Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

lundi 17 mars 2008

Abandon et solitude.

La solitude apparait soit effrayante, soit salvatrice. Comme une sorte de malediction ou de bénediction. Selon.....

Rarement choisie, (elle l'est cependant, nous y reviendrons dans un autre article) elle est souvent subie. C'est la plupart du temps la representation que nous en avons..

"Etre seul, seule ! se retrouver seul ! "J'entends souvent cette phrase, suivie de 'il ou elle est partie, les enfants sont partis.... il ou elle m'a quitté... Que vais je faire ?"
Abandon, être abandonné, quitté, délaissé avant d'être laissé, oublié ! Etre alors seul, seul dans une solitude forçée, pesante, qui fait souvent mal.

Ainsi être seul est le résultat du départ des autres ou de l'autre. Non seulement il faut faire face à la rupture, mais il faut ensuite faire avec la solitude.
Deux traumatismes violents parfois, avec lesquels il faut apprendre à vivre.

Aujourd'hui le divorce est devenue banal et classique. Les gens se rencontrent, se plaisent, essaient la vie commune, et si ça ne marche pas y mette un terme. C'est malheureusement aussi caricatural que ça.

L'un part parce qu'il ne supporte plus l'autre, qui ne lui convient plus, ou parce qu'il a rencontré un autre "autre" avec lequel la vie semble plus prometteuse....Du moins pour recommencer, essayer.. Une autre vie à nouveau.

L'autre reste seul, ou seul avec des enfants. Mais seul avec ! Sans compagne ou compagnon ! Par choix parfois, mais pas toujours souvent !

Parfois c'est la mort de l'autre qui met un terme à la vie commune. Une longue maladie, un accident brutal. On se retrouve seul !

L'homme, nous l'avons vu déja est un "animal social". Ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas fait pour la solitude.

Il y a en effet solitude et solitudes...

La rupture, l'abondon, font que cette solitude, pas choisie est aussi source de questionnements, de remise en cause de soi, de profonds bouleversements. C'est une blessure narcissique profonde, une perte d'amour qui fait de nous un être qui n'est plus "aimable" "consommable" m'a dit une patiente..
S'en suit irremédiablement une baisse de l'estime de soi, de la confiance en soi. De ses compétences, de ses capacités. De soi.

Qui suis-je donc si je ne suis plus aimé ? Si je suis quitté "je suis un ou une bonne à rien". PLus digne d'amour, de tendresse, du regard de l'autre ?

Cette solitude à laquelle personne n'est vraiment préparée est toxique, dans le sens où elle blesse, fait mal, et empêche de vivre, de vivre vraiment, car on essaie tout de même de faire face au quotidien mais pas toujours.

Certains sont mieux préparés que d'autres. Cela dépend de ce que nous avons vécu dans l'enfance. Comment nous avons vécu la et les séparations.
Freud a expliqué dans son ouvrage, Au delà du principe de plaisir, après avoir observé son petit fils comment l'enfant arrivait à maitriser l'absence (de sa mère en l'occurence).

Plus près de nous Winnicott, a démontré que la capacité pour l'enfant d'être seul en présence de sa mère était un signe essentiel de développement. Ce qu'il en raconte du reste se fonde sur le renforcement (n'en déplaise aux psychanalystes ennemis des TCC). Il faut que l'expérience en présence de l'autre soit suffisamment répétées pour qu'elle soit efficace.

Ainsi, il faut que l'enfant expérimente la solitude pour se découvrir et se façonner, il faut qu'il comprenne (Freud l'explique fort bien avec le Fort/Da) que ce qui est loin de son regard ne signifie pas la disparition de l'être aimé. Il est nécessaire qu'il comprenne que le départ de l'adulte n'est pas un abandon.... La mère "suffisamment présente" qui sait aussi ne pas être là. Que l'enfant se dise confiant "maman n'est pas là, elle me manque, mais je sais qu'elle va revenir". Que l'enfant apprenne aussi à être heureux loin de ceux qui l'aiment et qu'il aime. Qu'il construire serainement tout un réseau social, des copains à la créche, à l'école. Qu'il se détache, doucement, confiant...Que la mère, mais le père aussi, le lui apprenne ! Que les parents soient au sens winnicottien "suffisamment bons".

C'est un idéal. Nous savons tous que l'idéal n'est pas la réalité. Etre parents, ne s'apprend pas, éduquer, disait Freud est une tâche impossible et nous sommes, nous mêmes le résultat de notre propre histoire, qui n'a pas été idéale non plus. La plupart des parents essaient ou croient bien faire. (je ne parle pas des liens ni des conduites pathologiques, ni fusionnelles)

C'est souvent ce un lien enfant/adulte, absent ou défectueux qui peut conduire au shéma d'abandon, à cette angoisse de séparation, à ce sentiment d'être suffisammnent mauvais pour être laissé "pour toujours"..

Mais 'pourquoi" ? Ce point est également à développer et constitue l'histoire du sujet. Du moins un des points de départ de son histoire, de sa souffrance parfois. Les histoires se ressemblent souvent. Du moins c'est ce que j'entends au quotidien : Vulnérabilité, insécurité, fragilité de ce lien ou absence tout court..

Autant d'élèments qui font que lors d'une rupture, des années plus tard ce shéma s'active ou se reactive. Le traumatisme se réveille... On observe une succession de traumatismes ("de chocs tout le temps, depuis que je suis née" me confiait une patiente. La répétition se met en place !

Que ce soient les théories analytiques ou cognitivistes, l'explication sous des appelations différentes en arrive à la même conclusion.

Mal préparés, fragilisés dés les premières années, il est alors difficile, voire impossible pour ces sujets de faire face, encore moins de supporter la solitude. Sauf, si des facteurs de résilience suffisamment forts, se sont mis en place. Heureusement ! Et cela existe.

Ainsi, nous sommes inégaux devant la solitude, les solitudes. Nous la vivons différemment selon notre histoire, mais aussi selon le moment, la personne qui nous quitte, la manière dont elle le fait.
Le moment ou l'histoire même de la solitude, qui fait qu'on se retrouve seul.
Seul devant tout ce temps, dont on ne sait subitemment pas quoi faire, alors qu'on se plaint qu'on manque de temps, qu'on a le temps de rien !
Seul devant ce mur de temps, qui se dresse hostile devant nous ! Qui nous nargue et nous rend fou !
Seul devant cette montagne de solitude qu'on ne peut déplacer, qu'on n'a même plus besoin de bouger, devant laquelle on est résigné !
Seul devant cette mer de sable, qui nous enlise doucement, nous étouffe, nous suffoque !
Seul face à ce vide !
Seul face à nous même !
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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