Pour toi
Je ne te dis pas adieu, nous ne nous sommes jamais dit au revoir, nous n’avions jamais jugé cet usage utile, car nous étions au dessus de ça, nous étions au dessus de tout, d’ailleurs en ce temps là.
Nous n’aurions jamais du nous rencontrer, pourtant nos routes se sont croisées, par hasard ?
Non sûrement pas, le hasard n’existe pas.
Nous partagions la même quête de savoir et de vérité, simplement, savoir qui nous étions et ce que nous avions dans le ventre aussi, dans l’âme
Un seul regard nous a suffit ; moi pour savoir qui tu étais et toi qui j’étais, je n’oublierai jamais le bleu de tes yeux, ce bleu de glace où baignait la tristesse et la mélancolie de tout un monde. Ce bleu où je me suis noyée.
Nous nous étions trouvés là dans ce lieu improbable, mais certain.
Lorsque nous nous sommes rencontrés j’étais dans la colère, j’avais cette colère au fond de moi, en moi, cette même colère qui sans doute m’a maintenue en vie, en survie. Tu m’as appris à en faire autre chose, à la sublimer.
Mais tu avais aussi appris la sagesse cette sophia que tu as essayé de m’enseigner, je n’ai pas été une bonne élève, tu as été patient, tu m’as aimée comme j’étais, avec ma rage et mon insouciance aussi.
Tout un temps qui me semble un monde, un siècle, une éternité
Tu m’as appris à ne pas avoir peur, à affronter mes démons, mes cauchemars, qui même s’ils me hantent encore presque chaque nuit ne me terrifient plus, du moins plus autant.
Sans le savoir, tu m’as appris beaucoup
Nous cherchions à savoir qui nous étions, nous nous sommes rencontrés au carrefour de cette quête… La même a ce moment là, je me souviens que tu parlais avec la musique, moi je n’avais que les mots.
Je n’oublierai jamais ta douceur, dans ton regard, ta musique, tes gestes, ton approche des autres, de la différence, ta douceur avec ces enfants restés au seuil du langage.
Tu savais leur parler, tu m’as appris aussi à le faire.
Une singulière tendresse.
Sans toi, je ne serai sûrement ce que je suis
Il y a de belles rencontres, et tu en es une, une de celle qu’on n’oublie pas. Un cadeau que te fais là vie, au milieu de l’Enfer parfois.
Tu savais aussi être rude, dur, inflexible, tu ne transigeais pas…
Nous avons fait un bout de chemin ensemble, chaotique parfois, de traverse souvent, heureux et douloureux. Nous savions que ce chemin serait court, mais c’est toujours mieux que rien, et c’est déjà beaucoup, nous savions aussi que nos routes se sépareraient, dans notre recherche de la vérité peut-être, mais aussi dans les lieux que nous aurions à choisir.
Je suis triste, sans l’être vraiment, nous ne nous sommes jamais quitté, jamais perdu. Il y a des rencontres qui n’ont pas besoin de lieux communs !
Je sais que tu prenais de mes nouvelles, comme j’en prenais des tiennes, une certaine manière peut-être de rester liés, de veiller l’un sur l’autre.
Tu as si souvent veillé sur moi, tu m’as si souvent protégée, de moi-même. Aussi.
Je suis heureuse car tu as trouvé ta voie, tu es allé au bout de tes rêves, de ton désir…. Comme je l’ai fait…
Au fond avons-nous peut-être trouvé ce que nous cherchions… La même chose.
Je ne sais pas ce qui me rend triste, je sais que tu n’avais pas peur de la mort, mais de la souffrance ? Je ne sais ? C’est ce qui me fait mal. « Une longue maladie » C’est ce qu’on m’a écrit…
Les larmes ont coulées le long de mes joues, mes yeux se sont brouillés lorsque j’ai lu… Mais sur qui je pleure ?
Sur moi, mon chagrin et ma peine, on pleure toujours sur soi, pour soi, on pleure d’être confrontée à ce vide immense que nous cause la perte, la perte de l’être qu’on a aimé, qu’on aime
On pleure parce que… !
Ton nom restera pour toujours attaché à l’Ecole que tu as crée, à l’Art que tu as inventé… Qui n’a sûrement plus rien de martial. Une danse.
Danse au milieu des étoiles car tu as trouvé la sagesse.
A dans un autre monde, si autre monde il y a ? Je ne sais toujours pas.
J’ai froid, terriblement froid.
Birgit.
3 commentaires:
Que dire ? très émouvant, comme tout ce que vous écrivez. Vos mots me touchent toujours. Merci à vous
Lucie lux
Faire en sorte que le vide ressenti par l'absence de l'autre soit une plénitude
Faire en sorte que l'absence de l'autre soit une plénitude en se nourrissant de l'amour qui a été partagé.
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