Tourner la page, ce n'est pas un simple cliché, c'est un acte, une mise en acte. Longue parfois, difficile souvent, essentielle toujours.
C'est prendre une décision, clore le chapitre, le jeu, une histoire.
Prendre une décision : Choisir : Renoncer.
C'est réfléchir, raisonner, parfois,
C'est une rupture souvent
Tourner la page c'est se sauver, sauver sa vie, sa peau, son esprit, son âme, se délester d'un poids, d'un mensonge, d'un faire semblant. C'est faire tomber le masque, pour toujours.
C'est penser à soi, prendre soin de soi. C'est être arrivé au bout d'un chemin, lassé, usé, vampirisé... Exsangue.
C'est quitter enfin !
Partir, un mot magique ! La clé qui ouvre toutes les voix, tous les champs du possible. C'est sortir de soi, de ce "chez soi " qui sournoisement a offert, puis maintenu un simulacre de sécurité, d'enveloppement, parfois d'amour. C'est s'échapper de cette médiocrité, cette étroitesse où maintenu, tenu en laisse, muselé on étouffe et suffoque.
Tourner la page c'est passer à autre chose, à cet ailleurs nécessaire, indispensable et salvateur.
Il n'y a aucune autre issue, c'est l'issue de secours, le visa pour l'autre côté du Mur, le passeport vers la vie, la liberté, la Renaissance.
On retrouve d'un coup, d'un seul la soif de vivre, de faire des projets, d'imaginer, de s'imaginer
On se prend d'un coup d'un seul d'une envie de sortir de son cocon, de briser le carcan, de jeter le corset.
Il n'y a rien à regretter, ni à se dire "j'aurai du faire ça depuis longtemps" ! Non, il faut être prêt, et on ne l'était pas. C'est une longue maturation, un processus, un temps long, une transformation, une conversion, une métamorphose, un rêve, un impossible qui peu à peu prend forme, puis prend vie.
Qui enfin EST.
Longtemps on s'est pensé incapable, dépendant, puis on découvre que non, nous ne sommes pas ça, nous ne sommes pas celui ou celle que l'autre a modelé ou a cru le faire. Cet autre qui nous à fait victime, vulnérable, incapable. Non, nous ne sommes pas ça. Nous n'avons jamais été ça, nous n'avons été que le reflet de ce que cet autre, bourreau maléfique a instillé dans nos veines perfidement afin de nous empoisonner, de nous arraisonner telle une cargaison précieuse pour se nourrir, et vivre à nos dépends.
Alors il est grand temps de se libérer, de faire sauter les verrous, les derniers obstacles. Ils tombent facilement, un par un, nous prenons cette forteresse que nous pensions insaisissable, et nous voyons ce tourmenteur dans toute sa noirceur et sa laideur. Nous voilà encouragés à persévérer, à se défaire des chaines qui depuis des années nous entravent.
Vivre libre enfin ! regarder le ciel et se dire qu'il nous appartient. Penser à soi, enfin, prendre soin de soi enfin?
Etre soi enfin !
Il en a fallu du temps pour briser le joug ! il en a fallu des brimades, des humiliations, des larmes, de la souffrance, de la douleur !
Mais c'en est fini de courber l'échine, on peut à présent se tenir droit, relever bien haut la tête.
Le monde nous appartient. Car nous n'avons plus peur !
ENFIN.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
crédit photo : @brigittedusch
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