"Aujourd'hui que vous étes psychanalyste, vous avez forcément dénoué tous les noeuds de votre enfance" m'écrit une jeune analysante, particulièrement aux prises avec ceux de son enfance à elle !
Les noeuds de l'enfance ? Les dénouer ? Tous ? Forcément ?
Tous les noeuds ?
Dénouer tous les noeuds ?
Forcément ?
Ce forcément durassien... Forcément !
Sûrement certains et heureusement ! Suis je tentée de répondre... Mais tous ?
Car il n'y a pas de noeud unique, forcément !
Il y en a plusieurs....
Les noeuds de l'enfance ? Noués lors de l'enfance,
C'est sûrement eux qui ont fait que je sois devenue psychanalyste, et thérapeute...Oui, sûrement.
Ce sont eux qui ont fait que je me suis posée toutes ces questions, enfant déjà. Que je voulais comprendre. Ce qui n'allait pas, mais ce qui allait aussi.
Que j'ai cherché à avoir des réponses, que je me suis engagée sur ce long chemin, dans ce difficile parcours. Que les réponses amenaient encore des questions, que ces mêmes réponses dénouaient mais renouaient encore....
Que j'ai cherché encore et toujours.
Sans regret, avec douleur parfois, avec bonheur souvent.
C'est sûrement eux qui ont fait la femme que je suis aujourd'hui...
La souffrance, celle de l'enfance, mais aussi celle qui suit celle ci, la souffrance tout court cette fois, est souvent déterminante pour comprendre. Mais elle n'est pas la seule et heureusement. C'est la vie, la vie tout court, qui est faite de bonheur, de joie, de souffrance, de chagrin, de joie encore et de bonheur.... Un éternel recommencement, le chemin de la vie, faite et ponctuée d'événements heureux et/ou malheureux, mais que nous affrontons plus ou moins bien, cela dépend. Mais que nous essayons d'affronter, de dépasser, de digérer, pour être plus fort, pour vivre au quotidien tout simplement, du mieux que l'on peut, avec soi, mais aussi avec les autres. Si l'on peut. Comme on peut !
Alors on se fait le pari : Se comprendre d'abord. Du moins essayer de tenter
Puis peut-être, après le désir de comprendre les autres.
Mais se comprendre avant, étape essentielle, fondamentale, essentiellement nécessaire avant de s'engager dans le difficile parcours d'aller à la rencontre de l'autre.
Se rencontrer, ne pas manquer son rendez vous avec soi, pour éventuellement accepter un rendez vous avec l'autre...
Se comprendre pour s'aider...
Se comprendre pour aider...
Comprendre les autres pour les aider ?
Le mot aide ne convient pas ici. Il est presque de trop, incongru.
Bien que parfois, il faut porter, tenir à bout de bras la souffrance de l'autre, pour lui permettre de tenir debout, du moins pas trop courbé, affligé par le chagrin, la peine...
Porter ! Soutenir ! Su porter !
Alors, comprendre, dénouer, délier, pour accompagner, écouter... ?
Offrir un espace de parole, un espace d'écoute, un espace à celui qui s'engage sur ce long chemin ?
Pour en revenir aux noeuds de l'enfance, on peut se demander comment ces noeuds adviennent
Pourquoi un noeud ? Des noeuds ?
Qu'est ce qui se noue ? Qui noue ? Et pour quoi ? Pour qui ? Comment ?
Pourquoi ensuite dénouer ? Pour soi ?
Sommes nous alors "un sac de noeuds" ? Sublime et pittoresque métaphore
Mais dans ce cas précis, il y a le sac, celui qui contient le noeud, les noeuds,
Et dans quel état se trouve ce sac ne contenant que des noeuds
Je m'attarde volontairement juste un peu sur le noeud, sa représentation, la représentation que j'en ai. Elle est paradoxale, d'une part le joli noeud qui orne les nattes de la petite fille (oui, la natte, la tresse, on tisse ? on lie on noue ? les cheveux, la chevelure, les méches que l'on retient par ce joli petit bout de chiffon qui deviendra le noeud, ces méches rebelles, folles qu'on prive de liberté, de mouvement naturel, pur les discipliner sagement et transformer la sauvageonne en petite fille modèle)
Et le noeud qui ferme, qui empéche que ça ne s'échappe, qui obstrue, qui relie les liens...
les liens ?
Le noeud qui ferme le sac
Et puis il y a ce noeud au fond de la gorge, qui empêche les mots de sortir, de s'échapper, de se dire, de se laisser aller, de laisser les mots de courir en toute liberté...
J'ai la gorge nouée, les sanglots ne peuvent même pas éclater !
Le noeud qui empêche les aliments de passer
Ce qui reste à travers la gorge, ceux qui restent...
Celui qui tord l'estomac, les intestins...
Le corps est noué, les muscles, les nerfs...
Tout est dur! tendu ! prêt à se défendre
En position de combat
Mais pour affronter qui ?
Pour affronter quoi ?
Les fantômes et les squelettes enfouis dans les placards, au fond des oubliettes, des caches secrétes, de la crypte souterraine ?
Déterrés le morts! ou plutôt les pseudo morts, ceux ou ce qu'on ne peut tuer ! Qui ne peuvent pas mourir !
Les éveiller et les empêcher de dormir au cimetière,
Debout !
Toutes ces ombres, ces spectres qui rodent, qui hantent notre inconscient. Qui heurtent et frappent aux portes de notre conscient, comme un inconnu la nuit au plus profond de l'hiver
Alors nous le laissons entrer, lui faisons une petite place, une toute petite à table d'abord, puis comme il fait froid et que la tempête de neige est au plus fort, on lui offre une paillasse pour la nuit, à défaut de la chambre d'amis.
Toutes ces ombres...Enfouies, mais pas suffisamment
Et qui reviennent de temps à autres
Se rappeler... Se souvenir
Don't remenber the bad days !
Don't remenber !
Vergiss nicht !
Noeuds que je dénoue, que je renoue, et que je noue encore et encore.Comme sur un tricotin !
Noeuds de l'enfance, du souvenir construit assemblé et rejeté pourtant au plus loin de mon inconscient, mal refoulé, pensionnaire à vie de ma mémoire à long terme... Qui fait que jamais je n'oublierai.
Même la démence ne m'en protégera pas !
L'homme est-il donc condamné à vivre de noeuds ? A nouer et vivre encore et encore avec les noeuds de ses propres fantômes et ceux de ses ancêtres parfois ?
Les maisons ne sont pas hantées, ce sont les êtres, et nul ne peut exhorciser ! Nul ne peut extirper ces esprits malins cachés à tous jamais au plus profond de ces noeuds du corps, mais aussi et surtout de l'esprit.
Esprits malins qui torturez l'esprit de l'homme, qui nouez pour qu'il n'oublie pas, comme on fait un noeud à son mouchoir
On fait un noeud tant et si bien, qu'on ne sait plus pourquoi on l'a fait
On le dénoue alors, pour redonner forme au mouchoir !
Lisse, tout lisse et uni, il est prêt à servir, à resservir
Et puis, pour ne pas l'oublier
On refait encore une fois, un petit noeud.................
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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