Lieu privilégié, espace singulier, il n'est pas à proprement parlé l'espace sacré, ce "du" étant lui même le marqueur temporel mais aussi sémantique de la représentation symbolique qui s'y attache.
Il peut l'être mais pas forcément
Espace consacré au... A ce que l'homme considère comme tel, comme sacré. Résultat alors une fois encore de la main de l'homme et non intervention divine comme l'homme, misérable sujet humain voudrait et veut toujours le faire croire.
Le divin n'est que la divinisation et la sacralisation d'un champ délimité appartenant à l'homme.
Alors ? Qu'est ce qui en fait le Sacré, qu'est ce qui en donne le caractère sacré ?
Mystification ou mystère ? Ou les deux.
Le sacré permettant de justifier et d'expliquer le profane, espaces qui se cotoient mais ne se rencontrent pas. Y a t-il un "no man's land".. Une sorte de charnière, de sas permettant l'interface
Ou bien ?
Perméable ? Imperméable ?
Zone impénétrable à celui qui n'en possède pas la clé ? Mais cette clé existe t-elle ?
L'espace du Sacré nous conduit inévitablement au religieux ou à ce qui se définit comme tel. Le religieux qui va plus tard s'opposer au profane, et qui le rencontrera, curieux couple que celui là.
Espace antique, celui de la Cité qui n'y inhumait pas ses morts.
Sacré : Ce lieu inaccessible, ce qui ne peut s'atteindre, s'obtenir… Désir ?
L'espace du Sacré est ce champ, cette parenthèse proposé par l'homme pour se reposer, se perdre, s'oublier, se ressourcer, se pardonner, s'échapper, se mettre à la marge… De lui même.
Il faut bien un ailleurs, mais un ailleurs ailleurs des autres ailleurs, un ailleurs où seuls les initiés ont le code, le mot de passe pour pouvoir passer et peut-être faire passer.
Le lieu du Sacré devient alors pluriel; ce là où personne ne tente, à moins d'y être invité, d'entrer, pas même pour y demander l'asile. Pour y implorer la paix ?
Il y a comme une puissance, telle qu'il y a confusion avec le divin. Cet intouchable là, inaltérable auquel on ne touche pas, on ne s'attaque pas. Enfreindre cette règle est une transgression terrible, un sacrilège, une profanation, un crime.
Au delà des limites, mais lesquelles ? Une impression de dépassement, de soi, et de la conscience de soi, le mystère de l'inconnu, ce trou noir, continent obscur et lieu des fantasmes, forces naturelles ou surnaturelles, l'homme n'en sait rien mais maintient le mystère, celui qui parfois lui confère le pouvoir, la croyance d'être au delà du profane, ver de terre, commun des mortels qu'il terrifie ou gouverne, à moins que ce ne soit les deux, ce qui n'est pas rare
Le limes entre le sacré et le profane est lui aussi un territoire sombre, presque obscur, mais si on fait attention on peut apercevoir un peu de lumière, on peut rebrousser chemin.
Le lieu du Sacré consacré sacré par les Hommes qui y ont vu un dieu, ou une ombre, la lumière du matin que le soir éteint peut-être ? Pas tout à fait.
Le Sacré est en chacun sûrement s'il sait le voir ? S'il le prend et ne l'abandonne pas à ceux qui se proclament savant, sachant, d'une quelconque science dont seuls ils seraient dépositaires.
Le Sacré et le Profane peuvent alors se rencontrer, peuvent dialoguer un court instant. L'un et l'autre. L'un est l'autre ? Alors que le Sacré est justement la séparation entre ces espaces, l'un ordinaire et l'autre extra ordinaire ? Hors champ ? Mais de quel champ parlons nous ? Le Sacré doit-il venir à la rencontre du Profane et non l'inverse ? Etre alors à l'origine de la rencontre, faire mentir les Hommes qui ont choisi ce Mur ? cette frontière, entre le visible et le non visible, car l'invisible existe t-il ? vraiment ou n'est-il lui aussi qu'une pure invention, une illusion, une promesse ?
Eliade l'oppose au Profane, serait-ce aussi simple ?
Brigitte Dusch, psychanalyste, historienne.
Crédit photo @brigittedusch
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