Je suis d'un autre temps, d'un autre monde aussi, et ce monde a disparu tout comme le temps d'avant.
Ce monde et ce temps ci ne me conviennent pas, je m'y sens étrangement perdue, tous ces bouleversements, ces interdits. Il n'y a plus guère de joie, de rires et de chants, plus personne ne danse dans la rue, ne se salue ne se demande "comment ça va ?".
C'est le temps de la violence, crue, sourde mais bruyante et terrifiante.
La peur s'est installée un peu partout, on se méfie de tout et de tous, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver, le pire sûrement, il n'y a plus de meilleur. On a étouffé le meilleur en nous..
Ce monde devient fou, Il a interdit la vie.
Il faut y vivre presque secrétement, sans faire de bruit, passer rapidement en s'excusant d'être là encore en vie, baisser les yeux et la tête, rester en marge du chemin. Ne pas être vu, trop, on ne sait pas vraiment si on a encore le droit d'être là. La vie n'est plus un droit.
Je suis d'un autre temps, et c'est bien ainsi
J'ai connu les jours heureux de l'insouciance de la vie, des lendemains qui chantaient plus ou moins bien mais chantonnaient au moins, les jours un peu fous nous étions contents de nous retrouver dans des soirées improvisées et parfois un peu trop gaies.
Le temps des jours heureux, des soleils et des lunes ou on refaisait le monde sans vraiment penser à ce demain qui ne viendrait peut-être jamais, mais qu'importe ?
Je suis d'un autre temps que celui d'aujourd'hui. Je me demande comment nous sommes arrivés là ? A ce terminus, cette voie qui me laisse sans voix car il n'y a pas d'issue.
Je ne comprends pas ce monde mal, heureux, tiraillé entre "je dois et je ne peux pas" qui conteste tout mais obéit aux injonctions paradoxale, qui voit le mal partout, alors qu'il est lui même le mal, à l'origine du Mal.
On ne peut plus sourire, s'embrasser ou se câliner, sans qu'il nous soit prêté la pire des intentions. On ne peut plus s'aimer, ni se désirer. C'est devenu un crime et tout est réprimé, encadré. La loi entre dans l'intimité des foyers et des chambres à coucher. Il n'y a plus de Il, plus de Elle, il faut tout mélanger sous prétexte d'égalité, il faut imposer la mêmeté.
Ce monde se détruit de ne pas comprendre que nous ne pouvons vivre que grâce à nos différences. Etre semblable ne même à rien sauf à la stérilité de la pensée et de la vie.
Ce monde s'acharne à vouloir, demander, exiger, il ne faut plus être femmes ni hommes, ni l'une ni l'autre mais un peu de tout ça, sans être vraiment ça. On n'est plus vraiment soi puisqu'il faut être tout.
Il faut, toujours, jamais, on doit C'est le refrain qui vient chaque matin nous rappeler que nous n'avons plus le droit d'être simplement des Humains.
Il faut la haine et le rejet. La méfiance et la défiance, faire croire qu'on est fort et qu'on peut se passer de l'autre : L'autre ce danger. Il faut nous diviser
Non, je ne suis ni de ce monde ni de ce temps et j'en suis fort heureuse, j'aime la vie et les rencontres, j'aime regarder un ciel et le trouver beau, j'aime me perdre dans le bleu de la mer. Non je ne veux pas être de ce monde et de ce temps car je suis au monde et au temps, immortel et intemporel
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
1 commentaire:
Chère Brigitte,
Ce monde qui glisse vers la robotisation...
Ce monde sans âme...
Il angoisse ceux qui aiment la VIE.
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