Dans un précédent article, j'ai évoqué la douloureuse question du genre, neutre.... Der, die, das, er, sie, es, he, she, it..
Le it, le das, le es....
Il s'agit ici de la neutralité, de l'état, de l'action, ou justement de la non action, si être neutre, signifie ne pas faire, de pas acter...
"Quand mes parents s'engueulent, je ne suis ni pour l'un ni pour l'autre...Je tiens à rester neutre" me dit un adolescent. Sage décision, peut-on penser !
Je n'entre pas dans le conflit, dans un conflit qui ne me concerne pas. ".... Car de toutes les manières, ça me retombera dessus.." Poursuit ce même ado...
On pourrait ainsi conclure que la neutralité assure d'un certain côté une relative tranquillité.
Un conflit éclate, je suis présent, je n'interviens pas car j'estime ou j'évalue ne pas être concerné. Ce constat, cette évaluation est bien entendue subjective, peut paraitre discutable, voire contestable quand il s'agit d'intérets graves... par exemple..
A partir de quand n'est-on pas concerné ? Jusqu'où ?
A partir de quand ne viole t-on pas l'intimité, car on se sent concerné ?
Vaste débat.... Curieuse question.... Multitude de réponse, du moins d'hypothèses, de thèses, de propositions, de suppositions..
Arrive donc, la question du rester neutre, de ne pas se meler, se meller, se joindre à, prendre parti....ou partie. Etre concerné ou non, faire avec ou non, à faire ou non...
Bien évidemment, cela nous mène à la neutralité de l'analyste, encore.... Celle du thérapeute, qui est convoqué parfois justement pour prendre position, donner un avis, un conseil, bref, ne pas être neutre.
Convoqué, par toujours par le patient ou l'analysant qui le prend à témoin, muet, souvent, mais qu'on aimerait consentant..
Convoqué aussi, souvent, parfois par d'autres tiers, qui l'engagent vers une position pas tenable, du moins pour celui, qui pense que la neutralité est une qualité essentielle de son travail, mais aussi de sa fonction....
Comment faire alors ? Comment répondre éthiquement, sans trop de dissonance, voir sans dissonance à ces demandes... Pas forcément perverses, ni toxiques au premier abord...
Mais qui, si on s'attarde relève de la plus pure perversion institutionnelle où le thérapeute devient l'instrument d'un pouvoir qui mène parfois à son insu une politique qu'il ne cautionne pas, ou pire encore contraire à son éthique...
La vigilance s'impose, sans sombrer dans la paranoïa !
Position pas tenable, face au tiers, face aux protogonistes, face aux différents acteurs de la scéne, mais aussi et surtout face à soi même.
Etre thérapeute, c'est justement ne pas intruser la vie, l'action, l'intimité de l'autre, et surtout celle de son patient, analysant, sujet en demande..
Comment garder la distance, le recul nécessaire à la cure, à l'acte analytique ou simplement thérapeutique.
Comment ne pas glisser, ne pas déraper...Ne pas pénétrer dans un domaine, sur un territoire où le thérapeute n'a rien à faire, où il serait un intrus, un indésirable.... Entrer et venir dans l'intime de l'autre, dans le désir de l'autre ?
Cette convocation dans la vie de l'autre, dans l'intime de l'autre doit se faire sans heurts, sans jugements, sans intervention intrusive. Sans pénétration, sans avoir à entrer par effraction dans le psychisme de celui ou celle qui demande de l'aide, qui demande !
La demande, justement, c'est à partir de là que se situe l'inter vention du thérapeute, cet appel au tiers, qui pourra du moins tentera de mettre du sens, là où pour le sujet le sens manque, ou fait défaut.
Intervention.... Comment se situe t-elle ?
Elle ne se situe pas non plus simplement à la simple écoute, une oreille attentive à la souffrance, à la douleur, aux pleurs du sujet....
Freud parlait de neutralité bienveillante, certains thérapeutes remettent en question ces deux vocables, affublant l'une d'impossible, l'autre d'une connotation religieuse
On peut voir dans les mots, ce qu'on a envie d'y voir, d'y trouver, c'est selon, c'est propre à chacun
Ce que voulait dire Freud est simple, même s'il n'a pas toujours été neutre, (le Maitre conversait, déjeunait, se promenait avec ses analysants, et intervenait dans le cours de leur vie en les conseillant parfois, en les grondant etc..) il a sûrement été bienveillant au sens où lui l'entendait !
Certains thérapeutes disent et conseillent aux autres thérapeutes d'être actifs, de "mouiller leur chemise" d'accompagner leur patient dans les actes du quotidien. raillant souvent le psychanalyste caricaturé au fond d'un sombre cabinet fumant le cigare, ou listant ses courses pendant que l'analysant allongé sur un divan débite des sornettes qui ne le même à rien (j'ai entendu ça il y a quelques mois... Sans une once d'humour malheureusement)
L'analyste, qui nous le savons tous, ne donne ni conseil, ni recette est donc, selon cette sommaire analyse un thérapeute passif...
L'analyse également ?
Est-ce alors un long fleuve tranquille ? Que l'analyse ?
Il faudrait entendre les témoignages des analysants ? De tous les analysants ? De chaque analysants ? Car il n'existe pas de cure type ?
Il n'existe aucun protocole, aucune recette à appliquer..
Chaque sujet qui s'adresse à un thérapeute, et j'insiste, et je m'implique, est unique, ce que le thérapeute peut lui proposer ne peut être que du "sur mesure"... Pas une grille avec des cases à cocher, ou à rentrer dans un terminal informatique pour en ressortir une prise en charge type...
Aucun analysant ou ancien analysant ne dira que sa cure est passive, qu'il ne se passe rien. Car il se passe au contraire, il passe, passent les mots et les maux qui se mettent en mots, les mots qui vont et viennent au fil de la pensée, des associations, des rêves qui défilent, qui se déroulent, se détricotent pour retricoter le fil de l'existence...
Dire qu'il ne se passe rien, relèverait-il alors de la plus pure ignorance ? ou malveillance ?
La neutralité de l'analyste, ou du thérapeute qui se réclame de la méthode du Père est de mise, fondamentale dans la conduite de la cure ou la thérapie....
Laisser les mots venir, les mots se dire, au fil de la pensée.
Le thérapeute n'a ni la solution, ni la bonne réponse, si réponse il y a, bonne ou mauvaise ? Ces mots n'ont aucun sens en ce lieu....
Le thérapeute ne peut dire, conseiller...De quel droit et de quelle manière ? Le sujet et sa vie, le sujet est sa vie... Son histoire lui appartient. L'accompagner dans sa propre quête de sens, d'historisation.
La neutralité, est elle le prix à payer pour garantir cette prise en charge ?
Etre neutre signifie t-il etre garant de cette unicité ? de cette originalité ?
Neutre veut-il dire alors respect et reconnaissance du sujet ?
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Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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