Se bien traiter cesser de se maltraiter et mieux s'aimer
C'est une maltraitance qui bien souvent ne dit pas son nom, ne se voit pas, ne se repère pas, tant elle est insidieuse, quotidienne, et habituelle.
Elle fait tellement partie de soi, de son être que tout est "normal" "je vais bien" "ça va" mais ?
Elle ne se repère pas vraiment, tout à fait, il faut bien se rassurer, même si on se ment, juste un peu, on minimise la vérité, le réel, le quotidien.
Qu'est ce que se bien traiter ?
Tout d'abord prendre conscience que nous sommes : je suis, tu es, il est?
Etre, avoir une existence, vivre cette existence en tant que soi. Et ce n'est pas rien.
C'est prendre conscience que le JE, l'être que je suis est bien sur cette terre, ici, à cet endroit là. Et qu'il vit, évolue, aime, pleure, rit et agit.
Il est acteur, spectateur, subit, fait subir, il EST.
Je suis, je vis et j'ai envie de vivre bien, ce qui signifie faire en sorte que mon passage sur cette terre, dans cette vie soit le meilleur possible.
Nous savons, mais c'est essentiel de le souligner encore que la vie n'est pas que du bonheur, des moments paisibles ; une vie sans histoire n'existe pas. Il y la pluie, le vent, l'orage, les bourrasques, les lunes et les soleils, le jour, la nuit, ça bouge, vive l'impermanence car l'impermanence est l'essence et le sens même de la vie.
La vie c'est ça. Et c'est bien.
Ainsi se demander chaque matin et ça ne prend guère de temps "bonjour comment tu vas ? "
Cela s'adresse à soi. On le demande aux autres, alors pourquoi on ne se le demande pas à soi même ? N'aurions nous pas ce droit de nous demander dans quel état d'esprit, d'âme ce JE que je suis se trouve ?
Je vous invite à le faire.
Oui, souvent, la plupart du temps on se soucie des autres, de nos proches, on fait attention à leur bien être. C'est bien être que de faire ça, à condition de ne pas s'oublier, de ne pas se soucier de soi, et d'avancer sur le chemin parfois chaotique bon an mal an. Sans se poser la question : "ça me convient ou non ?"
Prendre le temps de répondre à cette simple mais aussi douloureuse question et passer en revue ceci et cela et principalement s'arrêter sur le petit caillou dans la chaussure : ce qu'on s'impose ne nous convient pas, ne nous est pas agréable et pire nous rend malheureux.
Alors s'en vient le petit refrain :
S'oublier pour ne penser aux autres d'abord sans penser à soi, s'éviter, se manquer, ne pas se respecter et par conséquent ne pas s'aimer.
S'aimer ? Apprend on à l' enfant à s'aimer ? à prendre soin de lui ? A lui enseigner la préciosité de son existence ?
S'aimer rime avec égoïsme, égocentrisme, nombrilisme, narcissisme.
Ce malentendu, mal dit est-il responsable de l'oubli de soi ?
Pas tout à fait même s'il y participe.
On rentre alors dans une spirale toxique, on "ne mérite pas" on n'"a pas besoin" "c'est assez bon pour nous", "on peut faire un effort"
Et tout ce discours intérieur devient la norme, notre norme. On vit avec, sans même s'en rendre compte tellement nous nous sommes conditionnés.
Seulement il y a quelque chose qui cloche. On a beau déployer tous les efforts pour plaire aux autres, être présent pour eux, aller même parfois au devant de leurs besoins ou désirs ça ne va pas. On ne se sent pas bien, pas à l'aise, pas remercié, pas dans l'apaisement, dans l'harmonie. Il reste ce quelque chose résonne, une petite voix qui me dit tout au fond de moi :
Et moi ? Enfin !
Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste
Crédit photo, @brigittedusch
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