Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 14 mars 2025

Au commencement était la Perte



"Au commencement était la Perte"


Ainsi il y en  va de la Vie, vivre c'est perdre puisque c'est quitter, abandonner le ventre de la Mère. 

C'est advenir au Monde


Faut-il accepter de perdre pour naitre et vivre ?
La naissance ; scène originelle, défusion de la mère et du Tout inscrit le sujet dans l'Humanité, mais aussi dans la peur, celle de la perte et de  l'angoisse de la séparation.
Il y a ce sentiment de part et d'autre, le vide ressenti de l'intérieur mais aussi de l'extérieur, ce grand saut dans un inconnu vide de sens qu'il va falloir combler sans trop savoir comment. 
C'est une violence, une séparation réelle, une rupture, une coupure traumatique parfois.

Ainsi la perte originelle serait-elle la perte de la place occupée dans la matrice par l'enfant qui advient au monde, à qui "on inflige ou on offre la vie " ?
C'est dans cette vie offerte qu'il va à présent devoir trouver sa place, encore faut-il la lui donner ou devra t-il la prendre ?

La perte est au coeur de la clinique psychanalytique mais au coeur de chaque être humain, car c'est elle qui le fait entrer dans l'Humanité.

C'est par là que se creuse la faille qui peu à peu le construit ou le ronge cela dépend, cela varie, en fonction de ce qui s'engouffre, de ce qu'il convoque, de ce qu'il ne voit pas, qu'il laisse s'infiltrer plus ou moins en conscience, mais il s'agit bien de cette impermanence permanente qui s'acharne parfois pour le détuire


La Perte se décline au pluriel avec pour dénominateur commun l'Origine, celle de notre advenue au monde.
Elle est au coeur du discours, de la pensée, de l'obsession parfois, dramatique dans la psychose où elle est un véritable trou dans le réel ce qui fait que le deuil parfois s'en rapprocher, j'y reviendrai à travers ce qu'en relate Primo Levi et Lacan.  Il y a là une dimension intolérable et insupportable dans la perte.

Perdre celui qu'on aime, un enfant, ses clés, la tête, l'amour, la vie.. Ce verbe a une quantité de sens infini mais une fois encore s'inscrit dans le manque de ce qui a été et qui n'est plus, qui peut se retrouver ou pas, mais pas comme avant, car l'avant n'a été qu'un frèle instant et n'existe plus dès qu'il a commencé à vivre.

C'est donc ça perdre ? renoncer à ce qui vient d'être et qui en un souffle n'est plus ? C'est laisser franchir le mot resté au seuil du langage pour s'exprimer,  c'est lâcher, perdre ses mots, les donner à l'autre afin qu'il les recueille et les assemble pour nous aider à donner du sens à notre existence.

Mais c'est aussi le noeud de la névrose, la quête impossible celle d'un retour fantasmé au Jardin d'Eden... Toute une vie à chercher pour retrouver cet avant pour vivre et oublier de vivre, s'oublier de vivre.. Un noeud qu'il faut lentement et patiemment dénouer, délier... patience, volonté, envie, désir ?

Est ce un Quête ? Cette quête là est futile est impossible, la seule quête véritable est celle de soi, partir à la recherche de soi, advenir pour devenir... 
Va, vis, deviens
Si tu le peux, si  tu le veux. 

Le passé s'il est regreté est une entrave, un empêchement, un enchevétrement des sens et des émotions  masquant le réel et notre désir de vivre. Il fait de nous un sujet empêché, aux prises avec ses manques, ses envies et ses désirs qu'il ne peut réaliser dans leur complétude... Même si toute notre vie, nous demeurerons un sujet incomplet à la recherche du manque.

C'est une errance au coeur de ce "Temps Perdu" qu'on s'évertue à retrouver pour s'y noyer et qui ne sera plus que dans nos souvenirs souvent tronqués...Le temps illusionné pour nous permettre de rester debout... 

Faire le chemin à l'envers dans un univers qui n'existe plus que dans notre Mémoire. 


Subir ? Accepter ? Métabiliser la perte, car plus jamais ce qui a été ne sera. Il ne pourra être que différent, mieux peut-être car nous savons, car nous avons appris... aussi à vivre avec ce manque de l'objet, mais de l'Etre.. 

Du manque de l'autre, de celui qu'on a aimé, on ne se remet jamais, jamais vraiment même si la vie se poursuit.. Quand même, malgré. Cette perte là est une blessure qui ne ne peut se fermer, dont on maintient la béance et qui s'ouvre à chaque instant, c'est un fantôme, une ombre qui fait partie de nous pour toujours. C'est la perte d'une partie de soi.. une amputation. 

Et il faut faire la route, parfois cahin caha, mais en avançant aussi longtemps que l'on pourra. Dans une attente, celle d'un rendez vous dont nous ne sommes pas même sûr, dans un inconnu dont personne ne revient.

Brigitte Judit Dusch,psychanalyste, historienne, exploratrice urbaine
Crédit photo @brigittedusch


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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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