Elle pleure pour un rien, un mot, une image, un son
Tout l'émeut à un tel point que les larmes coulent et coulent le long de ses joues
Un seul mot, un seul, remet toutes ses certitudes en question, toute sa vie est à remettre en jeu.
Un seul regard suffit à lui faire croire que rien ne va plus chez elle,
Qu'elle n'est pas belle, qu'elle n'est pas à sa place, qu'elle a dit une bêtise
Elle se sent tellement fragile, vulnérable qu'elle entend tout tellement fort, tellement plus fort que les autres
La lumière, les cris, le noir, le bruit, elle ressent tout tellement fort
Tout.
Elle est comme ça, depuis longtemps, depuis toujours
Un seul mot fait tout basculer, tout vriller et elle part dans des pensées qui deviennent de plus en plus sombres.
Il n'y a qu'un seul sens une seule issue aux mots qui sont prononcés, dit à elle ou pas mais qu'elle entend. Et cela suffit !
Tout s'écroule, le château de cartes ne tient pas, il s'envole au plus petit claquement de porte ou du mot trop fort, du regard trop soutenu.
Alors elle pleure, tout la touche tellement fort,
Il y a tellement d'émotions dans ce film, dans cette musique, cette chanson.
Des émotions, ressenties fort, très fort, trop fort et qui l'entraine dans la mélodie de sa tristesse, qu'elle compose, recomposer depuis... si longtemps
Elle est comme ça
Sensible, vulnérable, fragile.
Elle se dit que ce monde n'est pas fait pour elle, ou plutôt qu'elle n'est pas faite pour lui, qu'elle n'y trouve pas sa place puisqu'il n'y a pas de place pour elle.
Vivre ici demande d'être fort, puissant, acerbe, méchant parfois. Ne pas se laisser faire, attaquer, se défendre, oser...
Tout ça elle ne sait pas faire.
Elle sait comment est le monde, elle perçoit tout, tellement fort, tellement trop fort !
Hypersensible ! C'est ainsi qu'elle est lui a t-on dit.
La belle affaire ! La belle à faire de quoi et de qui ?
Elle ignorait qu'il y avait un barème, une échelle, une norme pour ce qui est le plus singulier, le plus intime de l'humain, la sensibilité !
Donc il y a sensible, hypo sensible, hypersensible se dit-elle : Ainsi je suis a normale, je dévie de celle ci, je m'en écarte et je souffre.
Elle sourit, se dit qu'elle n'aimerait pas être hypo sensible, même si ça fait moins mal, sensible, ce serait sûrement mieux car tout ce qui est autour d'elle ne lui échapperait pas.
Autour d'elle. Elle lève les yeux et regarde le ciel, il est beau, il y a pleins de couleurs, elle les voit toutes, tous ces dégradés de bleus, gris, blancs, cette fréle percée du soleil ce nuage qui essaie de faire une place. Elle sourit..
Le ciel ! puis elle respire, l'air, l'odeur de la menthe sauvage et de la sauge, près d'elle une odeur forte et singulière, tellement agréable. Puis le vent lui caresse le visage, doucement, un peu plus fort... Elle ferme les yeux, respire, que c'est bon, elle sent cet air, elle sent cette vie en elle, qui vit pleinement, accueille toutes ces sensations, les perçoit d'une manière intense, les identifie et se met à les aimer.
Aimer.
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo @brigittedusch
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire