Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 20 août 2025

Le 7 octobre

Ils

Ils étaient venus pour faire la fête, ils étaient venus pour rire, danser et chanter. Ils étaient venus pour se retrouver, s'aimer, vivre la vie.


Vais-je pouvoir écrire ce texte ? Et comment vais-je le faire ? cette question a tourné mille fois dans ma tête ? Comment dire l'indicible encore, mettre les mots ? 
C'est avec une grande douleur, une immense souffrance, des larmes de sang et le coeur déchiré que j'ai rédigé ces quelques lignes
Pour les victimes, leurs proches. 
Pour les Miens
Pour ceux qui ont encore un peu d'Humanité dans ce monde cruel et sans pitié.
Depuis le 7 octobre comme pour beaucoup d'autres, ma vie a basculée, le monde s'est effondré. 
Le 7 octobre est non seulement une date qui fait date dans mon histoire, mais dans toute l'Histoire : celle de l'Humanité.

Le 7 octobre, un pogrom d'une barbarie inouïe a ravivé la douleur de la violence extrême. Une horde sauvage surgie des plus sombres ténèbres a anéanti toute vie sur son passage, tuant, brulant, massacrant, violant femmes et enfants.
Une horde de barbares s'est échappée des Enfers pour libérer ses plus viles pulsions et une fureur sans précédent. 
Ils ont répandu la terreur et le Chaos.
Ce n'était pas des hommes,
Des monstres peut-être ?

C'est une effraction terrible impensable, indicible, un ravage un tsunami, d'une sauvagerie indescriptible et innommable. 
Encore.

Comment parler d'éthique, comment penser l'éthique après le 7 octobre ?
Ils avaient dit plus jamais ça, formule magique répétée à chaque commémoration, journée du souvenir, pour se convaincre que plus jamais ce "ça" n'arrivera, n'adviendra!
Et pourtant ! Je ne relaterai ni les événements, ni la tragédie, mais je vais tenter de mettre des mots et de comprendre pourquoi et comment.
Sans pour autant donner du sens, il n'y en a pas pour qui est entré dans l'humanité et la culture de la civilisation.

Ainsi le vernis a sauté, d'un seul coup d'un seul, il s'est libéré de son carcan abolissant toute frontière entre le bien et le mal. Il s'est montré sans fard, tel qu'il est dans la réalité, son réel depuis toujours et qu'il ne cesse de scander 'il faut tuer  les Juifs'
Un réel que les sociétés occidentales, les politiques de tous bords s'efforcent au mieux de cacher au pire d'encourager et valoriser
Nous y voilà,  la haine, la barbarie ont droit de cité, ont le droit de détruire la Cité et ce et ceux qu'elle abrite
Il n'y a plus d'asile, il n'y a plus que la mise à nu, la mise à mort
L'anéantissement d'un Peuple
Rien n'a donc changé ? Où sont les belles promesses ? 

Le vernis est bien mince a toujours soutenu Freud, mais y avait-il au moins un semblant de culture ?
Non, à mon sens, non, les auteurs de ces crimes ne sont jamais entré dans l'Humanité et ne sont même pas parvenu à son seuil.

Je manque peut-être d'objectivité ? Certes 

J'analyse la situation et le contexte avec des biais cognitifs ? Surement 
Oui je suis impliquée de par qui je suis, de par les Miens, ceux qui vivent chez eux et qui ont été sauvagement attaqués et torturés, par la guerre qui continue chaque jour, par nos Halayim qui tombent au combat dans la fleur de l'âge, par une génération brisée, sacrifiée.


Oui je suis impliquée car j'ai tremblé et tremble encore pour ceux que j'aime
Oui je suis impliquée car c'est de l'histoire immédiate, nous la vivons au jour le jour et nous en sommes les acteurs et les spectateurs.
Oui je prie chaque jour pour que nos enfants et nos otages reviennent
Oui je prie pour nos combattants, et pensent aux mères, aux soeurs, aux épouses
Oui je prie pour la fille, le fils, le mien s'il avait vécu se battrait là bas
Oui je prie pour l'épouse, pour avoir été celle d'un soldat tombé au combat

Habaita.

Comment pourrait-il en être autrement ?

Alors oui je considère cet évènement comme un échec de la prévention ou de la mémoire collective et de la responsabilité morale.

"La philosophie nous enseigne que l'horreur ne se dit pas, elle se comprend dans le regard que nous portons sur l'autre"


Nous avons dans le paragraphe précédent tenter d'analyser le concept de brutalization développé par Zimmerman, puis penser l'éthique d'après Shoah avec la philosophie adornéenne, et le "plus jamais ça". 
Et pourtant
Depuis 1945, les massacres, les génocides se poursuivent. Alors oui la question se pose plus que jamais. Comment continuer à penser l'éthique face à de tels événements qui semblent contredire toute promesse de 'Plus jamais ça" ? 
Cependant cet échec doit devenir une incitation à renforcer la vigilance, la mémoire et l'engagement, plutôt qu'un motif de cynisme ou de désespoir.

Ainsi la réflexion éthique serait un processus inachevé.

Penser l'événement ne consiste pas à désigner une responsabilité individuelle ou collective spécifique, mais à comprendre que l'éthique après la Shoah doit intégrer la complexité de la responsabilité, surtout dans un contexte où l'échec de la prévention apparait évident. L'éthique devient alors une attitude critique et continue, qui doit faire face à l'imprévu, à la haine, à l'intolérance, tout en restant  fidèle au devoir de mémoire.

Doit-on penser l'échec comme moteur d'action ou de réflexion ?
La reconnaissance de l'échec peut stimuler une relocalisation des responsabilités une vigilance accrue, et une réaffirmation de la nécessité de lutte contre toues formes de violences, de haine, d'antisémitisme et d'extrémisme. 
Elle peut aussi conduire à une réflexion sur les limites de la mémoire et du langage face à l'horreur. 

Ainsi ce n'est pas un abandon, mais une responsabilité renouvelée pour faire face à l'inhumain

Mais comment dire ? Comment exprimer ce que je ressens ? 
"Laisse parler ton coeur" m'a dit une personne qui m'est très chère.

C'est une obscurité qui ne laisse pas de trace visible, mais qui plane comme un poids insoutenable. Une violence qui se faufile dans l'ombre, un silence lourd comme une présence oppressante.
C'est une douleur que je ne peux exprimer, une tristesse qui se grave en silence un regard qui cherche en vain un sens face à l'indicible. 
C'est une ombre et des fantômes, des cris d'épouvantes et de terreur. 
C'est l'appel des âmes errantes au milieu des ténèbres.

Car l'horreur dépasse les mots, elle nous interpelle dans notre humanité et notre devoir de mémoire. Penser l'horreur c'est je crois se souvenir sans voyeurisme, c'est garantir que de telles ténèbres ne se répètent jamais. 
Certes ce n'est pas le récit de l'horreur qui fait la mémoire, mais la conscience que cette violence dépasse tout ce que l'on peut dire, tout ce que l'on peut montrer. Elle s'inscrit et se grave dans l'ombre, dans le regard qui se voile, dans la douleur qui ne se dit pas.
Mon, notre devoir face à cette mémoire silencieuse, n'est pas de tout raconter, mais de tout entendre, de tout ressentir, et de tout préserver. Parce que le respect pour les victimes, c'est aussi respecter ce que l'on ne peut exprimer et faire en sorte que cette horreur ne se répète jamais.
Ainsi évoquer l'indicible c'est aussi à ne pas oublier, continuer à penser, à préserver la mémoire, et surtout à agir pour que la lumière de la justice et de l'humanité ne s'éloigne jamais

J'ai conscience que ces mots, ces phrases semblent vides face à cette sauvagerie, ce traumatisme collectif qui nous rendent nous Juifs d'Israel ou de Galout tétanisés, sidérés et sans voix.
Encore !
Pourquoi ?

Comment cela a t-il été possible chez nous ? Maintenant ? Comme ça ? 
Comment a t-on pu tuer des hommes ? Des femmes ? des bébés à naitre ? Des vieillards ? Comment a t-on pu démembrer des corps, violer des femmes ? brûler et tuer des bébés devant leur mère ? éventrer des femmes enceintes ? 
Ils se sont acharnés sur des cadavres pour assouvir leurs plus viles pulsions, se sont déchainés sur leur victimes pour leur ôter toute trace d'humanité, méconnaissables, inidentifiables, afin de nier leur existence jusque dans la mort.

Sans visage et sans nom


Ils sont semés le chaos et le néant.
Ils ont détruits tout ce qui était la vie
Ils ne respectent rien car ils ne sont rien
Ni les vivants ni les morts.

Comment a t-on pu filmer ça et en être fier ?
Comment a t-on pu kidnapper des femmes, des enfants, des vieillards, des bébés les prendre en otages
Comment, comment comment ?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Ce ne sont pas des hommes, ce sont des monstres assoiffés de sang, le mal absolu, la destruction et la haine
Ce sont les fils d'amalek, ils sont le diable dans toute son horreur, ils sont le malheur, ils sont le néant et le chaos

Je ne me tairai pas, jamais,
Le 7 octobre est un génocide
Le même que celui mis en acte et en scène par les nazis,
Avec les mêmes méthodes, le même acharnement, les mêmes armes de guerre,  la même violence, le même désir d'anéantissement : celui de couper des lignées et la filiation de l'autre à qui ils dénient l'existence
La même volonté d'exterminer un peuple. Le Mien, le Peuple Juif

Ils ne sont pas, ne sont jamais advenu à l'humanité et ne le seront jamais.

je ne me tairai pas, jamais
je passerai le reste de ma vie à lutter contre la barbarie, la sauvagerie et le mal
Je défendrai jusqu'à mon dernier souffle les Miens. 
C'est ma mission
J'ai promis
Je l'ai choisi et j'en suis fière
Ecrire est la seule arme dont je dispose aujourd'hui
Mais j'a appris que les mots peuvent être redoutables.

A ce jour 50 otages sont encore retenus dans les tunnels de gaza dans des conditions inhumaines et des monstres les torturent dans l'indifférence quasi absolue d'une société qui a scandé "Plus jamais ça ' Honte à elle.

Si penser l'éthique après le 7 octobre est un défi
Alors nous le relèverons.

"Voyez je vous propose en ce jour la bénédiction et de l'autre la malédiction : la bénénédiction (sera votre) quand vous obéirez aux commandements de l'Eternel, votre D.ieu, que je vous impose aujourd'hui'

"Réeh... Vois tes yeux... Choisis la vie''

Une fois encore nous sommes debout

Nous sommes là depuis des millénaires
Et le seront encore
Nous avons choisi la Vie que nous a offert l'Eternel

Pour nous la vie n'a pas de prix
L'Hymne de notre Terre
Est un message d'espoir

HATIKVAH 
AM ISRAEL HAI


Brigitte Judit samedi 16 août 13h19
























 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un tel rapport si subtil Brigitte, rapporte la gravité extrême de l'évènement et à la fois la force de résilience du Peuple qui s relève pour combattre. La Mémoire et la Vérité est portée par le dignité des survivants. La Résilience souligne sa force puisée dans l'horreur indescriptible en choisissant de se relever. l'Espoir c'est affirmer la reconstruction la solidarité par la transmission qui laisse l'ouverture en fonction de l'action vers un avenir plus sûr, plus juste, moins idéaliste. Ce 7 octobre retera gravé en l'être comme une blessure profonde mais qui relève de la Puissance d'un Grand Peuple, lequel en honorant la Mémoire, puise la force de se relever et de continuer à croire en son Avenir.

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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