Psychanalyse Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

vendredi 8 août 2025

Tatouer la Mémoire vive




Tatouer pour résister ?

- "Dis Mamy pourquoi il y aussi des chiffres bleus sur le bras de l'amie de Ditte"
- "Kindele encore des pourquoi ? tu en pauses des questions"
Puis elle déposait un baiser sur mes petites mains d'enfants
J'ai grandi dans le bruit du silence des murmures.


Jamais je n'ai voulu qu'on inscrive, dessine, grave sur mon corps
Enfant je refusais les "décalcomanies" éphémères sur mes bras
Je n'ai jamais rien inscrit sur ma main pour ne pas oublier
Adulte je frémis toujours à la vue du marquage sur l'oreille d'un animal

Je ne veux pas de traces, de marques sur mon corps pour témoigner
Seules les cicatrices indélébiles des blessures passées
Me rappellent les combats que j'ai choisis de livrer
Jamais je ne serai tatouée.


Tatouer

Tatouer est un acte fort un geste volontaire et symbolique exprimant un engagement personnel ou collectif. C'est faire de son corps le témoin physique de son histoire ou de son groupe et faire passer un message, montrer à voir son appartenance, affirmer sa singularité, sa différence et être reconnu comme tel. 

Tatouer son corps c'est inscrire dans sa chair un souvenir, un nom, un symbole, y graver une marque indélébile pour dire, s'adresser à l'autre et le rendre témoin lui aussi de cette adresse. C'est parfois une transgression des interdits ou des conventions sociales, un acte libérateur, de défi ou de provocation

Ainsi tatouer c'est dire, dire à l'autre en faisant de sa peau un lieu d'expression de liberté individuelle.

Tatouer c'est aussi une symbolique de réparation ou une réparation symbolique afin de réparer un traumatisme ou un blessure, la sienne, mais aussi celle d'un groupe, d'une communauté ou des Siens, comme c'est le cas des petits enfants des Survivants de la Shoah. 

N'oubliez pas !
Des chiffres bleus

Des chiffres bleus, les mêmes que ceux tatoués sur les avant bras de leur grands parents. C'est ainsi que certains  jeunes Israéliens ont volontairement montré à voir que cet acte d'humiliation de désujétisation a été vain.
Ainsi la mémoire devient ici un moteur de résistance, une manière provocante pour ne pas oublier ce qui a eu lieu et qui est à l'origine de l'Etat d'Israel

Beréchit.

Ainsi ils ont délibérément choisi de relier et lier la mémoire familiale, celle de leurs grands parents Survivants venus bâtir avec leurs mains, leur sang et leur force le pays où ils sont nés.
 
Les Nazis n'ont pas gagné.

Oui, c'est un acte de résistance par la filiation adressé au Monde entier, un acte de vie. Ils sont là, ils ont eu des enfants qui ont eu des enfants. 
Et nous sommes là.

Regardez bien ces numéros.

Nous sommes des Sabras, nous avons un Etat, une Terre, Tsahal,
Nous sommes notre Terre, Nous sommes Tsahal
Regardez ces numéros
Nous sommes des Etres Humain, l'Eternel a dit "tu choisiras la vie' nous avons choisi la vie.
 

C'est un message :
"N'oubliez jamais qui nous sommes d'où nous venons et que nous avons un a venir"
Nous sommes la vie
Eros a gagné son combat contre Thanatos
Et c'est dans cette impermanence que se situe notre permanence et l'éternité.  Nul n'est éternel car nous sommes mortels mais la filiation rend éternel ?
Ëst ce cela ?

C'est aussi un acte profond de résilience, le refus de la mort et de la finitude, du Fatum, mais surtout un refus de rompre avec ses racines et au contraire les porter en étendard en les gravant dans leur chair, en être fier. 

Nous seuls avons décidé de le faire afin d'annihiler et d'annuler l'humiliation faite à un Peuple réduit des siècles auparavant en esclavage et devenu 70 plus tôt des numéros à éliminer. 
Il s'agit donc bien d'un acte de mémoire volontaire. Contrairement à la numérotation imposée par l'état nazi ce tatouage est peut-être une forme de réappropriation de résistance contre l'oubli et la négation.
En faisant de ce numéro un symbole de mémoire et de dignité plutôt que d'humiliation.

Ce n'est plus une mal ediction
C'est une Béné diction.


Les nazis n'ont pas gagné 

Ils n'ont pas effacé l'existence d'un Peuple, d'une culture, leur existence, leur nom ni leur postérité.

"Je suis Ori ben Meir ben Avram revenu de Buchenvald et son père s'appelait Yaakov et son père...
"m'a dit fièrement un jeune israélien

Oui Ori tu as gagné car tu es vivant.

Des jeunes Israéliens

Il s'agit bien d'une manière (singulière peut-être) de garder vivante l'histoire familiale et collective. C'est un acte de transmission et de mémoire du Génocide traduisant la volonté de se connecter à ses racines et ses Aieux, notamment à ceux qui ont survécu et transmis leur vécu.

C'est une mémoire vive, vivante, une mémoire orale. Une transmission en face à face et ce n'est pas rien!  Il n'y a pas que les mots, il y a la voix, qui tremble ou ne tremble pas, les silences, les langues qui se mèlent où le Yiddish prend le dessus, ces mots des camps, ces mots inventés, ces mots à eux.
Des mots qu'on retrouvent chez d'autres survivants des Camps (j'ai entendu et appris celle des Zeks) car on ne peut pas parler de ça autrement que comme ça. 

C'est une histoire qui est racontée, racontée avec ces mots, en Yiddish et en Ivrit en "mots à eux,  mais cette histoire est avant tout une histoire forte mélée de larmes et d'émotion. On  tient la main, on caresse cette main, comme faisait la petite fille avec les Demoiselle H. Il n'y a pas de pitié mais seulement une écoute, une écoute et un don celui de l'Amour infini et d'une infinie tendresse. Ecouter ces mots et ses récits, confidences de la douleur racontée sans haine, de souffrance dite avec une distance terrible et tragique parfois. Parler d'un soi qui a du se cliver, se replier pour laisser place à un autre plus fort afin de survivre en enfer, et à l'enfer. Devenir un autre pour vivre. Laisser de temps en temps cet autre prendre la parole, celle qui raconte et qui dit l'indicible.

Le trauma, ce qui est resté là bas et que nul archéologue ne parviendra à mettre au jour, que la meilleure couturière ne pourra recoudre et réparer, car elle ne peut pas, ne veut pas et il ne faut pas. 

Cette béance est nécessaire. Car elle est la vie. Elle est la trace terrible de la vie.

C'est avec tout ça, c'est comme ça que ces enfants, ces jeunes ont entendu
Peut-être graver ce tout ça dans leur chair, pour ne pas l'oublier ?


Est-ce une question de langue ? Perdre et prendre langue 

Perdre la langue du Survivant pour prendre la langue de la Renaissance ?

Ces tatouages sont-ils la résurgence d'une mémoire effacée dans un contexte historique, linguistique et identitaire très particulier ?

Israel est le résultat du projet sioniste et à partir du XIX° siècle, l'hébreux devient le symbole d'unité nationale, de renaissance culturelle et politique dans le futur Etat. En 1948, Israel l'hébreu devient langue officielle en propageant son usage dans l'éducation, la vie administrative, et la société de ce pays construit par des Survivants.
Hommes et Femmes Juifs Ashkénases originaires d'Europe orientale et centrale brisés à jamais sont appelés à participer à cette Renaissance collective, cet idéal sioniste fondé sur l’avenir, la terre, le corps fort, le silence de la douleur. Tous parlaient Yiddish, tous étaient liés et reliés par une langue quotidienne et culturelle. Peu à peu ces mots qui tissaient ces liens si fort devient la langue de l’exil, de la diaspora, de la mémoire, au profit de l’I
vrit  langue reconstruite, ressuscitée pour devenir langue de l’État, de la force, de l’unité.

Pour certains cette transition est une rupture douloureuse  avec le passé, leur culture, leur histoire, abandonner la langue maternelle est une violence symbolique et traumatique. C'est une cassure, une coupure brutale, un renoncement et une perte symbolique immense ayant un impact sur l'identité. C'est renier leur passé et  leur mémoire : Une violence vécue comme une dépossession culturelle renforçant les sentiment de rupture avec l'histoire antérieure, la leur.

Leurs descendants nés dans de pays neuf ont-ils choisi de se faire tatouer le numéro de matricule de leurs grands parents survivants comme acte de mémoire  face à cette perte ? 
Ce geste explique alors le lien avec le passé, la douleur de la perte mais aussi la résistance face à la disparition de la langue et de la culture ancestrale. C'est un trauma, une dépossession culturelle renforçant le sentiment de rupture avec l'histoire d'avant l'origine

Berechit.

Ce 
passage de langue n’est pas anodin. Il est une cassure, un renoncement forcé, une perte symbolique. Ainsi la transition du yiddish vers l'Ivrit a été vécu par certains survivants comme un abandon en renforçant le sentiment de rupture ave leur passé et l'essence de leur Etre suscitant chez leurs descendant un besoin de mémoire de résistance symbolisé par ces tatouages portant le numéro de leurs grands parents survivants.

Un sacrifice ?

Ainsi pour ces jeunes tatouer le numéro lié à la déportation de leurs grands-parents ne peut-il pas être considéré comme un sacrifice symbolique, un prix à payer pour ne pas oublier, témoigner et résister à la destruction de leur identité et de leur passé ?
 La douleur ressentie ne peut-elle pas être vue comme une forme de sacrifice physique, une confrontation à la souffrance témoignant de la force intérieure nécessaire pour faire face à un trauma ou affirmer sa mémoire face à l'oubli ou la négation, telle une offrande impliquant une forme de renoncement ou de sacrifice personnel ?

Le tatouage, ce tatouage singulier peut représenter sur le plan psychique une tentative de dépasser le trauma collectif en l'inscrivant dans sa chair donc dans l'histoire personnelle. Faire de son corps le porteur d'un témoignage indélébile pour soi et les autres. Il pose la question de la responsabilité individuelle face à la mémoire collective, c'est un acte éthique, un devoir de mémoire inscrit dans la peau qui refuse l'effacement et pour ces jeunes Israélien un engagement civique.

Cet acte fort est aussi posé comme un défi, transgressant ainsi l'interdit "
 Ne vous imprimez point de tatouage », ( Lévitique (19 :28, car le corps de tout Juif doit rester pur. le tatouage est considéré par Les iIsraéliens religieux comme une transgression grave de la part des jeunes laïcs à l'encontre de la religion.

Un appel ? un cri ?

Je ne serai pas tatouée.
Mais j’ai décidé d’apprendre la langue maternelle qu’on ne m’a pas transmise, pour ne pas être condamnée à rester étrangère à ma propre vie et à mon histoire.
Etre ce que je suis.
C’est ainsi que je grave en moi leur mémoire.



Brigitte Judit Dusch, psychanalyste, chercheur, historienne, exploratrice urbaine
Crédit photo @brigittedusch collection privée Buchenwald.




lundi 4 août 2025

Un fil vers l’éternité – Pour Dora


Filiation : un fil vers l’éternité

Aujourd’hui, reprendre la plume pour continuer à raconter ton histoire m’est douloureux.
C’est celle d’une petite fille assassinée par la haine.

Pourtant, j’ai réuni presque tous les documents retraçant ton bref passage sur terre, ces treize années ici.
Pourquoi fallait-il que je fasse cela ?
Parler de toi, dire, faire en sorte que tu ne sois jamais oubliée — car il ne reste rien.
Aucune trace de ta mémoire, de ta vie, de ta famille.
Plus rien.

J’ai fait confiance à mon intuition, même s’il m’a fallu du temps pour entendre ta petite voix, ce cri qui m’appelait.
Sentir ta main s’accrocher à la mienne, me supplier d’approcher, d’écouter, d’ouvrir mon cœur, mon âme,
pour voir ce que mes yeux ne pouvaient — et ne pourraient jamais — me montrer.

Shema.

Alors j’ai avancé.
J’ai continué de passer chaque jour devant chez toi. Devant ta maison.
J’ai fermé les yeux, et je t’ai vue.
J’ai regardé avec un mélange de tristesse, de colère et de désespoir.

Puis je suis retournée sur mon chemin.
Je n’en dormais plus.
Je savais qu’il fallait y aller :
aller au fond de cette horreur que je me refusais à affronter depuis des années,
ouvrant des dossiers, collectant les sources, les refermant, incapable de les rouvrir.

Pardon.
Je te demande pardon d’avoir mis tout ce temps.
Il le fallait.
Je n’étais pas prête.
Maintenant — grâce à toi — je le suis.

Dora, petite Dora,
souvent je me suis demandé où étaient tes poupées, tes jouets, tes livres…

Je sais aujourd’hui que j’aurais pu être toi, là, dans cette rue, en 1943,
quand ils sont venus te chercher avec ta maman.
J’ai eu la chance de naître bien plus tard, dans un monde qui se voulait apaisé,
mais qui reste encore aux prises avec ses démons.

Alors, l’historienne que je suis a remué ciel et terre pour te retrouver,
retrouver ton père, ta mère, tes grands-parents, ta famille.
Aujourd’hui, je sais qu’il ne reste rien…
Ou presque.
Mais suffisamment pour que la couturière puisse réparer,
et faire de ces lambeaux un bel habit pour honorer ta Mémoire.

Tu m’as appelée, et j’ai saisi ta main.
Et c’est ensemble que nous avons fait le chemin —
le tien.
Une quête sacrée, bénie par l’Éternel, qui a guidé nos pas, éclairé notre route.
"Regarde", dit la Torah, "vois ce qui est là, mais que tes yeux ne voient pas."

Depuis un moment, une ville de l’Est tournait dans ma tête sans trop savoir pourquoi.
Le nom d’une rue m’était familier.
Une nuit, je me suis réveillée.
Je savais.
Alors j’ai ouvert mon carton, et j’ai cherché.

C’était là, près de moi, depuis des années, depuis des mois :
la ville, la rue, le métier.
Tailleur d’habit.
Albert.
Et Moshe.

Mais il fallait encore chercher.
Aller plus loin.
Tout bon historien est aussi généalogiste.
Il creuse, recoupe, assemble.
Il collecte les documents, les actes de naissance, de mariage, de décès.
Il remonte les preuves de vie le plus loin possible.
Il écrit la vie de ceux qui ne peuvent plus l’écrire.
Il leur rend la parole. Le Verbe.

Je suis aussi une couturière. Une dentellière.
Je rassemble, je couds, je répare.

Dora, petite sœur, j’ai trouvé.
J’ai retrouvé ce lien si fort,
celui qui nous unit et implore le Vivant de dire le Nom des morts.

Kaddish.

Il s’appelait Moshe. Elle s’appelait Rachel.
Ils étaient d’un autre siècle.
Moshe était l’un de tes arrière-grands-oncles, et d’Albert aussi.
Il y a bien longtemps, la couture nous a réunis.
Moi, la couturière qui ne sait pas coudre.

Nous sommes reliées. Liées. Unies pour l’éternité par ce fil ténu et solide.
Je le tiens fermement, et patiemment je le fais courir sur la toile que je tisse.

Je ne suis pas seule. Tu es là.
Les meilleures couturières, telles des bonnes fées, guident mes doigts.
Les tailleurs d’habits épongent mes larmes pour ne pas gâcher le beau tissu de ton Histoire.

Tu vis en moi.
Tu vis en nous.
Notre peuple est debout, toujours.
Les nazis n’ont pas gagné.

Je sais aussi que je suis là pour ça.
Porter ta parole, et celle de celles et ceux qui ne sont plus.
Je ne porte pas les fantômes : ils ne me font pas peur.
Je ne fais que passer, afin qu’ils trouvent un peu de paix.
Et leur ombre bienveillante va me guider.

Tu m’as appelée.
Et je suis venue.
Tu m’as demandé de chercher.
Je t’ai dit : oui, guide-moi.
Et tu m’as mise sur le chemin.

Aujourd’hui, je te dis :
Dora, ma chérie, tu n’es pas effacée.
Tu es retrouvée.
J’ai rallumé ton Étoile.

Aujourd’hui, je peux écrire sur le Mur des Noms —
celui du Souvenir —
ton nom, mais aussi celui des tiens.

Tu es Dora, fille de Renée,
fille de Rachel,
fille de Bella,
fille de Sara,
fille de Bella,
fille de Rebecca, née en 1763.

Les nazis n’ont pas gagné.
Ils n’effaceront jamais cela.

Tu as une famille, une origine, car je suis allée encore plus loin.
Ton arbre n’est pas mort. Il est bien vivant.

Nous sommes les enfants de Moshe.
Nous avons sa foi de tailleur d’habit.

La couturière que je suis va tisser les plus belles étoffes,
les couvrir d’étoiles,
les assembler et les broder de fils d’or.

Je suis une passeuse.
Je répare ce que le mal a voulu détruire.
Je retisse les âmes.
Les coutures seront visibles — pour que nul n’oublie.
Et un souffle incarnera ma pensée.

Je donnerai voix à celles et ceux qui ne sont plus.

Je suis là pour toi.

Brigitte Judit Dusch, historienne, psychanalyste, chercheur, exploratrice urbaine
Crédit photo @brigittedusch
Cette photo représente les 6 millions d'âmes tournées vers le Ciel.

dimanche 3 août 2025

On ne m'a rien transmis... Merci



On ne m'a rien transmis
Merci
je suis née ainsi car ma mère l'était, sa mère, sa grand mère...
Et puis Moshe
Alors moi aussi je suis
C'est ainsi
La filiation maternelle
Mais il y a le père et son père
Et puis Moshe
J'ai découvert ça très tard
Car on ne m'a rien dit,
On ne m'a rien appris
On ne m'a rien transmis
Si ce n'est des silences
Mais ça parle les silences ! ça crie, ça hurle, 
C'est un appel
A la parole, aux Mots, au Sens
C'est l'origine de la Quête
Celle de Soi
C'est aller seule vers  les territoires inconnus, sombres, obscurs, cachés, 
Prendre cette route, des chemins de traverses. 
C'est une histoire d'amour, d'amour divin, le seul qui vaille la peine.

Ecouter
SHEMA


Ecoute, écoute les silences et les murmures, laisse toi porter, t'élever
Ecoute et regarde les silences le firmament
Ouvre ton coeur, ton âme et ton esprit

Ouvre ton Etre tout entier au Grand Tout et 

SHEMA

Ecoute le vent et le laisse te porter et te guider
Fais confiance
A toi ? Non à plus Grand que toi
Regarde le Ciel et embrasse l'Univers, n'ai pas peur de te brûler juste un peu en frôlant l'ombre des Etoiles ouvrant la voie vers la Lumière
IL est là et je sais intimement qu'IL n'y a que Lui, Adon Olam
Mon Créateur, mon Père, celui qui a crée tout ça
Et le sixième Jour...

Ainsi est née ma FOI, un Foi humble, toute simple mais inébranlable, inconditionnelle, celle des Tailleurs d'Habits
La Foi de Moshe
Enfant de Moshe, fils d'Abraham, je suis l'enfant de l'Eternel Tout Puissant
Qui peut rêver d'une meilleure filiation ?
Ainsi, pas à pas, j'ai traversé la nuit pour retrouver le Ciel guidée par l'étoile filante, j'ai ramassé un par un les petits cailloux semés sur le chemin par les Miens, suivi le fil des Couturières, tissé patiemment, cousu les morceaux d'étoffes et suis devenue une Dentellière, celle qui brode des Etoiles
Cette étoile je la porte bien haut, très haut car elle est Ce que je Suis, ce qui m'a été transmis non par les hommes mais par Lui, car Lui seul peut transmettre ça
Et en Lui seul je m'abandonne, car je sais qu'il ne m'abandonnera pas
Hashem aime ses enfants, tous ses enfants et leur montre le chemin vers Lui
Lashuv Habaita

Il suffit de peu, mais ce peu c'est Tout et c'est Eternel
On ne m'a rien transmis. Merci. 
Cette Quête est la quintessence du Désir, de l'Amour, de l'Absolu.
C'est un chemin singulier que j'ai pris, guidée par la lumière du Maitre du Monde
Afin de devenir pleinement ce que je suis déjà en train de naître à être.

Ecouté lors de l'écriture :Yardena ARAZI "Habaita"
Yossi Azulay : "Adon Olam'

Brigitte Judit Dusch, psychanalyste, historienne
Crédit photo, @brigittedusch

vendredi 1 août 2025

Message reçu droit de réponse



Er antwortet

Ouah ! je viens de te lire; c'est un skud, tu es imprévisible ou plutôt non, je n'ai vu que la femme, pas le soldat, j'ai vu mon petit chat sauvage, pas le lion qui ne dort jamais.J'ai oublié qui tu es et d'où tu viens, pourtant je le sais.

Message bien reçu, j'encaisse.
Rien à ajouter, tout ce que tu dis est vrai, je ne ressents ni honte, ni culpabilité, c'est fait et je ne peux rien effacer.


Pour tes blessures, ta convalescence, dans la même situation je referai la même chose. Il faut assumer les conséquences quand ça tourne mal. Tu le sais. Donc affaire classée en ce qui me concerne. Sans regret sans remords. Tu as survécu.
Je sais qu'il y a un homme dans ta vie, ça n'a aucune importance. Il est certainement très bien, puisque tu l'aimes et il a de la chance. Mais il est absent, et ne reviendra peut-être pas, moi je suis là, je ne renonce pas.


Je suis un soldat mais aussi un homme qui t'aime quoique tu puisses en penser.
Tu me dis que je te désire : exact, mais tu étais (et tu es) une tentation permanente. Tes baisers, ta manière de me sourire, me regarder, me demander de te "passer ton "petit haut chabada"  me rendaient fou.
Je n'y  peux rien si tu allumes le feu, mais j'aimais ça (et j'aime toujours ça) , toi aussi il me semble. Nous aimions ça non ? Je désire avec autant d'ardeur la femme que tu es aujourd'hui et ne m'en cache pas. 
Trophée ? oui si tu veux, fier de la femme que tous ces hommes convoitaient mais qu'ils n'auraient pas car tu étais à moi.
Tu es ma Tentation, mon insubordination, mon  insoumission, ma désobeissance, mes interdits, tu es Lilith. Ma Lilith.

Photo mise en ligne par mes soins en accord avec l'auteur de la réponse.
"Apaisement"


Lettres d'un passé inachevé



Er schreibt : 


My Beloved, my forever, mon éternité

Ce soir je t'écris le coeur bien lourd,
J'ai lu la lettre à ton fils, celle où tu parles de son père, ton époux.

Pardon de ne pas avoir deviné cette terrible blessure, ces mots révélent une douleur que je n’ai su ni voir, entendre, sentir. 
Je savais ce que tu m'en avais dit, je savais ce que tu me laissais entrevoir, si peu, toujours si peu de toi, tu disais si peu, si peu de toi, tu ne disais rien. 
Pardon de ne pas avoir entendu tes silences, tes besoins de solitude, je n'y voyais que  mon Petit Chat sauvage.

Pardon de ne pas avoir poussé plus loin quand tu répondais à mes questions que tu trouvais trop pressantes par un"chut my Honey, it's my safe box" et ton sourire me désarmait.  Aujourd’hui, je vois la tristesse cachée dans ce sourire, et je m’en veux de ne pas l’avoir compris plus tôt.
Pardon  de ne pas avoir compris ces "alles es geht" que tu disais en riant, tu ne te plaignais de rien, Pardon de ne pas avoir perçu les failles de ce que je croyais être ta force inébranlable, celle du soldat qui m'avait sidéré en me poussant brusquement :  "Ich hole sie, bleib hier ! " sans appel.

Tes « Alles es geht », lancés avec ce rire léger, étaient un rempart, et moi, je n’ai pas su entendre ce que tu ne disais pas

Aujourd’hui, je vois la tristesse cachée dans ce sourire, et je m’en veux de ne pas l’avoir compris plus tôt.

Quand tu rentrais de ce que tu appelais en plaisantant ton « travail », avant même de poser ton sac,  tu m’embrassais et demandais, « On mange quoi ce soir, des nouilles ou des pâtes ? » Bon dieu, comme je t’aimais à cet instant, comme je te désirais, toi, ma lumière.

Pardonne mon égoïsme, my forever. Je t’ai voulue pour moi seul, sans voir que ton cœur saignait sous ta bonne humeur. Toi ma Secréte ma Discrète, ma pudique Femme Juive, je n'ai jamais cesser de t'aimer, de te désirer, pas une seconde

Je t'aime my forever. Je ne peux rien effacer, rien changer, mais maintenant je suis là, prêt à partager le poids de tes blessures quand elles t’accablent. I love you, my forever avec toute ma tendresse et ma passion.
Your Honey for ever. If you want


Sie entworted.

Tes mots m’ont bouleversée, mais ils m’ont aussi laissée sans voix.

Tu me demandes pardon, mais de quoi, au juste ? De ne pas avoir su lire en moi ?
Il n’y avait rien de plus à dire. Ce que je gardais en moi était à l’abri dans ma « safe box », un refuge dont ni toi ni personne n’a la clé.
Ce n’est pas de la pudeur, ni de la discrétion, mais simplement l’élégance du silence.
Je te l’ai dit à l’époque, mais tu ne m’entendais pas. Et aujourd’hui, j’ai l’impression que tu ne m’écoutes toujours pas, car tu parles de toi, de tes remords, sans vraiment voir la femme que je suis devenue.

Il y a un silence que je n’ai pas choisi, le tien, quand j’étais à l’hôpital militaire, grièvement blessée lors d'une mission qui s'est mal passée, brisée, entre la vie et la mort. Chaque souffle était un combat, on appelle le conjoint, même en opération quand le pronostic vital est engagé, tu le sais. J’ai attendu un signe de toi, un mot, une présence. Mais il n’y a eu que le vide.

Mes frères d’armes et mes soldats étaient là, me portant dans cette épreuve. J’ai réappris à marcher, pas à pas, grâce à eux et à ma propre détermination.
Ton absence a pesé plus lourd que mes blessures.
Je n'ai rien dit.
Je ne t’en veux pas, mais ce silence-là reste gravé en moi. Je n'oublie pas.

Tu me demandes de revenir à toi, mais je ne t’appartiens pas. Je n’appartiens à personne. J’essaie, chaque jour, d’être à moi, et ce n’est pas facile.
Tu sembles avoir oublié qu’un autre homme partage ma vie, même si des milliers de kilomètres nous séparent souvent. Il est là, et tu le sais.
Je suis la femme d’un seul homme, et cela, tu ne l’as pas entendu non plus.
Tu parles de nous, mais tes souvenirs sont plus doux que les miens.


Tu oublies tes absences, tes colères, ta violence que j'avais du mal à contenir, tes scènes, ta jalousie sans raison, tes nuits de débauche, tes infidélités.
Tu oublies notre fille, celle que nous avons désirée ensemble. Tu as été un bon père quand tu étais là, mais tu étais si peu là.
Quand je t'ai quitté, lasse de tous tes débordements, de tout ça, je l’ai élevée seule, sans jamais rien te demander. Tu disais que " je n'avais qu'à me démerder puisque j'étais partie ». Je l’ai fait, et je ne regrette rien.
Tu m’appelais la « femme de l’ombre », parfois avec mépris. Moi, je m’aimais ainsi, je faisais mon  devoir, humble, sans chercher la gloire ni les honneurs.
J'ai détesté être ce trophée que tu exhibais dans tes soirées de hauts gradés. Cela aussi, je ne l’oublie pas.

Tu dis m’aimer, et je te crois. A ta manière. Mais aimes-tu la femme que je suis aujourd’hui, ou seulement celle que tu désirais autrefois ? Je ne sais pas.
Tu es venue me déranger pour apaiser tes angoisses et tes remords plus que pour m'entendre vraiment.
Ce jour-là, il y a longtemps, un seul mot de toi aurait suffi pour que je reste. Tu ne l’as pas dit, et j’ai attendu en vain.
Tu m’as dit : « Dis-moi, je saurai recevoir."  dans notre langage ça signifie "encaisser" 
Alors, je t'ai dit, sans colère ni peine, avec cette neutralité bienveillante dont je suis capable,  sans colère, sans peine, et j'en suis heureuse Je te remercie.
Je me sens apaisée.

Je n’ai pas de réponse à t’offrir aujourd’hui, mais je te souhaite de trouver la paix, comme je cherche la mienne.


Brigitte Judit
Crédit photo @brigittedusch


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