J'apprends la patience,
Tous les jours
Depuis de nombreuses années
Depuis mon enfance. Etre patient était d'ailleurs présenté comme une qualité, une vertu, qu'il nous fallait cultiver. Apprendre.
Encore un de ces concepts un peu vieillots, démodés, à l'heure du zapping, du clic, de l'immédiateté.
Aujourd'hui on veut tout, tout de suite, satisfaire immédiatement une envie, un désir, d'ailleurs ces mots n'ont plus guère de sens, on désire une paire de chaussettes comme on a envie d'un hamburger... On donne à croire que tout est possible tout de suite, on devance presque le désir, le souhait.....
Alors la patience !
Etre patient, suppose que nous soyons capable de différer, de nous soumettre à des contingences ....Que nous puissions repousser le désir, l'envie, le besoin...Le remettre à plus tard.
Mais parfois cette patience nous est imposée, nous devons la subir, c'est une contrainte, et être patient ne se pose alors pas en terme de choix, nous devons peut-être faire face à :
Anxiété, angoisse, peur...Toutes ces émotions peuvent alors surgir, nous envahir, car confrontés à cet insupportable parenthèse qu'il faut subir, malgré soi, malgré notre désir, notre envie. Malgré nous.
Elle s'impose alors, s'intruse, car de choix, il n'y a pas. Nous voilà confrontés, que nous le voulions ou non, à une sorte de mur, infranchissable ! Incontournable.
La patience....!
Le temps....Entre....Le désir différé, l'action reportée...
Quand ?
Le Temps.
Le mur du Temps. Un temps qui ne se compte plus, qui ne s'égréne pas aussi vite que l'on voudrait, qu'on ne gère plus, qu'on ne maitrise plus.
Une sorte de lutte inégale avec lui, un combat perdu d'avance, il faut être patient, inutile de vouloir être gagnant. Peine perdue ! Nous voilà devant.
Alors on peut faire face, essayer, tenter, lui faire face, ne pas courber l'échine, ne pas se laisser aller. Ne pas renoncer.
Il ne s'agit pas d'engager un bras de faire, avec les Seigneurs du Temps, ils sont plus forts que tout, que nous, mais de tenter de faire, de penser, d'imaginer, de mettre en mots... De prendre en compte ce temps qu'ils laissent avant...
Avant ? Mais avant quoi ?
Il conviendrait alors d'établir une relation entre la patience et l'attente, la patience en attendant, qu'il se passe quelque chose, la patience serait donc un moment inter méde...Entre deux..
Cela suppose un objectif, la patience ne serait pas une fin en soi, un objectif à atteindre, mais une contrainte, une épreuve.
Une mise à l'épreuve du temps, du temps qui ne passe pas aussi vite qu'on le voudrait, car on voudrait tout de suite, tout ! un temps qu'on voudrait raccourcir, condenser.
Pour arriver plus vite, obtenir plus vite.
Patienter alors pour quelque chose, un but, un objectif, une rencontre
Patienter ? Il faut alors que ça vaille le coup....Vivre le présent inconfortable pour un éventuel futur, inconnu qui se profile au fond d'un horizon incertain.
Attente de ce futur ? Croire en ce futur
Patience en vue d'un espoir ?
La patience confronte le sujet au vide, au vide de l'absence de solution immédiate, de satisfaction, un vide qui le condamne à la frustration. A un inconnu espére paradoxalement..
Au vide de son existence...
Vide, vacuité...Gouffre sans fond, sans fondement, sans fin, sans début, sans rien, sans....
Vide.
Attendre, puis attendre encore, car il y aurait toujours du désir, toujours un besoin à assouvir, à différer, à satisfaire, puis un autre..
Patience encore et encore... Pour ?
Mais quelle patience pour une attente sans lendemain, une attente durant laquelle on ne voit rien venir...
Patience ou renoncement ?
La patience est aussi un jeu, de hasard, de divination... Faire une patience pour tuer le temps et se soumettre par là à sa décision.
S'en remettre au hasard, pour se désinvestir ? Pour ?
Mettre de l'ordre dans ce jeu de cartes, réussir ou pas, y voir ainsi un signe, du destin ? Patience encore ? Pour l'espoir d'une solution, d'une réponse, d'un oui, d'un non ? D'une réussite ou d'un échec.... Croire ?
Le temps ne se maitrise pas, il aurait soit disant un temps pour tout, même pour attendre, et où il nous faut faire preuve de patience
Faire croire qu'elle peut mener à la sagesse est une illusion pour qui n'est pas philosophe, même celui ci n'y croit guère, il s'interroge et se questionne, à quoi bon être patient ?
Elle est néanmoins nécessaire, quand elle permet de prendre un certain recul, de mettre des mots, ou des émotions sur des événements, qui se passent, qui arrivent...Qui nous arrivent
Quand elle permet de ne pas nous précipiter, de ne pas se laisser aller à ses pulsions, à ses envies
Une sorte de patiente, garante de civilisation, d'ordre social, d'éducation, de lien social ?
Patience encore ...
Patience pour l'ultime destination, la patience d'attendre la mort, qui viendra quand sonnera l'heure.... L'attente de la mort, l'inconnu mais le certain.
3 commentaires:
Bonjour, et merci pour ces mots qui bercent mon attente... J'ai l'impression que l'attente occupe les trois quarts de notre temps. J'attends chez le médecin, j'attends au bout du fil, j'attends que mon amour revienne, j'attends mon tour, j'attends mon heure, j'attends en pensant toujours : la vie est ailleurs.
Je suis patiente dans les deux sens du terme. Patiente parce que en cure analytique et patiente parce que pour la cure, il le faut bien. Le temps en psychanalyse est une notion qui n'a pas d'unité mais une valeur certaine, voire primordiale.
Je vous souhaite toute la patience dont vous avez sans doute besoin en ce moment.
Bien à vous Castor,
Cauderane
Merci à vous pour vos réflexions sur la patience et l'attente...
Comme c'est difficile en effet de vivre le moment présent pleinement, sans attendre.... De la patience..
J'en ai besoin, de patience, bien sûr, pas forcément facile parfois, où on aimerait que le temps s'accélère.. Encore une fois, patience et savoir apprécier ou du moins essayer de tirer leçon du moment présent
Bien à vous.
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