Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

dimanche 18 janvier 2009

De l'autre côté

Tant me l'ont demandé, sans attendre de réponses, sachant que ni moi, ni eux, ni que personne n'a vraiment de réponse.
Une question à soi même, adressée à l'autre, à ce tiers qui est là, qui accompagne dans la douleur, sur ce chemin de croix, où on s'efforce de croire, de croire qu'il y a quelque chose, qu'on ne connait pas, quelque chose peut-être, qui fait qu'on ne sera pas seul, laissé là, abandonné
Que quelque chose existe, quelque chose...?
Personne n'a de réponses, ni la réponse...
Une idée peut-être ? Tout juste une hypothèse, invalidée, invalidable, une thèse à démonter toujours.. Jamais, une théorie tout au plus...
"Qu'y a t-il de l'autre côté ?"
De l'autre côté de la vie, du monde des vivants, de notre monde donc, un autre monde...
Qu'y a t-il dans cet ailleurs inconnu mais familier qui fascine tout en terrifiant.
Cet ailleurs attendu et redouté, mais auquel personne n'échappe, un jour, une nuit, un instant, un moment, pour toujours ?
Chaque jour nous en rapproche davantage, nous en sommes de plus en plus près, pourtant nous ne le cernons pas, ne le voyons pas, plus on approche, plus il semble s'éloigner, nous refuser de nous accorder la toute petite lueur qui nous permettrait de comprendre et peut-être d'avoir moins peur.
Peur ? Est-ce bien de cela qu'il s'agit ?
On craint ce qu'on ne connait pas, ce qui nous est étranger, ce qui nous échappe, ce que nous ne pouvons nous représenter, ce que nous ne pouvons imaginer.
Mais pourquoi un autre côté ? Comme s'il y avait un mur, une barrière, une frontière, quelque chose d'infime, pas vraiment définissable, palpable qui séparerait. Une sorte de tiers séparateur encore.
Un tiers, encore....Deux alors, séparé, mais qui ne peuvent s'unir, se réunir.
Un côté pile, un côté face. Vie versus mort, mort versus vie ?
La vie et la mort....Pulsion, duelle, contraire mais pas forcèment contradictoire, qui s'opposent et qui s'attirent en même temps. Indissociables. Eros et Thanatos ?
De l'autre côté de la montagne, de la colline. Celle que je gravis et arpente chaque jour, tous les jours, difficilement, douloureusement parfois, souvent.. Je monte, lentement, plus vite, quelque fois, pour arriver au sommet.
Et voir l'autre côté ? Comme s'il y avait un autre côté, un au delà... De là de quoi ?
Comme si cet autre côté permettait de rassurer, de calmer, d'apaiser une angoisse, qui enserre qui étreint, qui étouffe, qui tue, angor. Encore !

Un autre côté inconnu, qu'on imagine, qu'on souhaite, qu'on espère, qu'on désire, de toutes ses forces, de toute son âme, si âme il ya. Car s'il n'y avait rien ?
A quoi bon alors ?

A quoi bon vivre, à quoi bon faire ? A quoi bon être ?

Cet autre côté devient nécessaire, essentiel à son côté autre, celui dans lequel nous sommes, de plein pied ou seulement un tout petit peu pour certains.
Entre la vie et la mort, sur le fil, tel le funambule qui s'efforce de tenir et le rythme et la cadence. Qui s'efforce de ne pas tomber dans le gouffre dans le vide, terrible trou noir, sans fond, dans le néant.
Vide, tel qu'il soit, d'un côté ou de l'autre. De l'autre côté !
Nous oublions que nous sommes nous aussi tous sur le fil, le fil du rasoir, rasant, au raz de la vie, au ras de la mort ! Nous nous cramponnons tels des alpinistes qui gravissent la paroi, qui suent pour arriver en haut.
En haut de quoi ? Pour quoi y faire ?
Redescendre ? Faire demi tour ?
Ou bien aller de l'autre côté ?
Sans retour possible... Un aller simple alors ?
Nul n'en revient, nul n'en n'est revenu, nul n'en reviendra.
Cet autre côté n'existe peut-être tout simplement pas, il ne serait que le fruit de notre imagination, ou pire de l'espoir des hommes qui ne peuvent se contenter de la vie, simplement de la vie, et qui peuplent le corps, d'une âme qui survit, qui sur vie ! Et qui migre, et qui part, et qui voyage, et qui se rend, alors que le corps pourrit de l'autre côté. Celui de la vie, la vie qui s'est éteint, la vie qui n'est plus. Il n'y a plus rien. Le vide, le noir, le néant.
Est-ce le déni de ce néant là ? Le nez en l'air ? Le nez en ? Mais où ?
Mais de l'autre côté de quoi ?
La terre est plate, tout simplement plate, misérablement plate, dessous il n'y a rien, derrière et devant non plus...
Et l'au delà ? De là ? Que voit-on ? Qu'entend-on ?
Rien, s'il n'y a rien !
On avance, on avance, aveugle et sourd, tel un long troupeau, on avance vers nulle part, vers un ailleurs qu'on voudrait bien, qu'on espère si fort, qu'on s'en troue le coeur, qu'on en meurt d'angor mais qu'on ne trouvera pas, car il n'est pas !
Poussière nous sommes et nous resterons. Misérable ver de terre, que ce petit homme, petit d'homme qui voudrait s'élever dans la lumière et atteindre le jardin d'Eden !
Misérable condition que celle de l'homme, minable parasite qui ne sait pas même prendre soin de la terre qui l'accueille, et qui pour se rassurer s'invente un autre côté, un paradis ou un enfer, qu'importe, pourvu que cela lui donne l'ivresse, tout est bon pour subsister, pour ne pas mourir après la mort...Pour se donner l'illusion de l'immortalité. Quelle vanité !

2 commentaires:

orfeenix a dit…

ce texte est très fort,la rencontre avec un tel blog est unique, en effet!

Brigitte Dusch a dit…

Merci.

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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

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Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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