Psychanalye Aujourd'hui

Le blog de Brigitte Dusch psychanalyste historienne

Accompagner le désir d'être Soi
Le sujet humain est singulier, son histoire est unique, l'analyse lui permet de partir à sa rencontre et de tisser les liens, de prendre rendez-vous avec soi.

"J'accepte la grande aventure d'être moi". Simone de Beauvoir

Mon livre : "j'aime ma vie"

mercredi 30 décembre 2009

Pas d'âge

Pas d'âge pour la thérapie !

Pas d'âge pour se connaitre, pour aller à la rencontre de soi, pour entreprendre cette quête... Longue parfois, souvent ! Pourtant.
Pas d'âge pour s'engager sur ce chemin là...

Prendre cette route, décider d'aller en avant, la découverte, quelque fois emprunter des chemins de traverse, prendre le temps, se donner le temps, s'offrir le temps, malgré le temps qui passe, se donner ce temps là, nécessaire à la compréhension de soi, à ces interrogations qui ont occupées pas mal de temps déjà, assez, trop !

Sur ce point Freud a tord (sur d'autres aussi, tant d'autres !). Lors d'une conférence en 1904 il affirmait qu'il n'était pas possible pour les plus de cinquante ans d'entreprendre une psychanalyse "faute de disposer de la plasticité nécessaire pour explorer leurs fantasmes, le monde imaginaire ou transformer leur regard sur le Réel"
Fort heureusement les neurosciences, les sciences cognitives, nous démontrent aujourd'hui qu'il n'en est rien. Au contraire (mais ce sera l'objet d'un autre article)
Et puis le monde a changé, vieux n'a pas la même signification, l'idée qu'on se fait de la vieillesse non plus....
Pas d'âge, non il n'y a pas d'âge... Et heureusement, rien n'est joué d'avance non plus, alors pourquoi un age pour ?

A l'hôpital j'ai rencontré beaucoup de "personnes agées" qui avait ce désir là, d'entreprendre pour reprendre les mots d'une patiente "ce travail là".

Je reçois également beaucoup de femmes, certaines ont dépassés les cinquantes ans ! Et c'est peut-être ça qui les décide à engager cette quête...
"S'offrir ce temps, dans le temps, au coeur du temps.. Pour être mieux le reste du temps qui reste".
Une de mes patientes avait plus de 60 ans quand elle décida enfin de "parler", d'entreprendre "pour elle" ce long chemin pour se délivrer de ce "traumatisme" si pesant. Tellement pesant qu'elle n'en pouvait plus de le porter et décida de le déposer, enfin, en fin....Dire les mots
Il n'est jamais trop tard, il est parfois grand temps.
Grand temps pour....

Entreprendre une thérapie ou s'engager dans une psychanalyse, décider de faire quelque chose pour soi, de faire quelque chose pour ce quelque chose qui coince, qui cloche. Ce quelque chose
qui fait que la souffrance devient par trop insupportable. Cette décision là n'est pas aisée, elle relève d'un certain courage, celui d'affronter ce qui fait peur, ce qu'on cache, refoule au fond de soi.. Depuis longtemps, si longtemps, trop longtemps
Oui, il faut du courage pour venir, pour trainer son corps plusieurs fois par semaine sur un divan, ou simplement l'amener à s'asseoir en face du thérapeute...
S'adresser à un tiers pour y déposer sa souffrance, son angoisse, ses questionnements, pour tenter de comprendre qui on est !
Pas d'age pour ça
Pas d'âge pour mettre en acte, pas seulement aller, mais l'acte qui procède du faire et du dire.
Aller à la rencontre de sa langue...Comprendre le dialecte de son inconscient...
Il n'y a pas d'âge pour ça !

Naufrage


samedi 26 décembre 2009

Pont

Il suffit de passer le pont...
Mais ce n'est peut-être pas toujours si simple
Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours été fascinée par les ponts.. Ils m'intriguaient, m'interrogeaient, m'appelaient, me questionnaient....

Ailleurs, ici, là, de l'autre côté" celui que tu veux, si tu veux, tu as le choix, aller, partir, revenir, sauter, regarder, contempler, admirer...
Fascinant ! Il s'établissait alors une sorte de dialogue intérieur. Je regardais (encore le regard, ce voir là, ce voir ça !) et passais des heures sur ces deux ponts qui franchissaient la rivière. Cette rivière qui semblait parfois terrifiante pour la petite fille que j'étais alors. Cette rivière intrépide qui engloutissait les nageurs, même les plus aguerris, qui l'hiver sortait de son lit impunément pour envahir les prairies...

Calme parfois mais imprévisible toujours

Et le pont ! Qui semblait la dominer, la dompter, enfant déjà j'avais compris qu'il n'en n'était rien, que ce n'était pas aussi simple que ça, qu'elle demeurait la plus forte.. Que personne, surtout pas la main de l'homme en viendrait à bout
Il suffit de passer le pont,
Et ce n'est pas aussi simple !
Il y a ce regard, ce regard dans les profondeurs, les abîmes peut-être ? En bas, du haut de ce même pont qui surplombe, qui domine
Mais qui domine quoi ?

Le regard dans cette dimension que nous offre le pont, ce prisme, cette prise de vue, ce grand angle ?

Regard sur le dessous, du dessus, où nous sommes
Et alors.. Qu'en fait-on de ce regard là ,
Nous permet-il de mettre de la distance, prendre du recul et contempler ? Nous offre t-il cette introspection essentielle à la compréhension de nous, des autres, du monde ?
Ou
Nous plonge t-il au sein d' une profondeur condescendante qui nous permet justement de ne pas nous mouiller ? Ou pas trop, ou juste ce qu'il faut ?

Et puis il suffit de passer le pont
Pour se retrouver sur l'autre rive..
Ah cette autre rive, meilleure que l'autre, celle qu'on quitte, peut-être ? En est-on vraiment sûr ?
Si ce n'est le cas, on peut repartir, rentrer au bercail, retourner d'où on vient, après tout ce n'est pas si compliqué
Il suffit de passer le pont
Encore !
Il relie, bascule, se relève, se soulève...
Simple tronc d'arbres ou architecture compliquée il fait face, il permet, il offre le passage, la traversée, plus besoin du passeur et de sa barque, encore que...
Traverser, travers, vers, vers quoi ? un autre, un autre côté...
Il suffit donc de passer le pont.
Pour voir, découvrir et explorer
Partir revenir, raconter, dire, la belle histoire de l'autre côté, l'impossible rencontre de l'autre côté,

Repasser le pont à condition que;..
Ce soit encore possibile, que le pont soit encore là... Qu'il ne soit pas une illusion
Fragile édifice, menu brindille qui peut s'effondrer, que les hommes se disputent, se gagnent, comme un territoire, ultime entrée, pont levis abaissé.. Pour l'assaut final !

Ouverture, sur la mémoire celle de l'oubli qu'on ne peut refermer, qu'on voudrait bien, mais qui jaillit au moment le plus innatendu et qui comme la rivière innonde ce qu'on avait élaboré avec tant de mal...
Pont sur la souffrance, la douleur.. Pour passer outre ! Et...
Il faut tout recommencer... Fragile édifice que ça, qui ne tient pas et qui s'écroule faute de béquilles suffisamment solides, suffisamment bonnes, comme cet amour là, qui a peut-être manqué, parce que de pont il n'y avait pas !
Ah le pont, mince lien qui noue...Qui se dénoue, qui ne tient pas ! Ou trop, ou pas comme il faut ?

Faire chacun un bout du chemin pour se retrouver au milieu de ce pont, sorte de check point où l'on échange les prisonniers de la mémoire cachée, tue pendant des années, ou on troque tant bien que mal la souffrance pour un lendemain qui devrait chanter. Ou qu'on s'efforce de faire chanter..

Si faux,

S'il faut puisqu'il le faut, pour tenir, pour tenir le pont, encore et encore !
Au risque de sa vie ! Tenir, ne pas lacher, ne pas laisser passer l'ennemi, ne pas le laisser passer à l'ennemi, passe, encore, passage, la passe..
Qui ravirait, rapterait...
Oubli !
Franchir ce pont là, pour qu'il nous emmène une fois pour toute fouler cette terre inconnue, inexplorée, convoité, révée et fantasmée, désirée au plus profond de soi. A jamais, à toujours, pour l'éternité..

Franchir ce pont là
Partir à la quête, l'innaccessible quête, celle de toute une vie, celle qui n'en finit pas, car on passe et on passe, on repasse, on dépasse, et on trépasse

Il ne suffit plus de passer le pont

Qu'est ce que ce pont ? Qu'est le pont ?
Métaphore d'un autre, de l'Autre, d'un soi même étranger, pas connu, mé connu, dont on est coupé, dont on s'est coupé ?
Ce je qui est un autre, et qu'on ne connait pas, cet étrange là, tapi au fond de soi,et qui nous terrifie, le jour la nuit et qu'on ne comprend pas, cet autre je de l'autre côté du miroir, du pont infranchissable qui sépare le jour de la nuit. Qui ne peut les réunir jamais, comme si....
Le pont
La fille sur le pont qui n'en peut plus d'en finir, et qui n'en finit pas, pas tout de suite
Le pont ! on passerait bien, on sauterait bien
Un pont trop loin !

lundi 21 décembre 2009

Identités ? Nations ?

Le sous titre pourrait être un essai de définition ?

Est-ce raisonnablement possible ?
Est-ce possiblement raisonnable ?
Est-ce raisonnable tout simplement ?

L'article précédent sur les identités a suscité questions et réflexions. Preuves que cette question nous tient à coeur, et que nous avons à coeur d'y mettre du sens, du sens et du sentiment.. C'est bien là que ça coince ...
Emotion, émotionnel, presque épidermique...

Pourquoi ?
Je m'écarterai volontairement du débat et du battage médiatique qui je le crains ne pose pas de questions véritables et constructives.
L'identité est au coeur du sujet. Savoir qui on est, qui on voudrait être, ne pas être, qui est l'autre ?

L'un n'est pas l'autre, c'est justement ça l'identité, c'est ce quelque chose qui fait que le sujet est singulier, n'est pas identique !
Paradoxe, double lien ? dubble bind ? Discours qui conduit directement à la folie ? Ou à la schizophrènie selon cette théorie si bien développée par Bateson : "Je te donne l'ordre de désobéir.. Sinon !"
On peut se le demander si on s'attarde un peu...

Identité c'est être" pareil", même, l'éthymologie du mot ne peut être plus précise," l'identitas" du bas latin ou "l'idem" du latin classique désigne bien, tout d'abord le caractère de ce qui est permanent, puis le caractère de deux objets identiques...Ou reconnus comme tel.
Alors ? Tous pareils ?
Mais non, puisque l'identité du sujet sert justement à le différencier d'un autre sujet.. Pour l'Autre !

La carte d'identité mentionnant le nom, le prénom, la date de naissance, le nom des parents, la taille, les signes particuliers, pour prouver que l'un n'est pas l'autre. Que l'autre n'est pas l'un !

Où est donc l'identité dans tout ça ? Puisque justement elle pointe le quelque chose d'autre ?

Allez savoir ? Ou plutôt ne vous perdez pas dans tous ces méandres là, qui ne servent qu'à embrouiller le sujet qui a déjà fort à faire pour savoir qui il est ! Son identité en quelque sorte !
Son je, qui pourtant parfois, souvent est un autre....

Vos papiers ? Si vous en étes dépourvus. Ca risque d'aller mal pour vous, car chacun doit pouvoir être identifié...
Nous y voila.. Ah le piège !
Identité, identifier, identification, identificatoire.. A y perdre son latin !
C'est que le substantif est malin, selon qu'on l'emploi avec le" s" ou sans le" s". A ce fameux S pas celui du pluriel, l'autre, encore un autre. Mais que ferions nous sans l'autre ?
Ainsi le nu, le sans, au sens transitif... Correspondant au verbe identifier, l'action de, donc de reconnaitre l'identique
Et le avec, le réflèchi, s'idenfier à....

Pour la psychanalyste que je suis, qui aime jouer avec les mots, leurs acceptions multiples je dirai presque que c'est jubliatoire !

Identifier quelque chose, c'est le reconnaitre, dire c'est lui, c'est pas lui, il ressemble à..

Mais s''identifier.. C'est là que ça devient passionnant

Freud, notre Père "à tous", fort contesté cependant par ses turbulents épigones, a retenu les deux acceptions, mais a compris car, brillant et génial était le Père, qu'il fallait entendre s'identifier au delà de "imiter, faire comme, etc.."
Il en a fait à juste titre un mécanisme psychologique fondamental, pour lui, il s'agit bien de l'opération par laquelle le sujet se constitue...Ce n'est pas une simple imitation "mais une appropriation fondée sur la prétention à une étiologie commune : Un tout comme si"

Vous allez me dire qu'on s'égare non... identité, identification, C et F ne s'y sont pas trompés, ils ont très vite fait le lien.Touchés le point de capiton, heurtés le roc.... Pertinents, qu'ils en soient remerciés...
Identificatoire... Nous y voilà, je l'attendais, car non négligeable loin de là !

Je me contenterai de vous citer Pontalis, personne n'a fait mieux...
"Processus psychologique par lequel un sujet assimile un aspect, une propriété, un attribut de l'autre, et se transforme, totalement ou partiellement, sur le modèle de celui ci. La personnalité se constitue et se différencie par une série d'identifications."

Interressant ? Le poids des mots....

Maintenant, arrétons nous sur nation..Car c'est quand même bien l'adjectif qui en découle, qui fait couler de l'encre... Qui ancre la discussion !

Encore un peu d'éthymologie, aller chercher la racine du mot, c'est partir à la quête de son identité...
Nation d'où viens-tu ? Quelles sont tes origines ?
Du latin natio, naissance, natus, extraction...Le "Von" allemand, le "from" anglais.. Issu de ...

Puis nation revêt (tiens comme c'est étrange) plusieurs acceptions, a évolué au cours de l'histoire.
La communauté d'hommes ayant conscience d'être unis par une identité historique, culturelle, linguistique, religieuse devient une entité politique, concept né de la constitution des grands états, avec les frontières, des territoires propres (limites, limes)
Les critéres cultures, histoires langues ne suffisent plus.....Ils ne peuvent constituer à eux seuls une nation, s'y ajoute un système de valeurs, une sorte de contrat social implicite (et c'est là que le bât blesse peut-être ) entre les membres de la nation : l'appartenance sociale.

Entre temps la Révolution parle de citoyens pour dénommer les sujets de cette nouvelle "nation" érigée dans un bain de sang et dans l'assassinat d'un monarche et de sa famille....
Bienvenue !

Identité juridique, identité individuelle (oh le beau pléonasme !) identité du sujet, identité sociale....

Et maintenant, identité nationale.. cela fait l'effet d'un brûlot !
On mentionne surtout : Le sentiment d'ientité nationale...

Sentiment encore ! Ressenti, ce que chacun ressent envers... La nation donc ?
Comment il se ressent ou ressent son identité face à la nation ?
Son "je" ... En quelque sorte...
Sentiment, ressenti, émotion... A chacun de voir ! C'est tellement simple ça !
A chacun donc de mouiller sa chemise, de se mouiller, de se jeter dans ce vaste océan d'incertitudes et de suppositions au risque de se noyer. On perd vite pied !On en ressort (au mieux) tout nu !

Car nous voila plongés dans l"habitus social, les répères identitaires, références communes....Des références véhiculés par la famille, l'école, les médias et cela depuis l'enfance. De quoi s'interroger sur la liberté, le libre arbirtre, la libre pensée.
La pensée de l'identité. Les trans-missions.. Cadeaux le plus souvent empoisonnés, fardeaux trop lourds à porter ou réparer. Impossibilité souvent d'être ou de devenir Je qui alors est plus qu'un autre, mais les autres. Ceux de...
Allez donc faire avec ça !

Identité, identification, processus identificatoire.... Nation...Identité nation...Ale

Et arrive, enfin, au bout de la langue, au bout de cette longue trajectoire le mot, et le mot seul : Patrie
Je lui préfère de loin le doux nom "d'Heimat !" (pour cause d'identité sans doute...)
Patrie....
La terre des pères, Père ? Père ! Nom du père ! Terre du Pére
Encore faut-il qu'il soit là, qu'il y ait un père, mais c'est un autre débat.. Bien que, l'histoire repose peut-être la dessus, sur le non du Père... Alors ?
Paternelle ?
L'origine... Mais de qui ? De quoi ?
Au nom du père ? Au non du père ? Au nom de non ? Au non de nom ?

A vous de voir.....? Ou d'esayer de voir, d'assembler, d'associer...
A vous de voir donc l'impossible possible...Voir !

Publié sur la page facebook par BD,

mercredi 16 décembre 2009

Identités ?

Vaste sujet que l'identité...

Quand on y ajoute : Nationale...?

Cela devient un sujet actuel et brulant... Actualité brulante, comme souvent, parce que ça touche là où ça peut non seulement faire mal, mais surtout là où ça fait peur dans une société, un monde qui n'en finit pas de panser ces plaies sans même les penser,vraiment, qui n'en finit pas avec ses fantômes, ses spectres enfouis dans les mémoires, même s'il veut faire de celles ci un Devoir !

Actualité ?

Un Ami très cher me demandait si je pouvais lui dire ce qu'identité nationale signifiait pour moi...
Impossible de lui répondre, je n'en sais rien à vrai dire !

L'identité, la quête du sujet... Savoir qui il est, qui suis-je ? Mais la définir...C'est déjà une question fort complexe, même et surtout pour la psychanayste que je suis. L'identité étant au coeur du Sujet !
Mais y ajouter cet adjectif alors là, je suis un peu perdue, même si la psychanalyste ni le sujet, ne sont pas dupes..

Qu'est l'identité d'abord ?
Et la nation...?

C'est bien difficile pour un sujet bercé par plusieurs cultures et plusieurs langues de se définir dans une seule. Bien complexe mais surtout bien réducteur
C'est bien compliqué pour un sujet vivant dans une campagne où l'étranger est celui qui n'est pas "natif"..C'est bien difficile dans ces conditions là, de définir "l'identité nationale"

Je ne comprends pas bien la question, encore moins le débat, à vrai dire peut-être parce que jamais celle ci ne m'a effleurée.
En exil perpétuel de quelque chose, nous le sommes tous, parfois malheureusement de nous même...
A la recherche d'une place, au sein de sa famille, de ses pairs, de la société...Nous le sommes tous aussi, certains y parviennent mlieux que d'autes, qui n'y arrivent pas !
La souffrance n'a pas de frontières, de langues, de couleurs, de religions....
La douleur non plus...
Avoir mal se dit dans toutes les langues, et sans parole...Nul besoin de mots, pour faire savoir ça à l'autre s'il est prêt à l'entendre
Alors l'identité nationale c'est quoi ? Se sentir d'ici, et pas d'ailleurs ? De quelque part et pas de nulle part ?
Mais c'est quoi au juste ce "quelque part" dont on doit se sentir ? Ce quelque part d'où on se doit d'être et aussi d'avoir ?

La bétise et la peur.. Couple infernal que celui là, l'un alimentant l'autre, l'un est l'autre, et que ferait l'un sans l'autre ? Ces "je t'aime moi non plus" ?
Une sorte de vieux couple, où s'est sournoisement, mais durablement infiltrée une vieille maitresse, la méchanceté qui invite parfois sa cousine pas si lointaine la haine.
C'est de cette relation là dont il est question. Le couple qui invite un ou plusieurs tiers.. Et il se passe des choses dans ce trio là, dans ce triangle là, une relation plus ou moins perverse, plus que moins quand même, cela dépend de qui prend le dessus. Mais une relation toxique...

C'est aisé d'instrumentaliser, d'user et brandir des vieux démons qui font toujours recette pour raviver la crainte, et le rejet de l'autre, différent. Mais différent de quoi, par quoi ?
Au nom de quoi ? Au nom de qui ?
Qui décide ça ? De ça ? Et pourquoi ?

Cette bétise là, je l'ai rencontrée enfant.. Où j'ai essuyé injures et insultes, humiliations aussi, parce que "je n'étais pas d'ici". Moi, je ne le savais pas. J'ai alors appris ce qu'était la bétise. Ma grand tante disait que c'était la pire des infirmités. Que nulle science ne parviendrait à en venir à bout !

Délit de faciés, de nom, de couleur, de peau, de cheveux, d'accent..
Identité nationale ? Alors ?
Pour ma part, je me sens d'ici, de partout, de nulle part... En exil...Ce "nulle part", il faut le lire dans les yeux de ceux qui arrivent.. Pour trouver un peu de paix dans un ailleurs qu'ils croient meilleur ! Mais qui au fond de leur âme gardent ce quelque chose de chez eux. Cette peine indicible... Nostalgie ?
L'Heimatsprache ?

C'est peut-être diviser au lieu d'unifier.. Autour d'une question qui n'appelle sûrement pas de réponses, ou d'étranges réponses...
Qui sait ?

Cet article a été publié par BD sur la page Facebook analyse et thérapies aujourd'hui et a donné lieu à un interressant débat.

mardi 1 décembre 2009

Le non du père

Ce non là qui ne transmet pas le nom...
Ce non, là, qui arrête tout net, brutalement, la transmission
Non, pas de nom...
Pas de nom du père car le père a dit non.
Ainsi en est-il de ces enfants là, qui grandissent, sans le nom du père... Sans le nom, de celui qui malgré tout reste le père. Est le père.

De nom parfois ils n'ont pas, parfois on les affublent de celui du saint du jour, de la rue où on les trouvé, du prénom à la mode alors, au gré de l'employé qui leur donnera un numéro...
On les dit alors "de père inconnu", mais connu de la mère, peut-être, sûrement, mais pas connu de l'autre, de l'Autre...
Pas de nom du père alors, laissé, resté là, car du père on ne sait rien, on ne sait et on n'en saura jamais rien, peut-être, sûrement...
Parfois le nom de la mère... Ultime cadeau, le seul, l'unique.. Si elle l'a laissé, en même temps que son enfant...Une sorte de signe, à défaut de signature. Laissant une trace, la sienne ? Ou laquelle ?
Celle d'un nom à elle, le sien, celui de son père... Le nom du père. Le nom d'un père.
Alors l'enfant porte le nom du père, mais d'un père qui n'est pas le sien, mais celui de sa mère ?
Quelle place alors sur l'échiquier familial ?
Non du père ?
Nom du père de la mère ? C'est à n'y rien comprendre. Transmission et transgression interdite, inconsciente et symbolique, de ce nom là, du nom de celui qui ne peut pas, en aucun cas... donner...

Ne peut pas être le Père ! Le père de cet enfant là.

Que faire de ce nom là... Le transmettre ensuite.... Et ainsi de suite
Et ainsi va le nom de la mère

La mère nourricière, parfois pas, la mère porteuse, parfois oui, simplement ça, seulement ça, mais c'est toujours ça....
Ainsi va le nom de la mère qui germe et construit, tente laborieusement de construire, de poursuivre une lignée....

Mais il manque quelque chose, quelque chose ne va pas...

Fragile édifice que ce chateau de cartes bancal... Qui menace de s'effondrer au moindre coup de vent, la moindre intempérie.

Bancal, ne tient pas droit, il manque un appui, fragile lignée qui s'en va au gré de...

Il y a un vide, celui du nom du père, à cause de ce non là. Plus on construit, plus il avance et plus c'est fragile. Ca peut s'effondrer d'un instant à l'autre... Longtemps après.. sans que celui sur qui ça tombe ne sache vraiment pourquoi
Innocente victime de ce non là !
Ca tombe et il tombe. Il aimerait bien savoir pourquoi ?
La faille est là. Repérable à un endroit précis; Impossible à colmater. A cacher peut-être... Maladroitement, à taire, mais combien de temps ?


Je suis bien le fils du père, la fille du père. Je porte le nom du père, mais de quel père ? Au juste ?
"Et ce n'est pas juste, juste, car le nom que je porte n'est pas le nom de mon père à moi, mais celui de ma mère, et c'est celui de son père à elle ! Je n'y comprends plus rien, car de ça, ca ne se peut pas..."
Pourtant ainsi soit-il de ces enfants là.
Nom de la mère au mieux, au pire peut-être.
Se raccrochant à une branche de l'arbre, sans possible appui sur l'autre branche de celle ci. Il ne s'agit pas alors du même, mais d'un autre, un autre arbre, non nommé, non su, non dit. Secret que cet arbre là, qui se dissimule dans l'épaisse forêt. Obscure crypte d'où s'échappe un beau jours tous les fantômes qui n'en peuvent plus de se tenir là.
Terribles que ces spectres là qui vous dévisagent et vous dévorent, disent et redisent, assénent en choeur qu'il manque quelque chose pour que ça tienne debout tout seul !
Que ça tienne ! Que ce foutu bricolage s'en va de partout, que le rafistolage qui a permis de tenir jusque là, s'éffiloche et se troue .
Troué, à force d'être ravaudée... La toile qui s'est tissée, ne tient plus,la trame pas suffisamment solide est au bout. A bout
Bout de force, bout de ficelle, bout de tout;...
Non, de non, ce foutu nom du père.
Au nom du fils !
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Ce blog relate des bribes, des vies en respectant l'anonymat, ce l'éthique et la déontologie de ma fonction
Les événements, initiales, lieux, histoires... sont modifiés.

Il s'agit d'illustrer des situations, un concept, une problématique, un questionnement donnant lieu à une réflexion.
Ainsi toute ressemblance, similitude serait donc purement fortuite.

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