Grande question que celle là ? La pratiquer ou pas ?
Lacan en a usé et abusé ! Tant et tellement que c'en est caricatural.
Aujourd'hui, un analysant avisé écrirait peut-être sur un site déjanté et loufoque : "Aujourd'hui,je suis allée chez mon analyste, il a interrompu la séance au bout de cinq minutes et a quand même empoché mes 500 fr.vdm"
Et il aurait raison, du moins il n'aurait pas tord..
Cela démontrerait qu'il a un certain sens de l'humour, de la formule et surtout qu'il saurait mettre des mots sur une pratique qui ne manque pas d'interpeller...
Scansion ou pas scansion ?
Mais pourquoi au juste.
Les freudiens, du moins ceux qui se réclament du Père, directement du Père, ne la pratiquent pas. La scéance, quoi qu'il arrive, dure 45 mn.... Retard ou non.
45 mn, presque chrono en mains...!
Si votre rendez vous est à 15 h, vous en aurez terminé à 15h45, que vous soyez à l'heure ou que vous ayez une demi heure de retard ! Dans ce cas là, tant pis pour vous, ou tant mieux !
Certains analystes mettent un réveil, ou une minuterie...Et l'analysant peut ainsi voir défiler le temps ! Etre surpris dans son discours, dans son silence. Sur Pris en plein milieu de son inconscient, de son retour du réfoulé..
Se dire qu'il lui reste encore quelques minutes à dire !
Car le temps sur le divan n'est pas le même que le temps ordinaire. Sa perception n'est pas la même !
Il ne coule pas de la même manière, il peut être plus long, ou plus court. C'est selon.
Les héritiers de Lacan, ou qui se disent tels ! interrompent la séance quand bon leur semble ! Enfin vous diront-ils, si toutefois, ils concédent ou condescendent à vous ou simplement à dire quelque chose, quand cela leur semble nécessaire, utile, essentiel.
C'est eux non "les supposés savoir" ?
Interventionnistes donc. Car ce bon qui leur semble est à leur pure discrétion, appréciation.
Le bon moment. "C'est tout pour aujourd'hui".
Cette formule en impose, il faut en convenir....Elle n'appelle pas de commentaire, aucun, ni de soupir, aucun, du moins apparent. Celui qui se rebifferait, n'aurait rien à faire là, ou serait guéri, c'est peut-être ça la "guérison en sus" ou de "surcroit" !!!
"Peut-être avait-il une course à faire" me dit un jour un patient qui n'avait pas apprécié cette méthode
"Il a censuré ma parole" Dit un autre.
"Il m'a quand même pris mes 100 Euros !" reconnait plus pragmatiquement une jeune femme qui se dit "plus près de retourner chez de tels charlatans"
D'autres y trouvent leur compte ! C'est le cas de le dire
L'analyste dans sa toute puissance... L'analyste sachant savoir ce supposé ou ce satané savoir, que lui analysant ne sait pas et paie n'importe quel prix pour enfin savoir, ou pour enfin espèrer peut-être savoir, ce qu'au fond, il n'a peut-être pas vraiment envie de savoir. D'où le nombre de resistances... Au savoir, à l'analyste, au savoir de l'analyste, au savoir de l'analysant, au savoir de la cure. Au savoir tout court !
Bref, si l'analyste le fait me dit une jeune femme : "C'est qu'il a ses raisons"
Ses raisons qu'elle ne connait pas, mais que lui doit savoir
"C'est pour mon bien" Mais le bien de qui ? Le sien ? Celui de l'analyste ?
Allez savoir ?
Pour en revenir à la scancion... Elle peut,sous certaines conditions et dans certains cas, elle peut être utile, nécessaire....Pour l'analysant.
Pas toujours, pas tout le temps "C'est plus du jeu, sinon"
Trop de scancion tue la scancion
Et c'est vrai.
En revanche, ce que je qualifierai d'outil thérapeutique, bien manié comme tous les outils dont dispose le thérapeute, peut être interressant, peut dénouer, faire avancer le travail analytique, pendant et en dehors des séances...
C'et d'ailleurs son objectif.
Il peuten effet, à certains moments de l'analyse, que le sujet et son analyste auront repérés permettre à l'analysant de dénouer, de comprendre, faire des lien, d'aller au delà..
De reprendre ensuite à la séance suivante. Plus facilement peut-être, ou bien autrement, car cette scansion là, aura marqué, scandé le tempo, celui de l'inconscient ramené sur le divan.
Pourquoi pas ?
Souvent vécu comme une frustration, la scancion l'est en effet, mais la frustration n'est elle pas nécessaire au développment (le b a ba de la psychologie de l'enfant)
Ce serait croire, -à tord, mais aussi à raison- que l'analysant est un enfant ?
Enfant, sûrement pas, mais le transfert permet souvent une régression. La regression dont parle Freud.
Mais l'analysant est-il en mesure de faire face à cette interruption de sa parole ? D'y trouver de l'intéret ? De lui donner du sens ?
Nous avons tous en mémoire la souffrance de Maud Mannoni lorsque Winnicott (qui ne l'avait pas informée de la durée de ses séances) interrompit brutalement leur entretien...
Brutalement ! C'est en fait parfois vécu comme une violence...
Une frustration, nous l'avons déjà souligné, sûrement. L'interruption de la séance au moment où l'inconscient se fait jour... Jouir ? Pour reprendre un propos prété à Lacan ?
La jouissance de l'inconscient ? de l'analysant ? Ou celle de l'analyste ?
Une jouissance impossible ? Mais pour qui ? Et pour quoi ?
Faire jouir ? Ou faire jour ?
Ramener au conscient le matériau refoulé, car jusque là impossible à surmonter, associer ces mots, ces pensées, ces rêves, perlaborer.... Puis brusquement être interrompu "c'est fini pour aujourdh'ui !"
C'en est fini pourqui ? Le sujet ? ou l'analyste, qui montre là son impossibilité à surmonter sa propre jouissance ou celle de son analysant, préférant ainsi par là, castrer. Mais castrer qui ? Encore une fois ?
Castration ? Frustration ? Violence ? Brutalité ?
Qui refoule encore et qui refoule quoi ? L'impossible impossibilité de la jouissance de l'inconscient à faire jour au conscient ?
La scansion donne t-elle sa mesure, son rythme à la cure ?
La cure est-elle une partition ? Celle de l'inconscient qui se joue sur le divan ?
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
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Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
6 commentaires:
Si c'est fini c'est dommage !
Mais, attention, pour l'inconscien aussi,si c'est fini c'est peut-être aussi pour toujours !!!
Merci d'avoir lu, et d'avoir écrit.
Je ne sais pas si pour l'inconscient on puisse dire que c'est fini. Qu'est ce que la finitude ?
Peut-être refoulé encore ?
Le refoulé refoulé ? Un noeud encore à dénouer et plus difficilement ?
Pour toujours ? Je ne crois pas à la notion de "définitif" rien n'est gagné, mais rien n'est perdu
Vision pessimiste peut etre ?
Cette scansion, je l'ai vécue plusieurs fois avec mon analyste lacanien. Mais pas souvent. Je l'ai toujours trouvée utile dans ce qu'elle avait à me dire pour avancer. ça reste un outil thérapeutique comme vous le dites. Cela vient soulever un symptôme, ou un dire qui se répète ou au contraire, mettre en exergue une nouvelle parole jamais dite qui sur le moment se suffit à elle-même.
Et il m'est arrivé moi-même de mettre fin à mes séances bien avant le moment imparti. La scansion permet ça justement. Puisque l'analyste peut en user, l'analysant peut aussi décider de ne pas rester jusqu'à la fin du temps qui lui est réservé, non ? Enfin, ça reste mon expérience, et je précise que mes interruptions étaient dues à un trop de souffrance que je cherchais à fuir. Mais cela m'a permis aussi de pouvoir dire à mon analyste "Stop, j'en ai vraiment marre de souffrir".
La cure reste une aventure singulière faite de la rencontre de deux inconscients qui se parlent.
Cauderane
Bonjour,
Je connais pas mal de psys se réclamant de l'orientation Lacanienne. Souvent, ils tablent sur une séance d'une durée moyenne de 30mn... Qui peut être interrompue avant de manière exceptionnelle lorsque l'analyste pense qu'un dire sufisamment important mérite qu'il soit ponctué par une scansion, acte qui permet d'éviter les écueils de l'interprétations (qui si elle vient trop tôt remobilise les résistance... et qui ne sert plus vraiment à grand chose quand le sujet à franchi le pas qui lui permet de l'accepter... Ce trop tôt ou trop tard, c'est ce qui rend les analystes lacaniens plutôts avares en interprétations)... Mais il arrive que la séance soit interrompue parfois bien longtemps après le temps prévu lorsque quelque chose est sur le point de sortir et que l'analyste a la patience de le laisser advenir. Je me souviens de deux de mes séances qui se sont terminées au bout d'une heure un quart... Et de trois ou quatre, au bout de 20mn... Jamais avant... C'était le temps minimum qu'il me fallait pour que quelque chose d'important émerge. Mon analyste pratiquait la séance à durée variable... Mais vraiment variable... dans un sens ou dans l'autre.
L'ennui c'est de confondre séance à durée variable qui donne tout son prix à la scansion, avec la séance systématiquement très courte, qui de par son systématisme vide la scansion de tout son sens supposé... Et remplit les poches de ceux qui en abusent.
à tort ou à "tord"...
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