour comprendre et se comprendre. Une partie de nous même sans est allée, ou est restée coincée dans un ailleurs indéfinissable.
Sans fin, sans relâche, sans sens, sans rien, l'absence où se loge la présence du manque.
Il faut aller, advenir, être à un monde qui nous échappe car pendant un temps parfois très court, nous nous en sommes échappé.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo : @brigittedusch
Un morceau de l'histoire qui a explosé, qui a volé en éclats, éparpillés et dilués dans une nébuleuse obscure et lointaine.
Oubli, souvenir volé, mémoire confisquée, trou, gouffre, vide, abîme.
Passager errant, passager clandestin d'un monde qui nous a fait une farce, qui pour un moment indéterminé nous a mis sur la touche, nous a bloqué sur pause sans nous avertir. Spectateur statufié, muet, sourd d'un monde qui évolue devant mais sans nous !
Il manque un épisode, il manque des éléments, on ne peut pas raccrocher, nous voilà resté, planté là mais arrimé à un avant ou une histoire autre, devant des autres, ayant vécu une autre histoire que la nôtre
Nous voilà, là, restés au seuil d'une aventure d'où nous avons été écarté, personnage en marge, sans dialogue, sans intrigue sur le ban de touche.
Abandonné.
Abandon à l'étrange, au singulier, au terrifiant, à l'inquiétant. Cherchant sans relâche un sens, des explications qui n'existent sûrement pas.
Replongé dans un réel qui n'est qu'un chaos, il faut affronter, faire sens d'une vie où il manque des éléments pour comprendre et se comprendre. Une partie de nous même sans est allée, ou est restée coincée dans un ailleurs indéfinissable.
Sans fin, sans relâche, sans sens, sans rien, l'absence où se loge la présence du manque.
Il faut aller, advenir, être à un monde qui nous échappe car pendant un temps parfois très court, nous nous en sommes échappé.
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo : @brigittedusch
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