C'est la dernière fois que nous nous voyons
Cette fois le rendez vous était fixé
Il m'attend
Je sais, car l'équipe m'a prévenue, la décision d'orientation, mais nous avions convenu d'en discuter, c'était son souhait, sa demande en quelque sorte !
Il m'attend, heureux de me montrer qu'il va mieux, qu'il se lève et qu'il sort demain....
D'emblée nous abordons l'entretien de vendredi dernier.
Il me montre une liasse de papier
"Que pensez vous de cet entretien"
Il est satisfait, le médecin lui convient, mais il n'a pas tout compris, malgré une lecture attentive de cette masse de documents.
"Voulez vous que nous reprenions tout ça ensemble ?"
"Ce serait bien, vous voulez bien, vous avez le temps... ?"
Le temps ? Mais je n'ai que ça, le temps, pour les patients, prendre le temps qu'il faut....
L'entretien est technique, très technique, il faut aller dans les détails, faire parfois de la définition de mots, expliquer, reprendre un par un les items du protocole, reformuler, vérifer si c'est compris
C'est important
Il sait, c'est une décision qui l'engage.
J'insiste sur cet engagement, ce n'est pas rien, c'est aussi une chance de pouvoir intégrer un groupe aussi rapidement, je le lui dit...
Cet entretien là est plein de mots, de paroles, d'explications, de questions, de réponses...
Il est plein, trop plein de plein
Directif parfois, cela arrive, il y a des interdits dans le protocole et il me faut poser ces interdits, les replacer dans le contexte, les expliquer aussi et leur donner du sens.
Inter dit, ce qui ne peut se faire, pour soi, pour les autres...Intéger un groupe, la notion de groupe est importante, essentielle, il va être aidé, mais va aider aussi, la relation est ici à double sens... Réciproque, on ne prend pas seulement, on donne aussi, une sorte d'échange. De lien, de retissage de liens avec les autres, avec l'autre, et l'Autre !
Il faut que ces interdits délimitent le cadre, le cadre de la thérapie future, qui va se mettre en place
Une thérapie difficile qui ne repose ou presque que sur la motivation et la volonté du sujet
Et c'est ce qui lui a manqué depuis tant d'années...
Nous abordons ce point, nous prenons des exemples, nous en faisons pour reprendre le terme technique "une analyse fonctionnelle"
Il comprend, relie, l'émotion au comportement, à la pensée... Il construit lui même cet espèce de cercle tordu, qu'on dit aussi vicieux....
J'explique encore...
Nous abordons l'angoisse, la peur, la solitude, l'angoisse de la solitude, la solitude de l'angoisse, les soucis familiaux, conjugaux...financiers, les seuls recours pour y faire face, pour faire face à ce grand néant, ce grand vide qui donne le vertige
Ce recours là qui apaise un temps, pas très longtemps, mais qui soulage un peu quand même, qui anesthésie un peu, tout doucement
Puis n'apaise plus, les soucis reviennent en pleine figure, plus d'autres encore, qu''il n'avait pas vu ou qui arrivent , on recours encore, et un peu plus, encore, on est assommé
Le réveil est brutal, trop alors on s'assomme davantage
Seul, trop seul, pour se sortir la tête du trou, du vide, sans fond.....
Pourtant !
Les mots se sont posés, doucement, calmement, puis violemment, toute la souffrance a jaillie
Le sens, le lien, les liens, le désir, l'en Vie
L'appel à la vie, encore qui tient encore un peu
Nous avons dit
Je suis partie, mon travail est fini, il sort tout à l'heure, mon travail dans cet espace institutionnel est terminé... La parenthèse s'est refermée... Il me dit en me montrant le bout de papier que je lui avait remis aux Urgences 'j'ai vos coordonnées..."
"Appelez, dés que vous le souhaitez.....Je serai là.
Il le sait, me sourit, me salut, et me dit merci.
L'Etre humain est unique, chaque rencontre est unique, c'est un éternel recommencement, une aventure nouvelle à chaque fois
Psychanalye Aujourd'hui
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne
Accompagner le désir d'être Soi
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Nota bene
Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
4 commentaires:
Comme elle est belle et essentielle cette notion de cadre pour être aidé et aider l'autre!
C'est un joli croisement!
A la base de notre système de soin on confond trop souvent poser un cadre avec "se défouller" sur le patient!
Ici me revient quelque chose du cadre positif et réfléchi...
Il existe encore parfois dans nos institutions, mais je ne le vois plus tant les "recadrages" de soignants usés et pas assez formé me font violence!
Le cadre qui permet de ne pas chutter plus loin, qui protège avant d'enfermer les uns et de donner le pouvoir aux autres!
Quelle belle journée!
Et...MERCI!
Le cadre tel que vous le définissez est important, pour l'institution, les patients et les soignants. Que chacun sache où se trouve sa place, qui, en quelque sorte, comme vous le soulignez, est sécurisant pour tout le monde. C'est essentiel.
Merci de le rappeler, bien à vous et belle soirée !
Belle soiré à vous!
Votre "présence" est un bonheur!
Merci, la vôtre aussi.
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