Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mardi 23 octobre 2018

Er und Sie une Histoire singulière.


… "er würde ihr damals nicht wie ein Teufel erschienen sein, wenn er ihr nicht, bei seiner ersten Erscheinung, wie ein Engel vorgekommen wäre." *

Es sagt :

"Es war eine andere Velt"
Sie sagt :
"Es war…. "
Es war einmal ?
Ce n'est pas un conte, ni de fées ni de sorcières, même s'il y a des fantômes, des ombres qui rodent, toujours, c'est seulement une histoire, une histoire vraie, qui s'est passée,  dans un monde vrai, bien réel, mais qui n'existe plus, ou seulement dans la mémoire de quelques uns, dans un espace temps qui a été mais qui n'est plus.
Sie Sagt :
"Si je m'en souviens ! Nul doute, mais comment ? Je ne saurai dire exactement, il y a longtemps, si longtemps, c'est un peu flou. Il y a eu la rencontre, une rencontre entre lui et moi. Par hasard ? (elle sourit) je n'en sais rien, car de hasard il n'y avait pas, alors ? Rencontre il y eut. Il y eut des regards, un échange, celui où l'un jauge l'autre, sait que cet autre va jouer un rôle sans trop savoir lequel… Mais qu'il va se passer quelque chose, ça oui. "
Er sagt :
"Si je me souviens d'elle ? bien sûr, on n'oublie pas, pas une rencontre comme ça, je revois bien la scène, comme si c'était aujourd'hui. Heute."
Sie sagt
"Un regard, je me souviens, les yeux ça parle, ça ne ment pas vraiment, un regard singulier, qui pouvait être inquiétant aussi, il y avait quelque chose dans son regard qui m'intriguait, me faisait peur, et m'attirait, ah ce regard !"
Er sagt
"Il fallait que je sache, que je  lui parle, elle ne serait pas venu, alors je suis allé à sa rencontre" il sourit et il rit "ce passé me semble si présent, une rencontre puis une autre, un jeu, die Katze und die Mause…"
Sie sagt
"je n'osais pas l'aborder, il m'impressionnait, et il était beau, c'est sûr, j'ai attendu, je l'ai regardé, je savais qu'il viendrait, qu'il ferait les premiers pas. Et c'est là que tout à commencé sans jamais vraiment cesser : Un jeu, un jeu à deux, une partie de cache cache, le chat et la souris tantôt l'un tantôt l'autre, personne n'était dupe, mais ça nous amusait je crois, nous n'en n'avons jamais rien dit, mais nous le savions "

Et puis Kleist, Kleist est venu, s'est invité. Entre eux il y eut Kleist

Er sagt
"Une danse, qui la menait ? Je ne sais plus vraiment, normalement c'était mon rôle, un jeu surtout, je suis là, je n'y suis plus, cherche moi… Le cache-cache (il rit) Elle était plutôt le chat, toujours sur ses gardes, méfiante, elle ne se confiait pas, prudente, timide, j'étais sa souris (éclat de rire) je crois que j'ai aimé ça : le laisser être le chat), une autre époque, nous étions jeunes, jeunes et beaux, si jeune et belle…(il sourit)"
Sie sagt
"Micha me disait de faire attention qu'il y avait du danger, il ne l'aimait pas, il n'aimait pas ces rencontres là, mais il se méfiait de tout et n'aimait que peu de monde. Méfiant. Et puis c'était plus fort que moi, j'aimais ça, cette partie d'échec, on avance les pions, on prend le temps.  Personne ne baissait la garde, il n'y a jamais eu ni vaincu ni vainqueur le chat n'a jamais mangé la souris (elle rit) ce n'était pas le but du jeu"
Er sagt :
"Je n'oublierai jamais, j'y pense souvent,  maintenant ce sont de vieilles histoires, mais celle ci est belle, malgré tout, car le jeu était truqué dés le début, elle savait ça aussi, je pense, mais qu'importe, c'est du temps volé, volé à la vie, et ce n'est pas rien, un peu de légèreté aussi, de la poésie ; Die Sehnsucht, rare, si rare ; si improbable


"Das Misstraum ist die schwarze sucht der Seele
Und alles, Auch das Schuldlos-Reine, zieht
Fürs kranke Aug die Tracht der Hölle an"

Il sourit.

Sie Sagt :
"Il a fallu partir, je me souviens, ces escaliers, pour dire aurevoir, adieu peut-être, il n'y avait personne, laisser un mot, partir sans rien dire. Depuis je n'ai plus jamais aimé partir, les gares, les trains, tout ça, laisser."
Er sagt :
"je n'ai jamais su dire aurevoir, il n'y a pas d'adieu, aufwiedersehn un jour peut-être ? C'est si loin, Gestern, Heute, Morgen ; le temps n'existe pas"

Sie sagt
"Il y a eu le silence, un long silence, puis son nom dans les journaux, des fois, lire, savoir, entendre, ah ! il était brillant il aimait la lumière, même dans l'ombre (elle rit)"
Er sagt 
"J'aurai pu savoir, bien sûr… Mais le silence, pas de regret, telle est la vie, C'est ma vie. J'ai pris des nouvelles, après, elle ne l'a jamais su, je pense, mais je devais savoir, j'aimais la savoir heureuse"
.Sie Sagt
"Il fut et sera toujours mon Prince de Hombourg (et dans un éclat de rire "avec ou sans sa chemise blanche".

Une histoire, banale somme toute, celle de deux êtres pas vraiment faits pour se rencontrer, dans un monde où on ne se rencontre pas vraiment, deux êtres qui ont joué, joué à se rencontrer, à se voir, à s'aimer peut-être d'une singulière manière, à se méfier, à se respecter, à se protéger, à... Une histoire comme il y en a sûrement d'autres, celles ci est singulière, car elle reste gravée dans leurs mémoire, des années plus tard, sans le savoir, ils ont témoignés, il y avait dans leur regard la même lueur, le même éclat. Aucun regret, seulement le bonheur et la chance d'avoir vécu ça, cette parenthèse dans les ténèbres, celles d'un monde clos… Ils ne se sont jamais vraiment quittés, la pensée reste un lien, si toute leur vie ils se sont intéressés chacun à la vie des autres, ce ne fut pas de la même manière, ni pour les mêmes raisons.

Pour H. K. il y a longtemps.

Brigitte Dusch, historienne, psychanalyste. (Mémoires d'un Ailleurs )
Crédit photo @brigittedusch (collection privée) DDR


Heinrich von Kleist, die Marquise von O., épilogue

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