Martha
ne veut pas vieillir. Martha a fait des enfants. Souvent. Pour rester
jeune ? Pas seulement dit-elle ; mais pour ne pas rester seule.
Seule.
Matha est seule, le plus souvent. Avec ses enfants.
Le mari de Martha n’est jamais là ; il ne l’a presque jamais été.
Martha aime ça
Elle ne supporte pas sa présence dans sa maison à elle, sauf peut-être pour lui faire des enfants
Lui ne supporte pas d’être dans une maison qui n’est pas vraiment la sienne
Ni tous ces enfants.
Ces enfants sont ses enfants
Mais les enfants c’est bruyant ! prenant !
Rien que cette pensée l’effraie alors il s’en va. ll part pour son travail, il l’a choisi. Martha aime ça même si parfois elle se plaint de devoir tout faire, tout assumer. Elle en est fière, même si au fond d’elle ; ce n’est pas tout à fait ce qu’elle espérait.
Mais qu’espérait-elle ?
Quand elle se souvient de ces « rêves d’enfants » cela se résume à « des enfants » ; les siens
Elle n’a jamais été une brillante élève, juste ce qu’il faut, avec bien du mal quand même mais elle est allée au bout.
ll fallait aller au moins à l’Université ; pas pour étudier, avoir des diplômes, un travail. Non rien de tout çà.
Aller à l’Université pour trouver un mari.
Seule.
Matha est seule, le plus souvent. Avec ses enfants.
Le mari de Martha n’est jamais là ; il ne l’a presque jamais été.
Martha aime ça
Elle ne supporte pas sa présence dans sa maison à elle, sauf peut-être pour lui faire des enfants
Lui ne supporte pas d’être dans une maison qui n’est pas vraiment la sienne
Ni tous ces enfants.
Ces enfants sont ses enfants
Mais les enfants c’est bruyant ! prenant !
Rien que cette pensée l’effraie alors il s’en va. ll part pour son travail, il l’a choisi. Martha aime ça même si parfois elle se plaint de devoir tout faire, tout assumer. Elle en est fière, même si au fond d’elle ; ce n’est pas tout à fait ce qu’elle espérait.
Mais qu’espérait-elle ?
Quand elle se souvient de ces « rêves d’enfants » cela se résume à « des enfants » ; les siens
Elle n’a jamais été une brillante élève, juste ce qu’il faut, avec bien du mal quand même mais elle est allée au bout.
ll fallait aller au moins à l’Université ; pas pour étudier, avoir des diplômes, un travail. Non rien de tout çà.
Aller à l’Université pour trouver un mari.
Un
garçon du même milieu, ou un peu au dessus, fortuné, de la même religion aussi :
c’est mieux.
La médecine est exclue, elle en est incapable, les sciences humaines « il n’y a que des crèves misères » souligne t-elle, lettres et philo « ne me feront pas vivre »… Reste le Droit. Trois ans de première année à arpenter les couloirs ; feuilleter les codes sans rien y comprendre, ; user sa jupe bleue marine sur les bancs des amphis. Mais « un mari à la clé ».. Peut-être ?
Ultime but de sa vie ; assouvir son rêve !
Un marché de non dupe : chacun cherche son chat, sa potiche, son porte feuille et surtout son assurance vie.
La médecine est exclue, elle en est incapable, les sciences humaines « il n’y a que des crèves misères » souligne t-elle, lettres et philo « ne me feront pas vivre »… Reste le Droit. Trois ans de première année à arpenter les couloirs ; feuilleter les codes sans rien y comprendre, ; user sa jupe bleue marine sur les bancs des amphis. Mais « un mari à la clé ».. Peut-être ?
Ultime but de sa vie ; assouvir son rêve !
Un marché de non dupe : chacun cherche son chat, sa potiche, son porte feuille et surtout son assurance vie.
ll
faut quand même lui plaire, faire un effort et lui présenter ses parents.
« quelles intentions avez-vous jeune homme » ! car dans ces familles
là, ça ne rigole pas : On ne couche qu'après être passé devant le curé. Enfin
c’est ce que les parents croient !
Une fois
la proie ferrée ne plus la lâcher.
Ensuite vient le premier enfant ! les études sont abandonnées ! de toutes manières Martha n’était pas douée. Qu'aurait-elle fait ? Elle suit son mari, se traine à sa traine, il est dynamique et fringant elle s'empâte en faisant des enfants. Un puis deux, ce n'est pas assez ! Alors au suivant ! les familles s'inquiètent en voyant tous ces bébés, synonymes de patrimoines disséminés.
Les enfants servent à transmettre ! mais sous certaines conditions
"Je ne les ai pas fait seule" s'excuse t-elle devant les regards désapprobateurs qui ne se déplacent même plus à la maternité, ni aux baptêmes.
Martha est seule avec ses enfants. Elle voit les ainés s'éloigner, les petits viennent combler ce vide la vie est compliquée et malgré les efforts de monsieur pour faire vivre sa meute ; elle tire souvent le diable par la queue, en priant le bon Dieu ! cette vie ; elle l'a voulue.
Au fond elle n'en n'est pas si sûre ! Martha se dit en douce qu'elle n'a jamais rien vraiment voulu et que tout est advenu si vite qu'elle n'a pas eu le temps de vouloir vraiment. Sauf des enfants ou être enceinte pour être mère, une fois, deux fois et plein d'autres fois encore un enfant c'est trop peu, deux ce n'est pas assez , trois ce n'est pas équilibré, quatre c'est trop carré, alors.... !
Martha réalise avec horreur que ces enfants fuient, ils n'ont de hâte que de partir, le plus loin possible du nid, ils réclament l'internat peut-être pour tenter d'exister.
Pourtant : "j'ai fait ce que j'ai pu pour eux."
Martha a ses enfants et bientôt l'age de ne plus en avoir, de ne plus pouvoir en faire, et se demande ce qu'elle va faire ?
Alors se dresse devant elle le vertige du vide, du ventre vide et de la maison qui le sera bientôt tout autant. N'aurait-elle que son ventre pour exister, pour être au monde est-il nécessaire de mettre au monde ?
Enfants refuges, enfants boucliers pour affronter une vie qui la terrifie ? Martha se demande aujourd'hui comment advenir à elle même pour être elle même ; pour trouver ce Je qui depuis toutes ces années s'est dissimulé derrière ce nous.
Une quête qu'elle croit impossible car de Je elle n'a pas dit-elle. Hors je elle s'est mis hors jeu de l'échiquier sociétal.
Pourquoi ?
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Ensuite vient le premier enfant ! les études sont abandonnées ! de toutes manières Martha n’était pas douée. Qu'aurait-elle fait ? Elle suit son mari, se traine à sa traine, il est dynamique et fringant elle s'empâte en faisant des enfants. Un puis deux, ce n'est pas assez ! Alors au suivant ! les familles s'inquiètent en voyant tous ces bébés, synonymes de patrimoines disséminés.
Les enfants servent à transmettre ! mais sous certaines conditions
"Je ne les ai pas fait seule" s'excuse t-elle devant les regards désapprobateurs qui ne se déplacent même plus à la maternité, ni aux baptêmes.
Martha est seule avec ses enfants. Elle voit les ainés s'éloigner, les petits viennent combler ce vide la vie est compliquée et malgré les efforts de monsieur pour faire vivre sa meute ; elle tire souvent le diable par la queue, en priant le bon Dieu ! cette vie ; elle l'a voulue.
Au fond elle n'en n'est pas si sûre ! Martha se dit en douce qu'elle n'a jamais rien vraiment voulu et que tout est advenu si vite qu'elle n'a pas eu le temps de vouloir vraiment. Sauf des enfants ou être enceinte pour être mère, une fois, deux fois et plein d'autres fois encore un enfant c'est trop peu, deux ce n'est pas assez , trois ce n'est pas équilibré, quatre c'est trop carré, alors.... !
Martha réalise avec horreur que ces enfants fuient, ils n'ont de hâte que de partir, le plus loin possible du nid, ils réclament l'internat peut-être pour tenter d'exister.
Pourtant : "j'ai fait ce que j'ai pu pour eux."
Martha a ses enfants et bientôt l'age de ne plus en avoir, de ne plus pouvoir en faire, et se demande ce qu'elle va faire ?
Alors se dresse devant elle le vertige du vide, du ventre vide et de la maison qui le sera bientôt tout autant. N'aurait-elle que son ventre pour exister, pour être au monde est-il nécessaire de mettre au monde ?
Enfants refuges, enfants boucliers pour affronter une vie qui la terrifie ? Martha se demande aujourd'hui comment advenir à elle même pour être elle même ; pour trouver ce Je qui depuis toutes ces années s'est dissimulé derrière ce nous.
Une quête qu'elle croit impossible car de Je elle n'a pas dit-elle. Hors je elle s'est mis hors jeu de l'échiquier sociétal.
Pourquoi ?
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
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