Presque tous nous avons vu le film....Admirable et interminable saga de ce médecin poète pris dans la tourmente d'une Russie moribonde à la recherche d'une identité.
Pour ma part, j'ai vu et revu, de nombreuses fois, et le regarde encore avec autant de plaisir. Il me renvoit invariablement à un moment de ma vie, celui de la jeune ado qui s'est émerveillée, qui a pleuré devant cette histoire d'amour et de guerre terrible. Confronté au monde impitoyable des adultes, à cette fatalité, à ce nécessaire qui montre à quel point le destin humain est fragile, qui exprime toute la difficulté de s'affirmer comme un être singulier. L'histoire de Jivago, me renvoyait sans doute à ce nécessaire et cette détermination sans contingence des adultes qui m'envoya des années plus tard sur le divan !
C'est grâce à la mère d'une amie, que j'ai pu voir ce "film fleuve" au cinéma de cette petite ville de province où j'ai grandi, c'est elle aussi qui m'a fait découvrir "les prodigieuses victoires de la psychologie" livre que j'ai dévoré et qui m'a naturellement menée à Freud. C'est en hommage à Janine (même prénom que ma mère, mais si différente) que j'écris cet article, car elle a été présente souvent sur mon chemin d'enfant, d'adolescente, de jeune adulte, de jeune femme...
Le film fait souvent oublier le roman de Pasternack, le contexte de son écriture, l'histoire de l'histoire en elle même, l'histoire de son succés, et l'histoire de son Nobel.
Personnellement j'ai découvert et lu le livre quelques années plus tard, l'histoire n'est pas la même, le message pas tout à fait non plus. Bien qu'on puisse y voir et lire ce qu'on veut, ce qu'on désire et ce qui nous touche !
Le personnage, le héros, anti héros aussi, car tellement humain, tellement fort, tellement lâche, tellement faible, tellement naïf, tellement tout..... Tellement tant ! Tellement russe !
Jivago, c'est celui qui vit (la racine russe jiv signifiant vie ) mais celui qui refuse...Aussi ! Le paradoxe de l'être, et de l'être russe !
Tel Janus, tourné vers l'avenir mais aussi le passé, Youri ne sait pas vraiment où il se situe, où il peut se situer dans ce monde qui n'est plus tout à fait le sien, qui ne l'a jamais été vraiment, mais qui à présent ne l'est plus du tout.
Il sait que ce monde ancien, ce monde d'hier, doit changer, que la page doit se tourner, être tournée, mais comment ? Et de quelle façon ? Et par qui ? Et pour qui ?
Ce monde futur, soit disant meilleur, comme le discours de Strelnikov lui fait peur, le glace dans cet hiver sibérien et le questionne, remet en cause et conforte à la fois ce qu'il croit certain depuis longtemps.
Où est sa place ?
Dans ce monde qui est en train de se mettre en place, qui remplace un monde moribond, ancien, dépassé...Dans sa vie, qui s'est mis en place et qui se déplace, qu'il déplace ?
Interrogations ? Doutes ? Vie, car il vit, il traverse la Russie comme il traverse la vie, les évenements, au hasard des doutes et des rencontres...
Il subit, passif, acteur et spectateur d'un scénario qui ne lui permet même pas d'être un figurant. Jivago ? Eternelle question de ce médecin poéte qui ne sait ce qu'il veut vraiment, s'il veut vraiment.
Puis l'énigme Pasternack. Puis l'instrumentalisation de ce roman, dont le monde occidental et le Nouveau Monde se sont emparés pour démontrer la fragilité, le non sens d'un Régime condamné par avance, condamné depuis longtemps par avance, un Régime de paradoxe et de non sens, qui cependant se targuait de faire de l'homme un sujet libre !
Jivago, sous les traits de l'inoubliable et magnifique Omar Sharif, cadeau du monde impérialiste à l'Occident dans une atmosphère de Guerre Froide, propagande anti soviétique...
Avenir d'une déssillusion, chronique d'une mort déjà amorcée d'un monde qui se mourrait et qui avait aliéné des milliers d'individus..
Jivago, porte parole d'un auteur, roman autobiographique ? Roman d'une illusion trahie, d'un espoir trompé.
L'auteur sans aucun doute, s'inspire de sa vie et de son amour pour Olga.....Destiné aux Russes, écrit par un russe pour les russes de ce nouveau monde, il faudra pourtant tellement d'années pour que cette lettre soit remise à son public !
Mais Youri savait-il qui il était ?
Petit, déjà il ne comprenait pas le monde qui l'entourait, puis qui se délitait le plongeant de l'opulence dans un monde de pauvreté....Que Pasternak décrivit avec tant de talent.
Roman d'amour et de haine, d'incompréhension, de questions sans réponses, de paradoxe, roman russe, roman de la Russie.
Roman de l'amour passionné et passionnel, déchiré, déchirant, de la haine, du sang, de l'horreur, de la misère, de la destruction, de la barbarie, de la folie des hommes.
Roman de la vie et de la mort.
Pasternack nous entraine dans cette Russie de 1905 à 1930, au travers des famines, des révolutions, des crimes, de la guerre...Comme Youri, comme Lara...
Lara, créature mythique, femme fatale, et fatalité de son destin, la vie, l'amour et l'espoir, comme yuri est la mort, le désespoir et la fatalité... Le mal... La femme !
Le malheur, le malheur de la condition humaine, sa déchéance, l'abandon, le déchirement
Noir, sombre, il est ce roman, mais magnifique justement, trop justement !
Deux hommes à la recherche, à la quête de leur identité, de leur destin, de l'amour, de l'idéal, de leur vie, liés et opposés par une femme, l'amour d'une femme, l'amour de cette femme, une femme qu'ils ne résussiront ni l'un ni l'autre à arracher à son destin !
Comme Youri, comme la Russie ne survivra pas, ni à l'URSS qui se dessine, ni au destin tragique de son peuple, de son idéal...
Magnifique leçon de vie, de celle qui nous prépare à vivre le malheur, l'amour, la haine, la trahison, et nous prépare à la mort.
Pour et à Janine
Pour Sacha
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.
Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.
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