Il voulait être enterré comme un soldat
Il ne voulait ni fleurs ni couronne
Il voulait qu'on ne prévienne personne
Il voulait un enterrement civil...
Il voulait...
Mais...Personne n'a entendu !
J'ai retrouvé dans de vieux papiers ces quelques lignes qui ne s'adressaient pas à moi, mais à quelqu'un d'autre...
Il y a bien longtemps
Quelques mots griffonnés sur une feuille chiffonnée, quelques mots jetés sur du papier d'écolier.
J'ignore si ces lignes ont été lues avant moi et si son destinataire les a reçues.
J'ignore tout ça !
Elles ne m'étaient pas destinées, elles n'étaient pas pour moi... Pourtant je les ai lues.
Ces quelques lignes qui m'ont touchées !
Ces dernières volontés qui n'ont pas été respectées.
Pourtant !
Il voulait être enterré comme un soldat, sans fleur ni couronne, sans rien d'autre que les "gens du cimetière municipal" écrivait-il sans doute en proie à la douleur physique et morale, sans doute aux prises avec ses démons, fantômes insatiables toujours à la lisière de la crypte, spectres infâmes et tyranniques qui lui rappelait qu'il faudrait rendre les armes, un jour.
Il ne les déposerait que debout ! Rendre l'âme ? Mais cette âme il l'avait perdu, il y a longtemps ! Tellement longtemps qu'il ne s'en souvenait plus.
Il était mort déjà, il y a bien longtemps depuis la vie n'était qu'un sursis auquel il pensait ne pas avoir droit. Incapable de répondre à l'impossible question du pourquoi moi ?
Survivant. Mais survivant de quoi ?
En sursis, encore là alors qu'il n'y était pas vraiment, qu'il n'avait pas en vie d'y être, être là dans un monde qu'il ne comprenait plus.
En suspend, dans l'attente ultime peut-être ?
Il voulait mourir comme un soldat, la seule mort digne, la seule qui lui soit acceptable, alors il ne voulait personne, personne pour le pleurer, pour le retenir peut-être encore parmi ceux qui vivent ou font semblant.
C'est peut-être justement de ces semblants là qu'ils ne veut pas, de ces faux semblants, faux amis mais vrais ennemis. Toute sa vie il l'a vécu comme un soldat, défendant sa vie pour ne pas sombrer dans la folie. Pas tout à fait.
Mais de quelle folie ?
Ses dernières volontés : celles d'oublier et d'être oublié, comme un regret d'être arrivé là sur terre, d'être né, peut-être, puis d'avoir survécu là où tant d'autres sont morts !
Mourir comme un soldat...Sans doute pensait-il aux innombrables morts, tombés au champ d'horreur, enterrés ça et là dans de vastes prairies étrangères où ils sont tombés, où ils ne reposent pas en paix, si loin de leur terre !
Où parfois des ombres rodent et tentent de retrouver, un nom un date, pour déposer une fleur, une prière ou une pensée pour ceux qui sont partis trop vite pour rien
Une vie pour rien, une mort pour rien.. ?
Ces tombes parfois anonymes croix de bois, croix de fer... Allongés là pour une éternité qu'ils n'ont pas vraiment demandée ?
Cette tombe là peut-être, sans vraiment de cercueil ?
Un nom ? Même pas des initiales, les siennes et deux dates, le cadre de son enfer !
C'est ce soldat là qu'il n'a pas vraiment été, qu'il n'a pas eu le temps de devenir, mais "soldat de l'ombre" pourtant, ceux qui à ce qu'on m'a dit valait tout autant que les autres, plus peut-être... Plus que ceux qui portaient l'uniforme... !
Comme un soldat il a été, tout au long de ce long sursis que la vie ne lui a pas vraiment offert, car ce sursis là il ne l'avait ni souhaité ni demandé, il lui avait été infligé ! Il vaut alors survivre tant bien que mal, ou parfois plutôt mal que bien !
Mourir pour vivre enfin comme un soldat...
Je n'en sais rien.
J'ai refermé ce papier froissé, qui ne m'était pas destiné, je l'ai rangé... Une lettre pas pour moi, que je n'aurai sans doute pas du ouvrir et lire, mais ? Une lettre qui m'a bouleversée...
En hommage en ce 11 novembre
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir
Mon livre : "j'aime ma vie"
dimanche 11 novembre 2012
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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