Lentement elle s'est emparée de moi, je ne me suis rendu compte de rien ou de presque rien. C'est arrivé comme ça
La tristesse.
Une sorte de vague lente, douce presque qui m'a submergée.
Je la ressens intensément, profondément, ancrée au plus profond de mon être. Je n'y peux rien.
Je ne résiste pas, à quoi bon ? Pour quoi faire
Il me faut donc accueillir la tristesse, comme une amie qui frappe à ma porte pour s'inviter et se loger là dans cette infime faille de la cuirasse que je pensais pourtant solide
Nul n'est parfait, et c'est bien
Elle n'est ni bien venue, ni mal venue
Elle est là tout simplement, au seuil de ma porte et je l'ai laissée entrer. Pouvais-je faire autrement ? Avais-je envie tout simplement ?
Baignée de tristesse je me demande pourquoi, cette sensation n'est pas forcément désagréable, elle est.
C'est un moment de pause, d'arrêt et de contemplation. Un simple moment où les choses prennent une autre dimension et d'autres couleurs.
La tristesse n'est pas forcément sombre, elle se teinte et se pare de couleurs singulières couleurs du temps, couleurs de l'âme.
Oui, je ressens la tristesse intensément, qui s'empare de moi, de mon corps et de mon âme. Je la lasse venir et accueille cette nouvelle amie comme une expérience nouvelle, un lâcher prise qui fait du bien.
Je la laisse aller, ici et là dans mes pensées. D'où vient ce sentiment, cette sensation ? Je n'en sais rien et à quoi bon savoir ?
Est-ce si important ? Elle coule dans mes veines et dans les larmes qui viennent enfin soulager ma peine.
Car on ne dit pas sa peine, on ne dit pas non plus son chagrin, ni sa tristesse
C'est indécent.
C'est un cadeau de l'éprouver, de l'accueillir et de se laisser guider, de ne plus conduire ses émotions, ses sentiments. C'est un cadeau qu'il faut s'offrir.
Comme les larmes qui coulent lentement, sans faire de bruit, sans faire de mal, comme les mots qui se mettent à danser sur les pensées.
Tristesse.
C'est une fragilité extrême, une vulnérabilité absolue, un être à nu. Enfin : Une expérience de l'absolu, et de l'inconnu
J'accueille avec bonheur ce que toujours j'ai repoussé, mis à la porte de mon être par peur de je en sais quel danger.
Je sens que j'ai touché là quelque chose qui n'a pas de prix, la tristesse, un sentiment, une émotion infinie.
Je me sens libre, il n'y a plus rien à redouter, il faut vivre, lentement, aujourd'hui avec joie, bonheur, tristesse
Avec cette élégance de la tristesse
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
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