Un long silence, un temps long, pour aller à la rencontre d'un autre soi. Celui qui n'existait pas, qu'on ne soupçonnait pas jusque là.
Un temps nécessaire pour parcourir le chemin, s'arrêter, partir, se dire aussi qu'il ne sera plus jamais question de revenir.
C'est un aller simple que ce voyage là, c'est un aller sans retour. Prendre un billet vers nulle part, sans boussole, juste en se faisant confiance. Car on n'a plus le choix.
On se dit que devant le malheur et la tragédie il faudra faire face, le vivre en est une autre. On se croit armé et on se trompe. Car il ne s'agit pas d'armes, il ne s'agit même pas de guerre, il n'y a pas d'ennemi, rien à perdre, rien à gagner;
Il faut simplement y aller, traverser l'enfer, l'insomnie, la terreur, le désespoir, déverser des torrents de larmes, demander des secours, qui jamais ne viennent et ne viendront jamais
C'est en ça que réside la force : l'Etre seul, l'Etre face à soi, face au malheur, face à la peur, face au vide, et se demander si et quand on va basculer
Etre sur le fil du rasoir, il suffit de se pencher, de se laisser aller, de se laisser glisser... Ou non
Croire que cette fois, jamais on n'y arrivera, jamais on n'y parviendra.
Choisir.
Pourtant ! On se dit qu'on a survécu déjà à tant et à tant, qu'on fait partie de la race des Survivants, des presque morts, de ceux qui reviennent toujours, mais juste un peu mais différents.
Différents, non pas plus forts, pas plus faibles, pas plus meurtris mais différents.
Car nous avons appris.
Il y a des moments où la vie nous oblige a prendre rendez-vous avec l'enfant que nous étions, de le regarder vivre, ses joies, ses peines, les violences et les chagrins. Le regarder avec compassion et l'aimer. Puis il y a des moments où il faut prendre un autre rendez-vous.
Partir à la rencontre de l'adulte, cet homme, ou cette femme, ce sujet humain qui est aussi en nous mais que nous ne connaissons pas vraiment. Le résilient, le survivant, celui qui va affronter. S'affronter. Se défier, se surprendre, se surpasser.
Il faut comprendre que même si des mains se tendent, c'est une illusion, un mirage, qui retarde notre rendez-vous, notre grand soir ! Nous seul avons la clé, celle qui ouvre la porte de notre Etre
Car nous sommes, nous ne sont que ça : Etre.
JE SUIS
Cela nécessite un long chemin et un très long silence.
Brigitte Dusch, historienne psychanalyste
Crédit photo @brigittedusch
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